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Bataille rangée autour de la gestion de contenu

Poussés par les analystes et profitant du flou de la définition de ce concept, de plus en plus d’éditeurs se présentent comme des spécialistes de la gestion de contenu. Un marché émergent, morcelé et pas encore mature.

La gestion de contenu, ou Content Management pour reprendre le terme consacré outre-Atlantique, anime bien des débats. La définition du “contenu” étant assez floue d’un simple texte Ascii à un objet multimédia très élaboré -, les éditeurs de logiciels profitent de la confusion pour se présenter comme des spécialistes en la matière. En fait, aucun acteur ne domine vraiment ce marché émergent, où cohabite une pléthore de produits. Seule certitude, ce secteur offre de belles perspectives puisqu’il générerait 210 M$ (234 M?) en 2001, rien qu’en France et en Belgique (source IBM).Simple, le concept de la gestion de contenu consiste à réunir deux métiers distincts, la production de données et la publication sur le Net. Objectif : aider les entreprises à maîtriser totalement et efficacement leur communication interne et externe.

À chacun sa spécificité

Un outil de gestion de contenu doit donc remplir 3 critères : faciliter la production des informations, sans se préoccuper de l’outil informatique ou de l’écriture du code ; diffuser ces données sur le Net, en interne ou vers l’extérieur, dans des délais assez courts tout en respectant des règles de publication et de droits d’accès ; enfin, répondre aux besoins spécifiques de chaque entreprise.Dans la pratique, les outils diffèrent tous sensiblement. En fait, beaucoup d’éditeurs buttent sur le troisième point et sont spécialisés dans une forme particulière de publication de contenu. Certains seraient mieux adaptés pour répondre à des projets éditoriaux de type Presse (Vignette) ou à des projets de commerce électronique (BroadVision) ; d’autres, tel Content Europe, à l’échange de catalogues dans les places de marché virtuelles… L’éditeur Reef pense toutefois pouvoir relever le défi. “Quel que soit le type d’application, on retrouve un tronc commun, explique Élie Auvray, directeur commercial. Nous avons conçu un moteur de publication qui délivre tous les services néces- saires, sur lequel viennent se greffer des modules.” Une approche qui ne convainc pas Pierre Bernassau, directeur marketing de Documentum : “Il y a des produits orientés données, plutôt portés sur le contenu, et des solutions orientées utilisateurs, conçues pour une cible. Le cocktail gagnant consiste à associer le bon outil orienté données au bon outil orienté utilisateurs. Un seul outil ne peut pas tout faire correctement. À chacun son métier.”

Le webmaster remis en cause

En ce qui concerne la mise en ligne des contenus, les réactions sont unanimes pour écarter le webmaster de cette prise de décision. Pierre Bernassau est catégorique : “Il ne faut pas qu’un webmaster touche à une page web sinon vous risquez de vous retrouver sur votre site à vendre, suite à une erreur d’affichage, des ordinateurs portables à 20 $, comme cela est arrivé à un grand constructeur informatique il y a peu”. Provocateurs, Bernard Euverte, directeur commercial chez iManage France, annonce froidement “qu’il n’y a plus de webmaster avec notre approche” et Jean-Noël Grandval, directeur général d’Instranet, considère le webmaster comme étant son “concurrent n?’ 1”. Positions d’éditeurs ? Pas seulement. Sébastien Ozanne, directeur marketing de Matra Grolier Network, estime également que “ce qui est intéressant, c’est de distribuer le contenu et de tenir le webmaster en dehors de la publication”. Tout le monde semble donc d’accord pour se passer de webmaster, mais par qui ou quoi le remplacer ? Par des processus de publication automatisés.L’automate n’est pourtant pas prêt de remplacer le webmaster. Une alternative aux métalangages trop propriétaires et aux logiciels spécialisés, parfois trop rigides, consiste encore bien souvent à prendre une poignée de développeurs et à concevoir un outil en interne. Naturellement, les éditeurs sont critiques. “ Créer un logiciel est un métier, réagit Élie Auvray. Les outils de Reef répondent à 50 %, voire 90 %, des projets. Et ce qui manque, nous le développons. C’est de l’adaptation ! Pour cela, nous pouvons former le client ou le partenaire du client.” D’accord, mais à quel prix ? Hésitant, Élie auvray rétorque : “Cela dépend des projet”. Éric Bourragué, responsable des éditions et des contenus web chez Newtech Interactive, se montre beaucoup plus direct : “Nous nous sommes posés la question de savoir si l’on développait en interne ou si l’on achetait un logiciel. Les licences des produits coûtaient très cher et les solutions n’étaient pas assez en adéquation avec nos besoins. Les coûts de développement pour adapter le produit auraient multiplié par trois le coût de la licence.”

Un marché émergent

Budget, délais, offre pléthorique…, difficile de choisir. Chez Matra Grolier Network, Sébastien Ozanne reconnaît qu’il existe bien une demande pour ce type d’outil, mais qu’il est difficile de s’y retrouver. “Je trouve hallucinant de voir certains clients s’embarquer dans des projets avec des produits immatures. Mais il y a tant de solutions… Je reçois une offre tous les jours ! En fait, je pense qu’il n’y a pas encore d’outils simples d’emploi et économiques. D’ailleurs, les PME préfèrent changer leur plaquette plutôt que le contenu de leur site web, une démarche plus facile et plus rapide !”

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Lionel Sarrès