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Elon Musk va-t-il vraiment racheter Twitter ?

L’homme d’affaires a semé le trouble, en fin de semaine dernière, en annonçant suspendre l’accord pour acquérir la plate-forme. Un revirement qui pourrait n’être qu’un simple coup de bluff. 

(Mise à jour du 17 mai)

La polémique engagée par Elon Musk avec la direction de Twitter sur les faux comptes et spams connaît de nouveaux rebondissements. Le patron de la plate-forme Parag Agrawal a publié hier des détails sur ses méthodes pour lutter contre ce phénomène, histoire de faire taire les suspicions lancées par l’homme d’affaires. Rappelons que cette controverse a servi de motif à l’homme d’affaires pour suspendre le rachat du réseau social.

Mais la communication de la direction de Twitter n’a évidemment pas calmé Musk. Il a commencé par répondre au thread d’Agrawal par un emoji caca qui sourit.

Elon Musk exige des preuves

Il prétend même maintenant qu’il y aurait entre 20% à 25% de faux comptes au moins, et non pas moins de 5%, comme ce qui est avancé officiellement par Twitter. Il accuse également Agrawal de ne pas fournir de preuve pour étayer ce chiffre. «Cet accord ne peut pas avancer tant qu’il ne le fait pas», tance Elon Musk. Rappelons que les deux parties se sont entendues pour un prix de vente à 44 milliards de dollars.

Elon Musk a tenu les mêmes propos lors d’une conférence qui s’est tenue un peu avant à Miami d’après Bloomberg. Il a même été précisé qu’une baisse du prix d’achat de Twitter se justifierait dans ces conditions. La controverse au sujet des faux comptes apparaît donc de plus en plus comme une occasion bénie pour Elon Musk de renégocier le tarif de Twitter, voire d’abandonner son rachat.  

(Première version de l’article le 16 mai)

Ce vendredi 13 mai, Elon Musk a pris tout le monde de cours en déclarant que « l’acquisition de Twitter était suspendue dans l’attente de détails sur le fait que les spams et les faux comptes représentent effectivement moins de 5% du nombre d’utilisateurs ».

Même en assurant peu après, toujours par le biais d’un tweet, que le rachat était toujours d’actualité, le mal était fait. Il a instillé le doute et l’affaire semble désormais pouvoir capoter. Certains pourront penser que c’est le faux pas d’une personnalité incontrôlable qui a publié trop vite ses interrogations en ligne. Mais de nombreux éléments tendent à s’interroger sur la sincérité et la spontanéité de ce comportement.

Un timing étonnant

Il n’a pas écrit qu’il se posait des questions sur le nombre de faux comptes, mais bien qu’il interrompait le deal. Il savait forcément que cela allait provoquer un coup de tonnerre. 

De plus, cela survient au moment où on pensait l’affaire enfin réglée. Le conseil d’administration avait fini par céder à la proposition d’Elon Musk de rafler Twitter pour 44 milliards de dollars. Et l’homme d’affaires paraissait avoir bouclé son plan de financement.

Ensuite, Elon Musk ne pouvait découvrir seulement maintenant ce chiffre de 5 % annoncé début mai par la société lors de la publication de ses résultats financiers trimestriels. Elle avait alors revendiqué 229 millions d’utilisateurs quotidiens monétisables.

Difficile de se désengager

La déclaration faite ce 13 mai est survenue juste avant l’ouverture de Wall Street. Dans la foulée, l’action a plongé logiquement de 25 % pour finir en baisse de 9,7%. Relançant les spéculations sur l’avenir de Twitter, ce retournement va continuer à bouleverser son cours de bourse dans les jours qui viennent, tant que la situation ne sera pas éclaircie.

Comme le rapport le New-York Times, des rumeurs voudraient qu’Elon Musk cherche à se retirer de l’accord parce que les actions de Tesla ont chuté. Or, elles représentent la majeure partie de la fortune personnelle du dirigeant. Toutefois, cette hypothèse est à prendre avec précaution.

Il a signé un engagement et ne pourrait se désister sans y perdre des plumes. Il y aurait d’abord des frais de rupture à hauteur d’un milliard de dollars. Mais, en plus, Twitter pourrait le poursuivre en justice pour le forcer à payer, toujours d’après le New-York Times. À moins qu’il puisse prouver que Twitter a menti délibérément sur le nombre de faux comptes.

Cherche-t-il seulement à mettre un coup de pression ?

Elon Musk pourrait aussi tout simplement avoir cherché à mettre la pression sur le conseil d’administration pour diverses raisons. La première étant une éventuelle renégociation du prix d’achat. Mais là encore, la partie ne serait pas gagnée, car cela devrait passer devant le juge.

La seule chose dont on soit certain, c’est qu’il a l’habitude de manipuler la bourse via ses messages sur Twitter. Il fait grimper ou dévisser Tesla, les cryptomonnaies Bitcoin et Dogecoin suivant ses intérêts. Suivi par plus 93 millions de personnes sur le réseau social, il bénéficie d’une influence considérable. Et il en a parfaitement conscience. 

D’ailleurs, le gendarme des marchés financiers américains, la SEC, enquête justement sur la façon dont il est monté au capital de Twitter. Il aurait déclaré trop tardivement le fait qu’il avait dépassé les 5 % d’actions. Ce qui lui aurait permis d’amasser des titres avant que le cours de la société ne s’envole.

A découvrir aussi en vidéo :

 

A-t-il commis une infraction ?

La direction de Twitter n’est pas restée passive depuis l’annonce d’Elon Musk. Ce dernier a révélé lui-même que le service juridique l’avait accusé d’avoir enfreint les termes de l’accord de non-divulgation (NDA). Il lui est en effet reproché d’avoir révélé la taille de l’échantillon utilisée par l’entreprise pour vérifier les faux comptes.

Il avait effectivement annoncé que son équipe allait constituer son propre échantillon aléatoire de 100 comptes, comme le fait déjà Twitter.

Devant toute cette agitation, l’actuel patron de Twitter tente de rester stoïque. « Nous devons être préparés à tous les scénarios », a déclaré Parag Agrawal.

Sources : The New-York Times, Les Echos

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Par : Opera

Amélie CHARNAY