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La 8e génération de Core prouve qu’Intel a du mal à miniaturiser ses processeurs

Prévus pour la fin d’année 2017, la 8e génération de Core est la 4e génération de processeurs Intel à être gravée en 14 nm. Une anomalie dans une industrie où la finesse de gravure progresse d’année en année.

Intel n’est plus le roi de la finesse de gravure, on le savait déjà. Mais nous ignorions que la « panne » était si grave : la 8e génération de processeurs Core (Coffeelake) qui sera lancée fin 2017 sera la 4e de suite à être gravée en 14 nm, selon le site spécialisé Anandtech. En clair : Intel n’arrive plus à miniaturiser ses puces.

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En quoi cela est-il important ? Au-delà des améliorations de conception des puces (design interne, optimisations, ajouts de fonctionnalités), une partie de la hausse des performances des processeurs est liée à l’augmentation du nombre de transistors. Cette densité en transistors repose intimement sur la finesse de gravure – plus on grave finement, plus on peut « entasser » d’unités de calcul dans une surface forcément limitée.

Intel fut longtemps un roi de la miniaturisation, dépassant toute l’industrie d’un à deux « process ». Mais le vent a tourné et c’est désormais à Taïwan et en Corée du Sud qu’il faut aller chercher les champions : non content de déjà graver en 10 nm, Samsung et TSMC seraient à quelques mois seulement du lancement de la production en 7 nm (fin 2017 pour TSMC) ! Si, selon des informations relevées par nos confrères de Hardware.fr, la qualité de gravure d’Intel serait un cran au-dessus de la concurrence, il n’en reste pas moins que le leadership est perdu. De deux bonnes brasses.

Pour Coffeelake, Intel promet bien 15% de performances en plus par rapport à la génération précédente (Kaby Lake, 7e génération), mais cite pour cela le logiciel de mesure de performances SysMark, toujours un peu optimiste sur les gains réels dans la vie de tous les jours. L’architecture x86 d’Intel a un peu de mal à monter en puissance ces derniers temps, au contraire de son ennemi l’ARM.

ARM, l’architecture qui offre un meilleur rapport performance/watt

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Très réputée pour sa basse consommation énergétique, l’architecture ARM a été choisie pas un grand nombre d’industries. On retrouve des puces ARM dans tous les produits ou presque : smartphones, tablettes, consoles (Nintendo Switch !), voitures, etc. Une architecture concurrente du x86 d’Intel à laquelle tout le monde peut souscrire : il « suffit » d’acquérir une licence et de mettre des équipes d’ingénieurs sur le coup pour produire ses propres processeurs « maison », quand on ne peut acheter des processeurs x86 modernes qu’à Intel et AMD (IBM et VIA ont aussi des licences x86).

Poussés par des volumes de production énormes, les spécialistes de la technologie ARM ont lourdement investi, que cela soit dans l’amélioration de l’architecture que dans les procédés de production. Si les puces ARM sont toujours moins puissantes qu’un processeur Intel, nombre d’entre-elles offrent un rapport performance/watt bien meilleur.

Et progrès aidant, leurs performances désormais sont suffisantes pour exécuter des systèmes d’exploitation complets comme… Windows.

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Les succès de Microsoft et d’Intel vont tellement de pair qu’on a coutume de dire « WinTel » quand on parle du marché PC. Si les stratégies des deux entreprises américaines ont souvent coïncidé, le mariage pourrait battre un peu de l’aile face aux menaces actuelles.

Humilié par Android sur mobile et chahuté par Chrome OS sur les PC à bas coût (les volumes de ventes de machine sous Chrome OS sont très importants aux USA), Microsoft se réveille et développe des solutions compatibles avec les puces ARM : Windows 10 Cloud, applications universelles x86/ARM, etc.

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Loin d’être une lubie de la part de Microsoft, cette prise en compte des puces ARM est une tendance forte : outre son processeur A10 Fusion basé sur ARM, Apple serait en train de développer une puce basée sur la même architecture pour épauler les processeurs Intel dans ses ordinateurs portables – en vue de les remplacer à terme ? De nombreux Chromebook fonctionnent aussi avec des processeurs ARM.

Le grand perdant de cette équation est bien évidemment Intel : ses puces sont soit trop chères, soit trop énergivores (voire les deux). Intel le sait et à même récemment acquis une licence ARM pour développer ses propres solutions. Mais avec deux générations de retard dans les process de fabrication et un marché cœur (celui du PC) en berne, il va falloir que le géant de Santa Clara se secoue les puces. Car ce n’est pas la génération Coffelake qui va redorer son blason. D’autant qu’AMD, qui a repris du poil de la bête, est en embuscade.

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Adrian BRANCO