Passer au contenu

Cisco, l’ogre aussi gourmet que glouton

Avec soixante-quatre acquisitions à son actif, Cisco détient la palme des rachats. Le constructeur joue aussi la carte de l’investissement et du partenariat.

Il ne faut pas se leurrer : malgré sa gloutonnerie en matière de rachat de sociétés, Cisco ne saute pas sur tout ce qui bouge. La politique d’alliance, d’investissement et d’acquisition du constructeur californien obéit, au contraire, à des règles très strictes. Ainsi, le constructeur investit 2 millions de dollars dans la toute jeune société française Enition. Non parce que sa technologie de paiement sur internet l’intéresse directement, mais parce qu’il pense qu’elle peut susciter du trafic de commerce en ligne et, donc, l’aider indirectement à augmenter ses ventes d’équipements.

Cisco, spécialiste des start up en pointe

Sans doute les premiers rachats, qui datent de 1993, furent-ils dictés par l’urgence, comme celui de Crescendo, spécialiste de la commutation. A l’époque, Cisco était entièrement centré sur un produit, le routeur, et une technologie, le routage. Un peu pris de vitesse par l’arrivée soudaine de la commutation, le constructeur a préféré acquérir une société plutôt que se lancer dans des développements en interne. L’acquisition de nouvelles technologies restait alors une métho- de encore peu utilisée chez les constructeurs.
Le succès de ces premières opérations lui a ouvert de nouveaux horizons, et Cisco s’est fait une spécialité de la détection de start up en pointe sur certains secteurs, puis de leur intégration aux équipes de développement internes – l’aspect le plus méconnu, mais peut-être le plus important dans une opération d’acquisition. “Il ne suffit pas qu’une société dispose d’une bonne technologie, souligne Olivier Cognet, consultant pour les acquisitions et alliances en Europe. Elle doit partager la même vision à long terme du marché et, surtout, avoir une même culture d’entreprise. Des acquisitions parfaites sur le papier sont un fiasco à cause, justement, de cette différence culturelle, frein à l’intégration des équipes.” L’acquisition n’est que la partie la plus visible de la stratégie de Cisco, et elle porte avant tout sur une technologie clé. Le constructeur joue également de l’alliance et de l’investissement (généralement minoritaires) dans une société technologique.

Acquérir pour détenir une technologie clé

Cette dernière méthode est surtout utilisée pour mieux comprendre une technologie qui n’est pas cruciale pour le constructeur, mais importante pour le développement du marché. Enfin, l’alliance – avec KPMG Consulting ou Cap Gemini, par exemple – permet d’offrir des solutions de bout en bout et d’accéder plus rapidement au marché et de disposer immédiatement d’une large force d’intervention.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Pierre Soulès