Passer au contenu

Emmaüs offre un domicile virtuel aux sans-logis

L’association humanitaire ouvre un espace numérique pour permettre aux plus démunis d’accéder au Web. Un premier pas vers une réinsertion sociale.

L’Agora d’Emmaüs, située dans le quartier du Châtelet à Paris, héberge depuis le 3 novembre le premier Cyberespace, mis en place par
l’association humanitaire, avec le soutien financier de Microsoft France. Grâce à cette structure, les personnes en grande précarité (sans-papiers, sans-logis, demandeurs d’asile, allocataires du
RMI) devraient pouvoir accéder plus facilement aux nouvelles technologies.Une initiative originale, car les projets de cette importance dans le monde de l’humanitaire ne sont pas vraiment légion. ‘ Il existe des projets, note Ricardo Parilla, l’un des responsables du
Cyberespace. Sur Paris, nous savons, par exemple, qu’il existe une association qui loue des ordinateurs aux personnes précarisées moyennant 30 euros par an. Mais il me semble que le Cyberespace est une des premières initiatives
marquantes sur ce sujet. ‘
Au programme : de la formation et, pour les initiés, un accès direct et gratuit à Internet.‘ Les cours sont assurés par une équipe de quatre bénévoles, commente Ricardo Parilla. Et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, car aujourd’hui la demande dépasse
l’offre. ‘
Depuis l’ouverture au public du Cyberespace, près de 140 personnes se sont en effet inscrites au programme. Une population composée d’habitués de l’Agora, mais aussi de personnes ré-orientées vers le
Cyberespace par les services d’assistance sociale. ‘ Dans un premier temps, nous organisons des sessions de formation de deux heures trente, poursuit Ricardo Parrilla, mais nous sommes en train de mettre
en place des petites formations modulaires autour de thèmes fédérateurs. Une initiation à l’informatique. Comment utiliser Windows ? Se servir d’un traitement de texte. Accéder à Internet. ‘
Aujourd’hui, chaque nouvel
arrivant passe une petite évaluation, qui peut déboucher, le cas échéant, sur une formation de 24 heures, dispensée sur deux mois.

Ecrire un CV, lancer des démarches administratives ou écouter de la musique

‘ Cela permet de resocialiser les gens ‘, explique Michel Bonnet, bénévole sur le projet. ‘ Le Cyberespace, peut aussi être vu comme un lieu de valorisation, un
espace où l’on appelle enfin les gens par leur prénom. Par ailleurs, nous avons un objectif principal : rendre les participants autonomes le plus rapidement possible, pour qu’ils puissent utiliser le self-service
[l’accès direct à
Internet, NDLR] ‘.A ce stade, la petite salle qui abrite le Cyberespace dispose de neuf ordinateurs, d’un vidéo-projecteur pour la formation, et de plusieurs webcams pour faire de la vidéoconférence. Mais, dans une seconde phase, le Cyberespace devrait
accueillir trois ou quatre bornes d’accès à Internet.Pourquoi vient-on au Cyberespace ? Les besoins sont aussi divers que le profil des utilisateurs. ‘ Certaines personnes viennent faire des CV, consulter des offres d’emploi, lancer des démarches
administratives. D’autres, les demandeurs d’asile en particulier, viennent nous voir pour visiter les sites de leur pays, renouer des liens (par webcams interposées) avec des proches, ou simplement écouter de la musique
, ajoute Michel
Bonnet. Mais tous ont la possibilité de se créer une domiciliation virtuelle, en ouvrant une boîte à lettres électronique ou, pour les plus férus, d’ouvrir un site Internet où ils peuvent stocker leur document. ‘Début 2004, quatre autres sites devraient voir le jour. Tous équipés, installés et mis en réseau à l’image du Cyberespace de l’Agora.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Crouzillacq