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Facebook « nuit aux gens à grande échelle » : un ingénieur témoigne et quitte la firme avec fracas

Max Wang, comme de nombreux employés de Facebook, s’est opposé frontalement à la direction du réseau social. Dans une vidéo, il explique les raisons de son départ – le réseau social en prend pour son grade. 

« Je pense que Facebook nuit aux gens à grande échelle », estime Max Wang, un employé qui a quitté Facebook après sept années de service, dans une vidéo qui justifie son départ. Après l’avoir d’abord diffusée en interne le 1er juillet, l’ingénieur a décidé de la poster sur YouTube, à la manière d’un lanceur d’alerte. 

Pendant dix-neuf minutes, l’ex-ingénieur logiciel étale les conflits en interne qui se sont intensifiés depuis le meurtre de George Floyd et les vagues de protestations comme de départs qui ont suivi le Tweet de Donald Trump appelant à des représailles contre les manifestants à Minneapolis. Le 1er juin, de nombreux employés s’étaient virtuellement mis en grève. Un mois plus tard, Max Wang démissionnait.  

« Nous avons inscrit cet échec dans nos politiques »

« Nous avons échoué », tranche l’ingénieur, fustigeant l’attitude des dirigeants de Facebook courbant l’échine devant le pouvoir (le président des États-Unis) sans se préoccuper du monde réel (les manifestants et leurs revendications). « Pire encore, nous avons inscrit cet échec dans nos politiques. »

« Trahir la confiance »

L’amertume de Max Wang n’est que la partie immergée de l’iceberg. Il n’est pas le premier a alerté sur la crise de confiance que traverse l’entreprise. Le 26 juin, un autre ingénieur de Facebook, Dan Abramov, postait en interne :

« Je ne peux pas m’empêcher de penser que les dirigeants de l’entreprise ont trahi la confiance que mes collègues et moi-même leur avons accordée. »

Dans une longue enquête, Buzzfeed News a compilé la parole de plusieurs employés (actuellement en poste ou récemment partis) qui témoignent, eux-aussi, en ce sens. Des documents qu’a pu consulter le site d’information démontrent que le réseau social a tardé à supprimer des publicités composées de contenu nationaliste blanc et nazi – alimentant la polémique à l’origine du boycott de grandes marques derrière le #StopHateForProfit contre Facebook.

Un effet néfaste sur les prochaines élections

Racisme, contradictions entre l’image publique de l’entreprise et les messages diffusés en interne, intimidation des employés, Facebook cumule. Mais, les conséquences économiques et sociales pourraient largement dépasser le cadre de l’entreprise.
Interrogée par BuzzfeedYaël Eisenstat, l’ancienne responsable de l’intégrité des publicités électorales du réseau social, a confirmé que les préoccupations des employés reflétaient son expérience au sein de l’entreprise, qui, selon elle, est sur une voie dangereuse à l’approche des élections.

« Toutes ces mesures mènent à une situation où, en novembre, une partie des utilisateurs de Facebook ne feront pas confiance au résultat des élections parce qu’ils ont été bombardés de messages sur Facebook les préparant à ne pas lui faire confiance », a-t-elle déclaré.

La possibilité de faire de la publicité politique sur le réseau social est un sujet épineux pour Facebook – aux antipodes de la position de Twitter. 

« Facebook n’est pas neutre »

Selon les employés, tout cela est permis par la sacro-sainte liberté d’expression défendue, bec et ongles, par Facebook. Mark Zuckerberg défend le statu-quo et la non-intervention dans le filtrage des contenus, assurant que cela permet une plus grande liberté. Or, les employés en colère démontent ce discours de façade. 

« En tant qu’employés, nous ne pouvons pas nous permettre cette illusion », résume l’ingénieur Dan Abramov. « Facebook n’est pas neutre. Il n’y a rien de neutre à rapprocher les gens. C’est littéralement le contraire du statu-quo. »

Source : Buzzfeed News et The Verge 

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Marion SIMON-RAINAUD