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Ces catalogues de CD-Rom que les éditeurs s’arrachent

Le dépôt de bilan de Montparnasse Multimédia survient dans un marché florissant mais en phase de consolidation.

Le multimédia n’est pas mort. L’assertion n’est pas anodine car les remous du secteur peuvent légitimement inquiéter. En effet, le 31 janvier, l’éditeur Montparnasse Multimédia a déposé son bilan dans un contexte plutôt favorable pour ce secteur. En effet, le marché national est estimé à 230 millions d’euros (1,5 milliard de francs) pour 2001, avec 15 % à 20 % de croissance par an. Montparnasse Multimédia était, avec Emme ou encore Mindscape, un des rares éditeurs français de logiciels culturels ou de référence (encyclopédies) toujours indépendants. C’est-à-dire n’appartenant à aucun groupe de communication, tel Vivendi Universal Publishing ou Lagardère, qui dominent le marché du multimédia et celui du ludo-éducatif (21 % des volumes totaux de logiciels de loisirs en 2000, selon GFK).Montparnasse Multimédia, désormais en redressement judiciaire, cherche donc un repreneur pour son activité. Mindscape est pressenti. Son PDG, Jean-Pierre Nordman, “se refuse à apporter le moindre commentaire”, préférant expliquer qu’il a, au même titre que l’ensemble de la profession, le dossier entre les mains. Mais pour faire main basse sur quel trésor ? “Un catalogue de titres [près de 200, ndlr], ce qui est essentiel dans notre métier, qui est bien éloigné de celui de l’édition de jeux vidéo”, répond Olivier Wright, directeur général de Emme, principal éditeur européen multimédia qui ne cache pas non plus son intérêt pour le catalogue de Montparnasse.“Dans l’industrie du jeu vidéo, les éditeurs misent sur des “blockbusters” ?” titres vendus à 200 ou 300 000 exemplaires ?” alors que dans le multimédia, les ?”uvres ne s’échangent qu’autour de 10 000 ou 15 000 exemplaires”, précise-t-il. Dès lors, il est indispensable d’arriver à une masse critique en terme d’offre.L’éditeur indépendant Emme affiche 800 logiciels dans son catalogue européen, couvrant tout le spectre de l’édition ?” de L’Encyclopédie avec Universalis, à la culture avec Le Grand Louvre, en passant par les langues étrangères avec English+, ou encore L’Oncle Ernest pour les logiciels ludo-éducatifs. En France, “le ludo-éducatif représente 45 % du marché, la culture 25 % et la vie pratique environ 30 %”, rappelle Olivier Wright. Une répartition qui ne vaut pas pour tous les pays. Ainsi, “en Allemagne, la culture fonctionne moins bien que les logiciels de vie pratique “. Ces spécificités nationales ont poussé Emme à procéder à plusieurs acquisitions d’éditeurs locaux dans les trois dernières années. Il a absorbé Mediamix en Belgique (avril 1998), l’éditeur GSP en Grande-Bretagne (début 2000) mais aussi Wings en Espagne (octobre 2001). Plus récemment, le 23 janvier, Emme s’est offert l’activité américaine de l’éditeur Dorling Kindersley (filiale de Pearson), ce qui lui permet d’asseoir sa filiale nord-américaine GSP North America. Cette dernière a dégagé, sur l’exercice 2001, 4 millions d’euros de recettes.

Gâteau jalousement protégé

Les gains potentiels dans le multimédia sont en effet bien moindres que dans les jeux, dont le marché avoisine les 600 millions d’euros en France (consoles incluses), mais les investissements de départ comportent aussi moins de risques. Ils se font systématiquement en coproduction et sur des montants de 100 à 150 000 euros pour un logiciel ludo-éducatif, contre dix fois plus pour le jeu. Coté au Second Marché, Emme a réalisé l’an passé un CA de 29 millions d’euros, contre 21,7 en 2000. Les 20 % de croissance annuelle qu’il se fixe incluront des opérations de croissance externe en Allemagne et en Italie, “et pourquoi pas en France ? “. Montparnasse devra, lui, présenter un plan de reprise dici à la fin du mois.

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Amaury Mestre de Laroque