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Axel Rückert (Getronics) : ‘ Getronics n’a jamais fait l’objet d’une véritable intégration internationale ‘

La SSII néerlandaise a appelé à la rescousse Axel Rückert afin de remettre sur les rails la société touchée par une crise financière et la récession du marché.

Quelle est l’origine exacte de la démission de la direction opérationnelle, en février ?Elle provenait d’une différence d’appréciation entre la direction et le conseil de surveillance quant à la situation financière réelle de la société. Divergence qui s’exprimait aussi au niveau des solutions préconisées par mes
prédécesseurs pour sortir de la ‘ crise financière ‘. A l’époque, les banques avaient réduit leur concours de 500 à 200 millions d’euros. De fait, les porteurs d’obligations convertibles étaient devenus
sceptiques quant à la capacité de l’entreprise à rembourser ses créances. Mes prédécesseurs ont alors émis l’idée de les ‘ indemniser ‘ en leur accordant une participation d’environ 80 % du
capital. Face à la nervosité générale et au manque de confiance qui s’était instauré, le conseil de surveillance a préféré changer d’équipe.Qu’est ce qui vous permet, aujourd’hui, d’être optimiste ?Nous avons constaté que la situation de la trésorerie n’était pas aussi alarmante que celle évoquée par la précédente direction. Une autre possibilité que la dilution massive du capital s’est faite jour : la vente des actifs
non stratégiques. Mesure accompagnée d’une forte pression sur l’amélioration du résultat dans notre c?”ur de métier. La cession de l’activité ressources humaines ­ la moins stratégique mais la plus rentable ­, pour un montant supérieur à celui
envisagé (315 millions d’euros au lieu de 250 millions), nous permet de rembourser la dette obligataire. Certes, nous avons cédé une activité qui représentait les deux tiers de la rentabilité de l’année dernière. Néanmoins, nous avons réduit
l’endettement à presque zéro si l’on cumule le produit de la vente aux 200 millions d’euros prêtés par les banques. La restructuration financière est achevée ; le principal défi consiste, désormais, à remettre à flot les activités c?”ur de
métier.Pourquoi l’année 2002 n’a-t-elle pas été flamboyante dans le secteur infogérance, justement, offre qui répond pourtant aux impératifs actuels de réduction des coûts ?Il n’y a pas un seul contrat où l’on perde de l’argent. La société est bien positionnée sur le plan géographique. Getronics a dans certains pays, comme l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique, une situation privilégiée avec
les clients. Mais il est vrai que l’entreprise n’a jamais fait l’objet d’une véritable intégration internationale. La décision de racheter Wang Global(1) était la bonne, encore fallait-il rendre homogènes et cohérentes, en aval,
les offres. L’homogénéisation a été réalisée au niveau de l’offre commerciale, mais pas à celui du back office. Chaque filiale nationale est restée indépendante, libre par exemple de disposer de tel ou tel outil de help desk. On trouve ainsi une
dizaine de help desks où le dépannage à distance est moins important qu’il ne devrait l’être, des outils informatiques dans les grands centres de support qui ne sont pas alignés les uns par rapport aux autres, etc.Le cas de la filiale italienne semble, à ce propos, le plus urgent à résoudre…Je dirais ‘ heureusement ‘ nous avons une filiale qui concentre une très grande partie des pertes. C’est une importante entreprise avec 500 millions d’euros de revenus. Beaucoup de
collaborateurs anciens ont gardé des réflexes désormais obsolètes, et n’ont pas su s’adapter à la récession du marché et à l’érosion des marges. Au contraire, la filiale italienne a augmenté l’appel à la sous-traitance. D’où une situation de
surcapacité monumentale. Grâce à un dispositif spécial permettant une mise au chômage technique entièrement supportée par l’Etat italien, cette filiale, qui a perdu plus de 40 millions d’euros l’année dernière, retrouvera l’équilibre dès le second
semestre 2003. Plan social, retraite anticipée, formation du personnel, autant de mesures qui augurent d’une remise à niveau sous neuf à douze mois. L’autre grand chantier concerne la filiale néerlandaise, bénéficiaire quant à elle, mais qui n’a
jamais fait l’objet d’intégration des sociétés d’origine, y compris sur le plan administratif et légal.Quel sera le réel impact du plan social annoncé à l’échelle de la société ?Nous avons annoncé la suppression de mille postes (sur un effectif de vingt-quatre mille salariés)(2).(1) Getronics a racheté la SSII américaine Wang Global en 1999.


(2) Le groupe a finalement annoncé la suppression de mille quatre cents emplois.

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Olivier Discazeaux