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Et si la 5G n’était pas déployée partout en France ?

Le flou règne encore sur la façon dont seront attribuées les fréquences de cette nouvelle technologie. Les opérateurs pourraient même être dispensés pour la première fois d’obligation de couverture.  

Le gouvernement a présenté ce lundi 16 juillet sa feuille de route pour la 5G. Outre le calendrier qui a été précisé, plusieurs chantiers sont lancés pour examiner, par exemple, l’opportunité du partage de réseaux de petites antennes ou l’exposition du public aux ondes. Mais le gros morceau qui se profile sera l’attribution des fréquences prévue pour 2020. Avec des conséquences non négligeables pour la couverture mobile des Français.

https://twitter.com/_Bercy_/status/1018843580318744577

Lors du lancement des précédents standards de téléphonie mobile, le schéma était simple : trois ou quatre opérateurs mobiles nationaux se portaient candidats lors de juteuses enchères au bénéfice de l’Etat et écopaient en sus d’obligations strictes de couverture nationale. Les choses vont changer avec la 5G. Et personne ne sait à l’heure actuelle quelles seront les contreparties imposées en échange des fréquences.

Vers un découpage géographique des fréquences ?

La 5G ne va pas consister seulement à apporter des performances accrues au grand public mais également de nouveaux services aux entreprises. Le guichet lancé au mois de janvier dernier pour autoriser des expérimentations sur des sites pilotes a été ouvert pour la première fois à tous types d’acteurs industriels et non pas seulement des opérateurs télécoms. L’enjeu est d’accumuler avant la fin de cette année un maximum de cas d’usages dans des usines, des ports ou encore des hôpitaux connectés. Et d’ouvrir la porte à des secteurs comme l’énergie, les transports et l’automobile. Lorsque ces nouveaux venus arriveront au stade du déploiement et voudront acquérir des fréquences, leurs besoins seront très localisés. Impossible dans ces conditions de les contraindre à couvrir tout le territoire. Face à cette situation inédite, le gouvernement hésite aussi à imposer des obligations de couverture aux gros opérateurs nationaux.

Le président de l'Arcep Sébastien Soriano, la secrétaire d'Etat de l'Economie et des Finances Delphine Gény-Stephann et le secrétaire d'Etat chargé du Numérique Mounir Mahjoubi lors de la présentation de la feuille de route 5G de la France ce lundi 16 juillet à Bercy.
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« Faudra-t-il procéder à un découpage géographique des fréquences ? Pourra-t-on continuer à imposer des obligations de couverture ? », s’interrogeait le mois dernier le président de l’Arcep Sébastien Soriano lors d’une conférence sur la 5G à l’Ecole d’ingénieurs du numérique. « Pour répondre à ces questions, nous avons besoin d’abord d’expérimenter des cas d’usage », avait-il ajouté. Même son de cloche aujourd’hui à l’issue de la conférence présentant la feuille de route de la France sur la 5G. Lorsque l’on interroge le secrétaire d’Etat au numérique Mounir Majhoubi, il trouve le sujet prématuré. « Il faut expérimenter, connaître les business models, savoir quels seront les candidats aux fréquences et se concerter avec eux avant toute chose. Même la Corée du Sud, qui est très en avance sur la 5G se pose ces questions », nous répond-il. « C’est en fonction des besoins que l’on pourra déterminer les obligations associées aux autorisations. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elles ne ressembleront pas à celles qui ont prévalu pour la 2G ou à la 3G », prévient-il encore, laissant planer le doute sur la tenue d’enchères.

Le risque d’une 5G à deux vitesses

Pour le moment, les objectifs du gouvernement sont très modestes. Il ne parle que de déployer la 5G dans au moins une grande ville d’ici 2020 et de couvrir les principaux axes de transport d’ici 2025. Le risque d’une nouvelle fracture numérique territoriale existe donc. Car les opérateurs n’auront pas intérêt à déployer rapidement leurs nouvelles antennes mobiles dispendieuses dans des zones rurales peu rentables. Le problème, c’est qu’en plus de se voir comme d’habitude priver d’une expérience utilisateur optimale, les habitants de ces territoires se trouveront exclus d’un certain nombre de nouvelles applications, à commencer par la voiture autonome.

Un autre scénario pourrait se profiler : un déploiement à deux vitesses avec une 5G des villes et une 5G des champs. Les ondes millimétriques et la nouvelle bande des 26 GHz qui promettent le plus de débit pourraient être réservées aux gros centres urbains, d’après les propos que nous avons recueillis auprès de différents opérateurs. Quant à la bande des 3,5 GHz, elle ferait l’objet d’une obligation de couverture nationale sur le long terme. Avec la possibilité, entre-temps, de ré-allouer à la 5G les bandes 700 et 1800 MHz aujourd’hui dédiées à la 4G comme l’Arcep le propose déjà. Dans le cas optimiste où la 5G ferait l’objet d’un vrai déploiement national, ce dernier pourrait de toutes façons s’étaler sur une dizaine d’années. Ce qui nous mènerait en … 2030 avant que certains Français puissent enfin en bénéficier. Une éternité !

La carte des expérimentations 5G en France.
L’Arcep

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Amélie Charnay