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Dix vérités insoupçonnées sur l’impact environnemental du numérique

L’empreinte environnementale du numérique ne cesse de croître. Et pas toujours là où on l’attend. Expert de la question, Frédéric Bordage a passé au crible nos différents usages dans un livre.

Réchauffement climatique plus intense que prévu, déclin de la biodiversité, les mauvaises nouvelles environnementales s’accumulent et cette dégradation est principalement due à l’activité humaine. Le numérique n’y figure pas encore au premier rang, mais son impact est grandissant. Frédéric Bordage, expert de ces questions et fondateur du site GreenIT.fr revient en détail sur ces questions dans son ouvrage Sobriété numérique. Les clefs pour agir qui vient de paraître aux Editions Buchet Castel.

1) L’impact du numérique équivaut à celui d’un continent supplémentaire

Le numérique représenterait aujourd’hui 4,4% de l’énergie primaire consommée par l’humanité et 4,2% des émissions anthropiques (humaines) de gaz à effet de serre, d’après les estimations de Frédéric Bordage. « C’est autant que la consommation de 150 à 250 millions de Français, soit un 7e continent de la taille de deux fois la France ! », écrit-il.

2) Seul 1% du lithium des batteries est récupéré

Les batteries en lithium-ion contiennent des minerais comme le lithium qui sont toxiques et dangereux pour la santé. C’est pourquoi les batteries doivent être absolument être recyclées quand elles arrivent en fin de vie. Malheureusement, seul 1% du lithium est récupéré au niveau mondial. Ce n’est pas le seul problème. Recyclé, il n’est pas assez pur pour fabriquer de nouvelles batteries. Il faut donc en extraire autant et polluer à nouveau pour en produire de nouvelles.

3) 80% de la dépense énergétique d’un smartphone se produit au moment de sa fabrication

Contrairement aux idées reçues, la consommation d’énergie pour faire fonctionner un produit high-tech est bien inférieure à celle requise pour le fabriquer. « La consommation électrique d’un smartphone ne représente que 20% de son bilan énergétique global : 80% de la dépense énergétique se produit au cours de la fabrication de l’appareil », peut-on lire dans Sobriété numérique.

4) Les data centers représentent moins de 15% des impacts du numérique

Les centres de données sont loin d’être la principale source d’impacts environnementaux du numérique, contrairement à une idée reçue. À l’échelle de la planète, ils représentent moins de 15% des impacts. Et leur efficience énergétique aurait doublé ces 15 dernières années.

5) Un Français produit 21,5 kg de déchets électroniques par an

75 milliards de kilos de DEEE (déchets électriques et électroniques) sont produits chaque année dans le monde. La moyenne européenne est de 16,6 kg par habitant et par an. Mauvais élève, la France explose ce chiffre avec 21,5 kg de déchets. Par ailleurs, seuls 52% de ces déchets ont été recyclés en 2017.

6) Utiliser sa box génère 220 kg de gaz à effet de serre par an

Nous n’en avons pas conscience mais regarder des continus audiovisuels sur nos box génère un impact non négligeable sur l’environnement. Visionner un seul film en passant par sa box TV occasionne environ 300 g de gaz à effets de serre équivalents CO₂. A l’échelle d’une année, cela monte à 220 kg. L’idéal serait de passer moins de temps devant sa box TV ou un service de streaming, et à défaut de regarder la TNT.

7) L’empreinte quotidienne d’un salarié équivaut à 29 km en voiture

Il est possible de calculer l’empreinte numérique annuelle du numérique d’un salarié chaque année. Par extrapolation, elle équivaut chaque jour à :

-2 radiateurs de 600 W allumés pendant huit heures

-29 km parcourus en voiture

-1 douche ou 9 packs d’eau de 6 litres

-15 g de déchets électroniques (soit un smartphone tous les 10 jours) Les moteurs de recherche « écolo » aggravent notre impact sur l’environnement

8) Le numérique épuise nos ressources en eau

L’eau non plus n’est pas une ressource illimitée. Pourtant, nous puisons dedans sans compter pour fabriquer les équipements high-tech, notamment lors de l’extraction des minerais et de leur transformation en composants électroniques. Mais aussi pour les alimenter en électricité lorsque nous les utilisons, notamment pour refroidir les réacteurs des centrales nucléaires. « L’empreinte eau » du numérique d’un seul Français s’élèverait 2000 l d’eau par an, soit environ un pack de 6 litres par jour.

9) La dématérialisation n’est pas forcément vertueuse

La dématérialisation consiste à transformer des documents matériels en documents numériques sous un prétexte écologique. Mais cela a généralement pour conséquence de transférer une pollution d’un domaine à une autre et de ne rien résoudre. Chaque cas doit être évalué séparément pour savoir si la dématérialisation a un intérêt. Par ailleurs, elle entraîne souvent un effet rebond. Si votre fiche de paye est stockée par un service dans le cloud, vous serez tenté de l’imprimer et de la sauvegarder ailleurs en double pour plus de sécurité. Dans ce cas, il aurait mieux valu continuer à vous l’envoyer sous format papier et par la poste.

10) Les logiciels deviennent obèses

Le poids moyen des pages web a été multiplié par 115 entre 1995 et 2015. Un phénomène appelé « obésiciel », contraction de « obèse » et « logiciel », et dû à l’empilement des briques logicielles. Les systèmes d’exploitation aussi sont touchés, charriant avec eux de plus de plus fonctionnalités. Il a fallu 114 fois plus de mémoire vie pour passer du couple Windows 98 et Office 97 au couple Windows 8 et Office 2013. Les OS des smartphones n’échappent pas à la règle. Tout cela nous pousse à troquer régulièrement nos terminaux pour des nouveaux modèles toujours plus performants en mémoire vie et espace de stockage.

Source : Frédéric Bordage, Sobriété numérique. Les clefs pour agir, Buchet Castel, 18 euros.

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Amélie Charnay