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Bientôt la fin de l’État actionnaire

Quelle que soit l’issue des prochaines échéances électorales, le temps des participations publiques est révolu. Mais pour vendre, il faut composer avec la Bourse et des stratégies d’entreprises variées.

Les deux favoris de la campagne électorale, souvent renvoyés dos à dos pour la similitude de leurs propositions, sont aussi d’accord là-dessus : ” L’État ne doit pas s’interdire de vendre telle ou telle participation s’il le juge nécessaire. Une large part de la vente de ces actifs sera affectée au financement du fonds de réserve des retraites “, déclarait la semaine dernière dans les colonnes du Nouvel Hebdo le candidat-Président Jacques Chirac. Fort bien. Les conseillers du Premier ministre Lionel Jospin ne di-sent pas autre chose. Mais en période boursière atone, l’État ne peut pas vendre ses bijoux de famille comme il le veut. Dans la sphère des TMT (technologies, médias, télécommunications), où l’État français détient l’équivalent de 34,73 milliards d’euros, il existe plusieurs cas de figure.

Thomson Multimedia

Participation de l’État : 19,7%

Capitalisation boursière : 8,3 Mde

Part de l’État : 1,7 Mde* (*au 22/03/02)Paradoxalement ?” quand on se souvient qu’elle était vouée aux gémonies il y a six ans par le gouvernement d’Alain Juppé ?”, l’entreprise en première ligne est Thomson Multimedia (TMM). Le désengagement continu de l’État dans TMM s’apparente du reste à la ” chronique d’une privatisation annoncée “. En 2000, déjà, l’État français avait réduit sa participation de 51 à 38 %, avant d’en céder de nouveau 13,8 % au début de ce mois pour 1,08 milliard d’euros. Via le holding Thomson SA, la participation de l’État dans le groupe d’électronique grand public n’est plus que de 19,7 %. Le ministère de l’Économie actuel ” entend conserver une participation significative dans le capital de TMM “. Mais quelle sera l’attitude de son successeur, qu’il soit de gauche ou de droite ? TMM n’affiche plus aucun intérêt stratégique pour l’État. En outre, l’entreprise a désormais de quoi financer son plan de croissance externe jusqu’en 2003.

Dassault systèmes

Participation de l’État : 15,6%

Capitalisation boursière : 6,5 Mde

Valeur de la part de l’État : 1 Mde*Dassault Système est la deuxième sur la liste des ” pseudo-privatisations “. L’État y est toujours présent ?” et non par l’intermédiaire d’un holding ?” à hauteur de 15,6 %. Cela simplifiera son départ. L’opération était d’ailleurs prévue pour le second semestre 2001. Mais la conjoncture boursière n’était pas au rendez-vous. Depuis juillet, le titre s’est envolé de 50 %. Le désengagement public n’en sera que plus facile. D’abord, l’État ne pourra pas être accusé de brader ses titres. Ensuite, le montant du flottant (la part du capital de la société détenue par le public) qui sera consécutif à la vente de l’État s’élèvera à 48,5 %. De quoi séduire les actionnaires individuels.

St Microelectronics

Participation de l’État : 21%

Capitalisation boursière : 33,9 Mde

Valeur de la part de l’État : 7,1 Mde*Plus complexe est la situation de ST Microelectronics. Avide de liquidité, Michel Bon, président de France Telecom, a encore confirmé récemment son intention de se retirer de la société franco-italienne dont il est actionnaire. Le hic, c’est que la participation de l’État dans ST relève du Mecanno financier. Côté Français, la participation de l’État s’élève au total à 21 %. France Telecom détient 10,7 % du capital, le reste étant entre les mains d’Areva (ex-CEA-Industrie et promis à devenir le nouveau pôle nucléaire français). Côté italien, Finmeccanica, filiale du Trésor italien, dispose de 18,5 % du capital. France Telecom a déjà pris les devants en négociant un nouveau pacte d’actionnaires, qui lui permet de céder librement ses titres sur le marché sans l’accord d’Areva ou de Finmeccanica. ” Dans le cadre d’une reprise des semi-conducteurs, l’opération apparaît tout a fait envisageable, car en 2001, ST a montré ses capacités de résistan-ce à la crise “, souligne une note du bureau d’étude de SG Securities, qui conseille la valeur à l’achat.

EADS / Thales

Participation de l’État : 15% / 32,6%

Cap. boursière : 12,9 Mde / 6,8 Mde

Valeur de l’État : 1,9 Mde / 2,2 Mde*Inextricable est en revanche le cas du couple européen de l’aéronautique et de la défense, EADS/Thales. Dans le premier groupe, la participation de l’État est de 15 % (aux côtés de Daimler Chrysler, 30,3 %, et de Lagardère, 15,2 %). Dans le second, elle atteint 32,6 % (aux côtés d’Alcatel, 15 %, et du groupe industriel Mar- cel Dassault, 5,8 %). Entre les vues d’EADS (propriétaire d’Airbus) qui, crise du transport aérien aidant, souhaite renforcer sa participation dans Thales, et les intérêts de ce dernier, il y a loin. Thales préférerait, en effet, profiter de la volonté de désengagement d’Alcatel pour favoriser la montée en puissance d’un industriel de la défense comme Dassault. À l’évidence, le désengagement de l’État dans Thales et EADS devrait prendre du temps.

BULL

Participation de l’État : 16,3%

Capitalisation boursière : 0,18 Mde

Valeur de la part de l’État : 0,03 MdeFaut-il souligner que peu d’analystes se penchent sur le cas Bull ? La participation de l’État représente au plus 30 millions d’euros alors que l’action avoisine 1,3 euro. L’État, qui vient de réinjecter 350 millions d’euros dans l’entreprise, y aura depuis quarante ans investi 2,6 milliards d’euros. Mais quel nouveau gouvernement prendra le risque de céder au plus bas prix cette entreprise en déroute et d’affronter ses 8 000 salariés ?

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Jean-Pierre Savalle