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Dans le monde, seuls 17 % des déchets électroniques sont collectés et recyclés

Un récent rapport de l’Organisation des Nations Unies montre les déficiences actuelles de la gestion des « e-déchets » sur la planète. Or, le volume à traiter augmente sans cesse. 

Une nouvelle étude publiée par l’université de l’Organisation des Nations Unies (ONU) révèle qu’en 2019 seuls 17,4 % des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), baptisés « e-waste » en anglais, ont été collectés et recyclés. Soit 9,3 sur les 53,6 millions de tonnes générés dans le monde en 2019. Un taux jugé « ridicule » par Vanessa Forti, une des chercheuses à l’université de l’ONU et co-auteure de l’étude.

Le volume recyclé ne progresse pas assez

Le rapport révèle que depuis 2014 le volume recyclé n’a augmenté que de 1,8 million de tonnes par an tandis que la quantité totale de déchets générés a progressé sur la période de 9,2 millions de tonnes. Sans trop de surprise, le rapport établit que l’Europe dispose du « meilleur taux de collecte et de recyclage », constituant environ 42,5 %. Loin derrière, l’Asie représente, elle, 11,7 %,  les Amériques et l’Océanie affichent respectivement des taux de 9,4 % et 8,8 %. Bonne dernière, l’Afrique enregistre le taux le plus bas : 0,9 %.

Mais, « ce qui se passe avec les 82,6 % de déchets non recyclés n’est pas clair », explique Vanessa Forti dans un article de vulgarisation scientifique publié sur The Conversation. Leur volume pourrait atteindre 50 tonnes annuelles, d’après l’étude de l’ONU. Qu’ils soient rejetés dans la nature ou enterrés sous la terre, ils comportent des risques élevés pour la santé des personnes. Ces DEEE sont en effet composés de différents composants – tels que le mercure, les retardateurs de flamme bromés, les chlorofluorocarbures et les hydrochlorofluorocarbures. Dans le cas du mercure, présent notamment dans les écrans, « l’exposition à cette substance peut provoquer des lésions cérébrales », alerte la chercheuse. 

Un risque sanitaire et climatique

Et les enjeux dépassent largement la santé des individus. Les DEEE contribuent directement au réchauffement climatique. À titre d’exemple, les équipements obsolètes d’échange de température que l’on trouve dans les réfrigérateurs ou encore les climatiseurs, libèrent lentement des gaz à effet de serre. Les auteurs de l’étude estiment ainsi « qu’environ 98 millions de tonnes s’échappent des parcs à ferraille chaque année, soit 0,3 % des émissions mondiales du secteur de l’énergie ».

The global E-waste report 2019 – ONU

Le problème ne fait pourtant que grossir. Rien qu’en 2019, le monde a, en effet, généré 53,6 millions de tonnes de e-déchets – ce qui représente 7,3 kg par personne et l’équivalent en poids de 350 bateaux de croisière, explique l’étude. En tête du classement des plus gros jeteurs : on retrouve l’Asie avec 24,9 millions de tonnes de DEEE, suivie par les Amériques (13,1) et l’Europe (12). Parallèlement, l’Afrique et l’Océanie n’en ont généré respectivement « que » 2,9 et 0,7 million.

Si le rapport est plutôt alarmiste, certains chiffres constituent des signaux positifs. Depuis 2014, le nombre de pays qui ont encadré la collecte et le recyclage des produits électriques et électroniques est passé de 61 à 78. Fin 2019, « 71 % de la population mondiale disposaient d’une politique de gestion de ce type de déchets ou étaient en train d’en mettre une en place – une augmentation de 5 % par rapport à 2017 », écrit la chercheuse Vanessa Forti.  « Mais dans nombre de ces pays, les politiques ne sont toujours pas juridiquement contraignantes et la réglementation n’est pas appliquée », regrette-elle. 

The global e-waste report 2019 – ONU

48 milliards d’euros de bénéfices potentiels

Pourtant, le manque à gagner économique considérable rend le business juteux. Les e-déchets sont constitués de matières premières rares et précieuses comme l’or, l’argent, le cuivre et le platine. Selon l’étude, « la valeur totale de tous ces composants a été évaluée pour l’année 2019 (de façon approximative) à 48 milliards d’euros ». Une somme supérieure au PIB de la Tanzanie. Comme le taux de e-déchets collectés et recyclés reste ridicule (17,4 % pour rappel), seuls 10 milliards de dollars ont été récupérés de façon responsable et 4 milliards de tonnes de matières premières recyclées, en 2019, révèle le rapport.

Nous, chercheurs, « nous continuerons à surveiller l’évolution des déchets électroniques dans le monde pour accompagner la création d’une économie circulaire et de sociétés plus durables. Nous espérons que nos efforts pour évaluer ce problème grandissant inciteront les gouvernements à agir aussi rapidement que le défi l’exige », avertissent les auteurs de l’étude. Leur appel sera-t-il entendu par les autorités pour faire du tri, de la collecte, du recyclage (et même de la réparation) d’objets électriques et électroniques une priorité de demain ?

Sources : The global e-waste report 2019 via The Conversation

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Marion SIMON-RAINAUD