Passer au contenu

Chronique d’une chute annoncée

En moins d’un mois, deux années d’euphorie boursière ont été enterrées. Retour sur ces journées noires pour les tous les acteurs de la planète financière.

– Vendredi 10 mars 2000 Le Nasdaq est en état d’apesanteur. Il s’installe au-dessus de la barre des 5 000 points alors qu’il a franchi le seuil des 4 000 moins de deux mois avant. Depuis janvier, Oracle a gagné 53 %, Intel 41 % et Cisco Systems 32 %. L’indice phare des valeurs de croissance éclipse le vénérable Dow Jones comme boussole boursière. Jusqu’à quand ?Les sociétés TMT se négocient alors au prix fort. Même si elles dégagent des pertes. Le PER, c’est-à-dire le rapport entre le cours de l’action et les bénéfices anticipés, atteint 390 alors qu’il n’est que de 24 pour les sociétés composant l’indice Dow Jones… Au même moment des entreprises dites cycliques émettent des profits warning et sont fortement sanctionnés par les marchés.– 14 mars Ce mardi-là, la glissade historique commence. Le Nasdaq abandonne 4,09 % à 4 706,62 points. L’idée que certaines valeurs du secteur des technologies de l’information ont été surachetées commence à circuler. Deux jours auparavant, au cours du week-end, Warren Buffet, gourou de Wall Street passé de mode avec la nouvelle économie, écrit, dans une lettre aux actionnaires de Berkshire Hataway, la crainte d’une chute du marché lorsque “les investisseurs auront une vue plus réaliste des fondamentaux”.– 17 mars C’est la journée des embardées. Le Dow Jones, l’indicateur vedette du New York Stock Exchange, après avoir perdu 16 % de sa valeur depuis son plus haut du 14 janvier 2000, progresse de 3,26 %. De son coté, le Nasdaq, après avoir dévissé de 3 % à l’ouverture, reprend des couleurs, et termine en progression de 2,94 %. Un moindre mal, puisqu’il avait cédé plus de 9,50 % au cours des trois séances précédentes.– 23 mars L’hebdomadaire financier américain Baron estime que plus de trente dot-com seront à bout de ressources sous six mois.– 5 avril C’est la journée la plus volatile que le Nasdaq ait connu en trente ans d’existence. En début de séance, l’indice crève le plancher des 4 000 points, se retrouvant à un niveau inférieur à celui auquel il avait démarré l’an 2000. En fin de matinée, l’effondrement des cours a réduit la capitalisation boursière de Microsoft de 30 milliards de dollars (34 milliards d’euros), celle de Cisco de 40 milliards et celle de Sun d’une quinzaine de milliards de dollars. “Le Nasdaq écrabouillé, les marchés en chute libre”, annonce CBS Marketwatch sur son site internet. Gene Sperling, conseiller économique du président américain Bill Clinton, déclare que “les fondamentaux économiques demeurent très solides”.– 6 avril Certains croient à une pause relative dans la descente aux enfers de la Bourse américaine. Ce jour-là, le Nasdaq ne perd “que” 1,77 % et le Dow Jones 0,51 %. Passé cette date, le Nasdaq descendra inexorablement, à un rythme larvé, vers ses niveaux d’aujourd’hui.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


JPS