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Banque en ligne : la France conserve un potentiel de croissance intact

La croissance d’Internet en Europe favorisera l’e-commerce et l’e-banking, selon une étude Deloitte Consulting. En revanche, la concentration des acteurs de la banque en ligne est plus forte que dans le secteur bancaire tradionnel, ce qui devrait laisser peu de place aux pure players.

Après avoir suscité de nombreux espoirs, la banque en ligne aura beaucoup déçu en France en 2001. Neuf mois après son ouverture, le possible désengagement de son principal actionnaire, le groupe Arnault. De leur côté, les courtiers en ligne font face à la chute des Bourses mondiales, laquelle a naturellement échaudé les clients qui allègent leur portefeuille en actions.Cependant, le pessimisme de cette fin d’année ne serait pas justifié. En effet, le cabinet d’études Deloitte Consulting estime que la banque en ligne en Europe vient à peine de franchir la première étape de son évolution.Cette vague initiale a notamment permis de valider les concepts du e-banking et du e-trading en Allemagne et au Royaume-Uni. Toutefois, elle a aussi démontré la difficulté pour les nouveaux entrants ?” à l’exception notable de Egg ?” de s’imposer face aux banques traditionnelles.

Succès à moyen terme pour la France

Pour Deloitte Consulting, la pénétration de l’Internet, attendue à 30 % en Europe en 2004 (contre 20 % en 2000), devrait faciliter la généralisation du e-banking en Europe.L’étude démontre par ailleurs que le développement de cette activité est intimement lié à la croissance du e-commerce en Europe. Pour preuve, le leadership de l’Allemagne et le Royaume-Uni dans la banque en ligne est proportionnel à celui qu’ils détiennent dans le commerce électronique.Ce double constat a permis d’identifier trois catégories de pays. Il s’agit tout d’abord des pays stars (Allemagne et Royaume-Uni) qui ont démontré le plus fort potentiel à court terme. A moyen terme (environ deux ans), ces deux pays devraient être rejoints par la France, l’Italie et les Pays-Bas.Enfin, la forte pénétration d’Internet et la stratégie des banques locales Nordea, Swedbank et SEB ont propulsé la Scandinavie au rang de précurseur dans la banque en ligne, même si le potentiel de développement semble à présent limité.Deloitte Consulting remarque également une forte disparité dans le développement des différents produits sur Internet. En effet, les internautes marquent une forte préférence pour les opérations courantes et les demandes d’informations, tandis qu’ils sont plus sceptiques quant à l’utilité du canal Internet pour procéder à des transactions, ou effectuer des demandes de crédits.Enfin, le profil de l’internaute tend à évoluer puisque les consommateurs plus âgés à hauts revenus et la catégorie des 18-34 ans sont désormais rejoints par une clientèle tout public, notamment sur les nouveaux produits.

Un secteur concentré et dominé par les Anglo-Saxons

Deloitte Consulting observe que, malgré sa jeunesse, le marché de la banque en ligne tend vers une forte concentration. Ainsi, les trois premiers acteurs du e-banking en Scandinavie détiennent une part de marché de 85 %, contre 75 % dans les réseaux physiques. Au Royaume-Uni, la proportion est de 80 % sur Internet (versus 54 % dans le réseau physique), de 44 % en France (versus 40 %) et 34 % en Allemagne (versus 16 %).Pour le cabinet d’études, ce processus devrait se poursuivre, et donc favoriser les acteurs plus importants par rapport aux nouveaux entrants. Les trois premiers acteurs européens de la banque en ligne ?” le scandinave Nordea (2,4 millions de comptes en ligne), l’anglais Barclays (2,2 millions) et le suédois Swedbank (1,5 million) ?” sont des acteurs traditionnels. A l’exception d’Egg (1,2 million de comptes), aucun pure player ne semble donc émerger.

Les banques françaises pénalisées par Internet ?

L’emprise exercée par une poignée de grands établissements dans chaque pays pourrait avoir des conséquences sur la consolidation du secteur bancaire à l’échelle européenne.En incitant leurs clients à utiliser Internet, les banques traditionnelles espèrent générer des économies substantielles d’ici deux à trois ans. Pour Deloitte Consulting, les banques traditionnelles qui ne transfèrent pas une grande partie de leurs transactions sur Internet seront vite dépassées en termes de rentabilité. ” Deux solutions s’imposeront à elles : être rachetées ou rattraper in extremis leur retard. “Si ce pronostic se révélait être juste, les banques françaises pourraient fournir des cibles idéales pour les banques britanniques. En effet, BNP Paribas ne compte que 450 000 comptes en ligne, le Crédit agricole 315 000, la Société générale 240 000 et le Crédit Lyonnais 200 000.

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Gérald Bouchez