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Directive droit d’auteur : de vives réactions à son adoption controversée

La directive qui réforme le droit d’auteur vient d’être approuvée de justesse par le Parlement européen. Les ayant-droits sont soulagés, tandis que les associations de défense des libertés mettent en garde contre une nouvelle forme de censure.  

La réforme du droit d’auteur vient d’être approuvée par les députés européens ce 26 mars. Elle entérine la création d’un droit voisin pour rémunérer davantage les journalistes sont les articles sont agrégés en ligne (article 11 devenu article 15). Et rend les grandes plates-formes responsables des contenus postés par les internautes : ils doivent respecter le droit d’auteur ou être supprimés (article 13 renuméroté article 17).

Mariya Gabriel, la commissaire européenne en charge de l’économie et de la société numérique qui a porté ce texte, a été logiquement la première à se féliciter de son adoption.

Elle a été aussitôt applaudie par Margrethe Vestager, la commissaire à la concurrence.

Une décision historique pour les ayants droit

Dans la foulée, les associations d’ayants droit qui avaient fait le déplacement à Strasbourg, ont toutes salué la validation de ce texte. A commencer par la Sacem, la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique. « C’est un immense soulagement et une grande fierté », nous a confié Jean-Noël tronc, le directeur-général de la Sacem. « Ce texte clarifie le droit des auteurs et des artistes et ne contraint que les grandes plates-formes. C’est un bon compromis et une grande victoire démocratique », nous a-t-il détaillé peu après le vote. La SACD s’est montrée toute aussi lyrique, son président Pascal Rogard qualifiant ce vote d’« historique ».

Des institutions comme le CSA ont aussi affiché leur satisfaction. Tout comme des membres du gouvernement, à l’image du ministre de la culture, Franck Riester.

Une journée noire pour les opposants

Dans le camp d’en face, c’est l’effondrement. Julia Reda, la députée du Parti pirate allemand, à la pointe du combat contre cette directive se lamente. C’est une « journée noire pour la liberté du net », écrit-elle sur Twitter.

Même son de cloche du côté de La Quadrature du net, qui s’est battue jusqu’au bout pour faire capoter cette directive. « Au lieu de lutter contre la surveillance de masse, cette directive l’entérine en incitant les plates-formes à utiliser des filtres à l’upload », s’est épanché Martin Drago, porte-parole et juriste à l’association.

Même l’ONG américaine Electronic Frontier Foundation, qui défend les libertés sur Internet, a publié un long communiqué de presse pour exprimer sa désolation et sa surprise que les 5 millions de pétitionnaires contre la directive n’aient pas été davantage écoutés. « Le Parlement européen a perdu le sens commun et ignoré les avis des chercheurs, technologues et experts des droits de l’homme », accuse l’organisation.

Si Facebook refuse de commenter la nouvelle, Google s’est fendu de quelques déclarations mesurées qui masquent mal cependant son mécontentement. « La directive sur le droit d’auteur a été améliorée mais nous restons préoccupés (..) elle va conduire à une insécurité juridique et va nuire aux économies créatives et numériques européennes », nous a déclaré un porte-parole.

Mais l’affrontement entre les deux camps est loin d’être terminé. Il va falloir maintenant que la directive soit adaptée dans chaque pays. Le texte peut donc encore être édulcoré ou durci. Et le débat ne risque pas de s’apaiser.

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Amélie CHARNAY