Passer au contenu

Test : Fujifilm GFX 50R, un capteur géant dans un boîtier taillé pour le terrain

Version plus compacte du GFX 50s sorti il y a 18 mois, le GFX 50R a comme avantage d’être tout aussi bon. Si l’autofocus n’est pas très vif et la stabilisation mécanique absente, la partition photographique s’avère impressionnante.

L'avis de 01net.com

Fujifilm GFX 50R

Les plus

  • + Capteur grand format 44 x 33 mm
  • + Qualité d'image
  • + Prix record pour un moyen-format
  • + Robustesse

Les moins

  • - AF un peu mou
  • - Pas de stabilisation du capteur

Note de la rédaction

Note publiée le 21/06/2019

Voir le verdict

Fiche technique

Fujifilm GFX 50R

Monture (baïonnette) Fujifilm G
Format de capteur Moyen format 32,8 x 43 mm
Définition du capteur 51.1 Mpx
Type de capteur CMOS
Sensibilité ISO min 100
Voir la fiche complète

Dans le tout petit milieu des appareils photo à grand capteur dits « moyen-format », le premier modèle de Fujifilm avait l’effet d’une bombe atomique. Ce marché de quelques centaines de pièces – 300 en 2016 – a connu le séisme du GFX 50S en 2017, un appareil deux à trois fois moins cher que ceux de  la concurrence qui et a phagocyté l’essentiel des ventes. Fujifilm a décidé de capitaliser sur ce succès : le successeur appelé GFX 100 sera lancé cet été à 11.000 euros.

Adrian BRANCO / 01net.com

Mais pour les bourses les moins garnies, Fujifilm a sorti la carte du recyclage technologique avec le GFX 50R, une simplification du GFX 50s, un boîtier qui se négocie déjà aux alentours de 4500 euros. Faisant de lui le moins cher des appareils moyen-format jamais lancé sur le marché. Enfin une option pour reporters documentaires et autres amoureux de la photo de paysage ?

Capteur XL dans un boîtier façon télémétrique

A.B. / 01net.com

Contrairement à son frère le GFX 50S, le GFX 50R ne dispose pas d’un viseur amovible, mais il intègre, comme les X100x et X-E de Fujifilm, un viseur placé sur le côté à la manière des appareils photo télémétriques. Un côté rétro amplifié par les dimensions généreuses des molettes et autres boutons. Bon point : l’écran est orientable, ce qui facilite les cadrages au ras du sol, à bout de bras, au niveau du ventre, etc. Un vrai élément de confort que Fujifilm a su intégrer en dépit des contraintes de robustesses inhérentes aux appareils de reportage – la marque profite ici du savoir-faire acquis avec la série X-T.

A.B. / 01net.com
A.B. / 01net.com

Mastoc, le GFX 50R n’est pas une brique dans le sac. Avec seulement 775 grammes le boîtier nu avec la batterie, c’est même un poids léger des appareils à capteur moyen-format. À titre de comparaison, le Panasonic Lumix S1R s’avère bien plus lourd – 1020 g – alors que son capteur 24×36 mm est plus petit que celui du GFX. Le GFX 50R ne pèse d’ailleurs qu’un peu plus de 100 g que le Sony A7R Mark III (657 g), référence des hybrides 24 x 36 mm à capteur plein format. Fujifilm a fait un très bon travail en matière de contrôle du poids ce qui fait que l’appareil, qui n’est pas très dense, est facile à manipuler. Une « légèreté » en main qui a permis à Fujifilm de bien isoler la partie électronique, facilitant le travail de tropicalisation de l’ensemble.

A.B. / 01net.com

Garni de joints d’étanchéités, le GFX 50R est bien un appareil de terrain : la promesse de Fuji est de pouvoir emporter partout avec soi un appareil qui délivre une qualité d’image « studio ». Une promesse tenue côté boîtier. Mais gare aux optiques !

A.B. / 01net.com

Si des cailloux développés pour une pratique de reportage terrain comme le GF45mm F2.8 R LM WR mm (36 mm en équivalent 24×36 mm, 490g) en font un appareil suffisamment léger et compact, les optiques plus haut de gamme et plus lumineuses comme le zoom grand-angle GF32-64 mm f/4 R LM WR (21-51 mm en équivalent 24×36 mm) que nous avons testé en même temps alourdissent un peu le sac (875 g). Et cela peut même aller plus loin avec par exemple le GF250mmF4 R LM OIS WR (éq. 198 mm) qui pèse 1,4 kg !

Beauté des JPEG, richesse des RAW

A.B. / 01net.com

L’une des forces de Fujifilm est la qualité de ses Jpeg, réputée dans le monde des photographes –de nombreux photojournalistes envoient directement les Jpeg directement sortis du boîtier même pour les travaux documentaires tellement certains modes ont du « chien », tel le Classic Chrome.

Le GFX 50R profite de ce savoir-faire acquis depuis le lancement du premier hybride numérique de la marque (X-PRO 1, 2012) et on retrouve la patte Fujifilm aussi bien dans la douceur des détails que dans la justesse des tons des ciels et les gradients de verts des plantes. Notez pour les plantes que le mode de balance des blancs fonctionne un peu moins bien en basses lumières – tendance à la « bleuite aigüe » dans les ombres – mais cela se corrige très bien en RAW sous Lightroom (WB = Lumière naturelle et tout rentre dans l’ordre).

Cette douceur naturelle des Jpeg ne plaît pas à tout le monde et peut être contournée en développant manuellement les fichiers RAW. Des fichiers riches en informations avec lesquels on peut aller chercher ce côté « tranchant » très à la mode chez les opticiens et constructeurs photo actuels. On peut alors faire « cracher » le capteur et aller chercher un niveau de détail encore supérieur aux Jpeg. Et surtout inaccessible aux appareils à capteurs plein format 24×36.

