Passer au contenu

Ces livres que l’on commence… mais que l’on ne termine jamais

Un mathématicien américain a établi un classement des livres que les lecteurs ont le plus de mal à finir.

En cette période estivale, vous choisissez consciencieusement les livres que vous allez dévorer sur la plage. Mais n’auriez-vous pas les yeux plus gros que le ventre ? C’est la question que s’est posée le Dr. Jordan Ellenberg, mathématicien à l’Université du Wisconsin. En analysant les données des utilisateurs de la liseuse Kindle d’Amazon, il a pu établir un classement des livres dont les lecteurs décrochent le plus souvent. 

 

Ce que les lecteurs aiment surligner

Selon Ellenberg, la démarche relève davantage du divertissement que de la recherche scientifique. L’analyse ne se base pas sur le détail des pages feuilletées par chaque utilisateur. Sa méthode : utiliser la liste des phrases les plus surlignées par les utilisateurs de Kindle. En prenant les cinq passages les plus populaires, il observe ensuite leur répartition au sein de l’ouvrage. Une répartition équitable du début à la fin permet de déduire que le lecteur va souvent au bout. À l’inverse, une forte concentration vers le début du livre signifie une lassitude précoce. Il suffit donc de faire la moyenne des numéros de pages correspondant aux passages les plus surlignés, puis de diviser cette dernière par le nombre de pages du livre pour en tirer un pourcentage de lecture du livre. 

Les principaux livres du classement

Le Chardonneret de Donna Tartt : terminé par 98,5% des lecteurs
Véritable chef d’œuvre de la littérature américaine, le prix Pulitzer 2014 (catégorie « fiction ») est un véritable pied de nez à lui tout seul : ce roman fleuve de plus de 800 pages emmène le lecteur à New York, Las Vegas, ou Amsterdam, en suivant le jeune Theo Decker sur une quinzaine d’année. Les passages les plus populaires proviennent tous des 20 dernières pages. De quoi en motiver plus d’un. 

Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald : terminé par 28,3% des lecteurs.
Publié il y a 90 ans, on peut se demander si le récent succès de l’adaptation au cinéma n’a pas poussé quelques curieux à ouvrir le roman. Seulement, la lecture est bien plus lente que le rythme effréné de Baz Luhrmann, ce qui peut expliquer qu’il soit souvent tombé des mains.  

Cinquante nuances de Grey, d’E.L. James : terminé par 25,9% des lecteurs.
Une surprise pour ce gros succès de 2013. Difficile d’échapper au best-seller qui a peut-être fait quelques déçu(e)s. Etonnamment, les lecteurs ont plutôt enregistré les recommandations culturelles du personnage principal, plutôt que les passages les plus chauds. À l’instar de Gatsby, l’adaptation cinématographique ne devrait pas faire augmenter ce chiffre.

Le Capital au XXIe siècle, de Thomas Piketty : terminé par 2,4% des lecteurs.
Véritable phénomène aux Etats-Unis, le pavé de l’économiste français arrive bon dernier du classement. Traduit début 2014 en anglais, le dernier des cinq passages les plus populaires se situe en page 26, quand le livre en compte plus de 900. Le succès médiatique d’un ouvrage aussi technique qu’austère a certainement rendu les lecteurs un peu trop ambitieux. 

Le mathématicien rappelle malgré tout que cette méthode n’est pas forcément très rigoureuse, en admettant certains biais : « je pense que les différentes catégories de livres ne peuvent pas être comparées entre elles », confesse-t-il, avant d’expliquer : « les essais ont souvent des scores plus faibles que les romans […] car les essais ont souvent des chapitres introductifs contenant des affirmations et postulats de départ. Le genre de choses que les utilisateurs de Kindle adorent surligner ».
Travaillerait-il déjà à une version plus évoluée de ce classement?   

Source : Wall Street Journal (en anglais)

À lire aussi : Livre indisponible ? Pas de problème, Amazon va l’imprimer… (27/06/14)

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Raphaël Grably