Passer au contenu

Bill Campbell quitte le board d’Apple et signe la fin d’une ère

Le départ d’un fidèle de Steve Jobs marque autant, une nouvelle fois, la fin d’une ère que le début d’une nouvelle. Tim Cook consolide sa stratégie et s’entoure de talent pour tenir sa promesse : ne pas être l’artisan du déclin d’Apple.

L’ère Steve Jobs ne s’est pas arrêtée à l’annonce de sa mort. Il a fallu des mois, des années et des décisions éparses pour qu’Apple retrouve un nouvel équilibre, assure et assume la transition. Le départ de Bill Campbell s’inscrit dans cette frise chronologique et apparaît comme un nouveau point significatif dans ce changement profond. Un des plus anciens membres du conseil d’administration d’Apple vient d’annoncer son départ. Après 17 ans, soit une des plus longues présences connues avec celle de Steve Jobs, Bill Campbell, 74 ans en août, cède sa place à Susan L. Wagner. La femme d’affaire de 52 ans a cofondé BlackRock en 1988 et a contribué à en faire un des fonds de gestion les plus performants du marché, d’après l’annonce d’Apple. C’est donc un profil très financier qui vient de greffer à la tête du groupe de Cupertino. Une tendance qui correspond parfaitement à ce que Tim Cook a mis en place ces dernières années, en ouvrant la porte aux dividendes et au rachat d’actions.

Un parcours particulier

Si cette arrivée est pleine de sens, ce départ n’est pas anodin non plus. Depuis quelques semaines, la presse financière bruissait. Tim Cook voulait apporter quelques changements au comité de direction d’Apple, le rajeunir, le moderniser, lui apporter un sang neuf qui corresponde davantage à ce que le géant est désormais et va devenir.
Un nom revenait systématiquement en tête de liste des « partants », celui de Bill Campbell. Le cursus de Bill Campbell est original. Il a débuté comme coach de football américain avant de se lancer dans les affaires, où il a occupé des postes variés, notamment chez Kodak et Apple.
Conseiller, à un moment ou un autre, des plus grands noms de la high tech, dont Jeff Bezos et Eric Schmidt, Bill Campbell était avant tout un proche de Steve Jobs. Voisin du cofondateur d’Apple, il était entré au board de la société à sa demande en 1997, peu après son retour aux affaires.

Une autre fin de l’ère Jobs

L’affection qui liait les deux personnages était réelle et forte. Il suffit pour s’en assurer de se rappeler que c’est au milieu des années 80 en tant que directeur du marketing que Bill Campbell avait dû se prononcer en faveur de John Sculley quand Steve jobs avait tenté de le renverser pour reprendre les rênes d’Apple. Pour autant, comme le dit très bien Walter Isaacson dans la biographie de Steve Jobs, « le choix fut cornélien. Il aimait réellement beaucoup Jobs […]. Sa voix tremblota quand il dit au jeune homme toute son affection. Même s’il optait pour Sculley ».
Malgré cette trahison, Bill Campbell était un confident de Jobs autant qu’un homme lige, un proche conseiller fidèle. A ce titre, il avait une vision très particulière de la façon dont Steve Jobs évoluait sur certains points, ce qui lui garantissait un rôle de médiateur au sein d’un board. Comme il le confiait récemment à Fortune au sujet de Steve Jobs : « je l’ai vu émerger en tant que PDG en temps réel. J’avais un suivi continu avec lui. Je l’ai observé quand il était directeur général de la division Mac et quand il est parti et a lancé NeXT. J’ai vu Steve passer de l’entrepreneur créatif au type qui avait besoin de faire fonctionner son entreprise ».
Avec le départ de Bill Campbell, c’est un témoin privilégié d’une ère intense de l’histoire d’Apple qui s’en va. Tim Cook, désormais capitaine du vaisseau, le sait.
« Les contributions de Bill à Apple sont incommensurables et nous lui devons une immense gratitude.
[…] Je veux le remercier pour être un dirigeant, un mentor et un ami », déclarait le successeur de Steve Jobs. « Quand Bill a rejoint le conseil d’Apple, la société était au bord de s’effondrer. Il a non seulement aidé Apple à survivre mais il nous a également mené vers un niveau de succès inimaginable en 1997 ». Ce qui rejoint parfaitement le commentaire d’un ancien salarié cité dans un portrait de Tim Cook publié le 8 juillet dernier dans le Wall Street Journal : « Steve était un PDG de temps de guerre, alors que Tim est un PDG de temps de paix ».
Après la reconstruction réussie, Tim Cook et les autres membres du board ont donc décidé qu’Apple a besoin de nouveaux dirigeants pour continuer sa route. Il se murmure ainsi que Susan L. Wagner pourrait ainsi apporter son savoir-faire en termes de fusions et acquisitions…

A lire aussi :
Apple et IBM, 35 ans d’une relation tumultueuse
– 16/07/2014

Sources :
Fortune

The Wall Street Journal

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Pierre Fontaine