Inaccessible non seulement en termes de détails – le capteur et les optiques sont plus gros et captent plus de lumière – mais aussi en termes de plage dynamique. Le capteur de 50 Mpix conçu par Sony offre ainsi des résultats incroyables en récupération de détails que ce soit dans les hautes ou les basses lumières.

Cette photo ci-dessus prise en mode manuel dans les grottes du Drach à Majorque (Cuevas del Drach, appareil posé sur le rebord) a été capturée afin de mesurer la récupération des détails et des couleurs sur des clichés sous-exposés (optique GF32-64 mm f/4 R LM WR @32 mm f/4, 100 ISO, 4s). Le résultat est tout bonnement hallucinant : l’appareil a récupéré toutes les informations des couleurs du son & lumières.

Ne croyez pas que ces performances se limitent à la capture à 100 ISO. Même en hautes sensibilités, le capteur CMOS moyen-format offre un excellent maintien des couleurs et des détails comme pour cette photo de taverne ci-dessus, capturée à 12.800 ISO (RAW traité par Lightroom CC).

Le RAW étant ce qu’il est, il faudra faire attention à l’apparition de moiré dans certaines scènes où apparaissent des motifs géométriques répétitifs (joie des capteurs sans filtre passe-bas) comme dans ces palmiers. Sur les Jpeg en revanche, point de moiré, pas d’aliasing et quasiment jamais d’aberrations chromatiques.

Pour les grands tirages… et le plaisir des yeux !

A.B. / 01net.com

Le GFX 50R n’améliorera pas fondamentalement votre flux Instagram. L’intérêt d’un capteur si grand n’est pas à chercher dans la qualité d’image suffisante, mais dans la qualité d’image pure, dans les besoins spécifiques et dans le plaisir des yeux.

Côté image pure, comme on l’a vu chez son grand frère le GFX50s à qui il emprunte la plate-forme technique, le capteur fait des merveilles tant en termes de couleurs que de plage dynamique. Le rendu est aux antipodes des Sony, Sigma, etc. qui sont à la recherche du « tranchant » de l’image car, avec son capteur grand format (44 mm x 33 mm), Fujifilm n’a pas besoin d’aller « chercher » de la définition et des détails. Ils sont là naturellement. La marque japonaise privilégie toujours les rendus « organiques », plus doux et naturels que la mode actuelle de l’hyper précision.

La définition d’image de 50 Mpix permet de répondre à des besoins spécifiques comme le recadrage – un crop panoramique produit déjà des images de plus de 25 Mpix ! – ou les tirages pour des expositions par exemple. Non seulement la définition, la précision d’image ainsi que la qualité intrinsèque de chaque photosite offrent suffisamment de matière pour envisager des impressions de grand format, mais surtout les tirages qui ont à la fois du piqué et un relief naturel. L’avantage des très grands capteurs.

Finalement, il y a aussi une part de plaisir dans la production d’images si riches. Le plaisir de regarder ses fichiers à 100% et de se noyer dans les détails des matières. Ou encore la joie de percevoir ces détails qui font la différence, comme la douceur des transitions des flous ou cette perception des volumes, difficile voire impossible à reproduire avec des capteurs plus petits.

AF mollasson, capteur non stabilisé

Si vous êtes un utilisateur d’hybrides Fujifilm, sachez que l’autofocus de ce GFX 50R peut être comparé à celui d’un XT1. Pas aussi lent que celui du premier X-Pro 1, l’AF de cet hybride moyen-format est cependant bien plus lent que ce Fujifilm est désormais capable de proposer en APS-C. Ce qui est assez logique : partageant la même électronique que celle de son grand frère et prédécesseur le GFX 50s, le GFX50R représente la première génération d’appareils moyen format chez Fujifilm, alors que les appareils APS-C en sont à la 4e génération d’électronique.

Si le GFX 100 qui sera lancé cet été profitera d’une électronique et d’un équipement de pointe (capteur 100 Mpix BSI, stabilisation mécanique, etc.) le GFX 50R recycle la partition du GFX 50s. L’avantage est cependant son coût. A 4600 euros, il est 900 euros moins cher que le GFX 50s et 6400 € moins cher que le GFX 100. Quand on vous dit qu’il est accessible ce moyen format !

Le fait que la vidéo soit limitée à de la Full HD n’est pas un handicap à notre sens sur un boîtier tellement typé « photographie ». Mais l’absence de stabilisation est en revanche plus regrettable. Si c’était peu gênant pour le GFX 50s lancé il y a deux ans car plutôt dédié à la photo de studio, cela se sent plus pour ce GFX 50R, dédié au reportage. Certes, Fujifilm a pu se permettre de lancer un boîtier à ce prix-là (c’est-à-dire si peu cher pour un moyen-format) en capitalisant sur les pièces et le travail déjà effectué pour le 50s, mais dans certaines situations, la stabilisation n’aurait pas été de trop. Plusieurs de nos clichés de fin de journée, quand les rayons du soleil sont derrière les bâtiments, souffrent d’un léger flou. Des flous au 1/60e de seconde causés par le fait que le moindre mouvement de l’opérateur sur un capteur si grand et d’une telle définition induit un décalage de pixels.

A.B. / 01net.com

Une stabilisation mécanique même rudimentaire – 3 vitesses – aurait permis de descendre sereinement plus bas dans les vitesses. Le GFX 100 avec ses 100 mégapixels sera le premier moyen-format de la marque à profiter de la stabilisation du capteur. Espérons que le successeur du GFX 50R en profite d’ici deux ou trois ans.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.