Passer au contenu

Dominique Cerruti, directeur général pour l’Europe de l’Ouest d’IBM Global Services : “Tout ce qui touche à la réduction des coûts constitue une priorité”

Malgré la révision à la baisse de ses prévisions pour le marché français, IBM Global Services, sûr de son modèle, attend le rebond pour 2002.

Quel bilan tirez-vous de l’activité des services informatiques cette année et comment analysez-vous son évolution pour les douze mois à venir ? Le marché a subi cette année l’influence de trois événements majeurs : une transformation rapide de l’industrie des technologies de l’information, la dégradation de la situation économique aux États-Unis et en Europe et les événements du 11 septembre qui vont marquer de manière durable les comportements de nos clients. En France, le Syntec Informatique [chambre syndicale des SSII et éditeurs de logiciels, ndlr] estime que le secteur va croître de 13,5 % en 2001. C’est aussi notre opinion. Quels paramètres modèrent cette croissance ? Nous estimons aujourd’hui que la part de projets moyens ou importants annulés par nos clients s’élève respectivement à 5 et 7 %. La proportion de ceux qui pourraient être retardés atteint respectivement 23 et 25 %. L’impact peut être significatif dans le temps mais ce n’est pas catastrophique. Le scénario économique le plus probable, auquel adhèrent 70 % des experts, fait état de quelques trimestres difficiles et d’un rebond probable pour la fin 2002. Nous misons sur ce scénario. Comment expliquez-vous la relative imperméabilité d’IGS aux remous du marché ? Elle repose tout d’abord sur notre portfolio qui constitue un modèle global de bout en bout : outsourcing [ou gestion externe de l’infrastructure informatique, ndlr], consulting-intégration de systèmes, services d’infrastructures et d’éducation. Toute une série d’initiatives viennent s’y ajouter où notre présence va s’intensifier : sécurité physique et logique des centres, architectures résilientes capables d’assurer une continuité des opérations, applications de type collaboratif engendrées par la phobie des voyages, réductions de coûts, gestion de la relation client… C’est une thérapie que nous appliquons tout autant à nous-mêmes. Ainsi, nous avons diminué cette année d’un milliard de dollars les coûts de la Corporation. Pour nous, tout ce qui touche à la gestion, aux réductions ou à la variabilité des coûts constitue désormais une priorité. Quand nous regardons nos confrères et nos concurrents, aucun d’entre eux ne possède un modèle aussi complet que le nôtre. Des groupes comme Cap Gemini Ernst & Young ou encore Accenture sont assez vraisemblablement plus forts que nous en consulting, mais à comparer les modèles de bout en bout, nous nous sentons très bien placés.Vers quels types de services se dirige le marché, aujourd’hui ? L’e-hosting, qui est un service précurseur à ce que nous appelons e-sourcing. Nous pensons que nos clients vont vouloir se fournir ” à la demande “, sans se soucier de leur lieu de production, de leurs besoins informatiques en calcul, services applicatifs managés (messagerie, progiciels de gestion…) ou en réseaux. Comme ce qui se passe avec l’électricité. Le client se connectera par le net, et tout deviendra transparent pour lui. Ce marché pèse déjà près d’un milliard de dollars en Europe de l’Ouest et nous pensons qu’il va tripler dans les deux ans à venir.Pourtant, le marché français est réputé pour sa méfiance à l’égard de l’outsourcing ? C’était vrai il y a encore un an. Les chefs d’entreprise, pour les raisons évoquées plus haut, y viennent de plus en plus. Je pense que d’ici à douze mois, une série de contrats spectaculaires seront annoncés sur le marché français, tant du côté des industriels que des grandes institutions. Cette tendance touche aussi les PME-PMI, surtout depuis le début de l’année.Les performances enregistrées par IGS ne sont-elles pas une incitation à sa sortie du giron d’IBM pour être cotée en Bourse ? Depuis que Lou Gerstner est là, il n’en a jamais été question. Une séparation rendrait chacune des entités peut-être plus véloces mais surtout plus fragiles. Nous tirons infiniment plus d’avantages à être intégré à une société disposant de compétences dans les composants, les produits et les logiciels. Le projet de fusion entre Hewlett-Packard et Compaq est-il un sujet d’inquiétude pour vous ? S’ils arrivent à bout de leur projet, ils peuvent devenir un acteur majeur dans les services d’infrastructures où ils sont complémentaires. Un secteur qui représente tout de même un tiers de notre activité. Est-ce une menace ? Pas vraiment, car nous les avions déjà, l’un et l’autre, dans le radar. Quant à bâtir une offre complète d’outsourcing, cela prendra des années avant d’être profitable. Et le marché ne pardonne plus des années d’investissements non profitables. Leur challenge est énorme.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Propos recueillis par Gilles Musi