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Test : Fujifilm GFX50s, l’hybride à 8 000 euros qui produit une qualité d’image folle

Aussi à l’aise en studio que par temps de pluie, l’hybride à capteur moyen-format de Fujifilm répond aux besoins des pros à la recherche d’une qualité d’image supérieure aux appareils 24×36. 

L'avis de 01net.com

Fujifilm GFX 50s

Les plus

  • + Capteur grand format 44 x 33 mm
  • + Qualité d'image
  • + Prix (pour la catégorie)
  • + Modularité
  • + Robustesse

Les moins

  • - Système naissant
  • - AF un peu mou

Qualité photo

5 / 5

Qualité vidéo

3.5 / 5

Réactivité

2.5 / 5

Ergonomie et finition

5 / 5

Appréciation générale

5 / 5

Autres critères et mesures

4.5 / 5

Note de la rédaction

Note publiée le 24/07/2017

Voir le verdict

Fiche technique

Fujifilm GFX 50s

Monture (baïonnette) Fujifilm G
Format de capteur Moyen format 32,8 x 43 mm
Définition du capteur 51.4 Mpx
Type de capteur CMOS
Sensibilité ISO min 100
Voir la fiche complète

Fujifilm a fait le grand saut . Après un premier virage raté du numérique, la marque a commencé par se reprendre avec les compacts experts (série X100), a séduit les photographes de rue et autres reporters avec ses hybrides (série X) et la voici à courtiser les photographes professionnels à la recherche de la qualité d’image maximale avec son GFX 50s, son premier moyen-format numérique.

Un boîtier hybride qui inaugure une nouvelle monture (monture G) et un nouveau parc optique au service d’un nouveau capteur géant avec une première itération à plus de 50 millions de pixels. Une machine professionnelle coûtant 7 000 euros boîtier nu, qui permet à Fujifilm de proposer le moins cher – si, si ! – des boîtiers hybrides moyen format dans un monde où le ticket d’entrée dépasse généralement 10 000 euros.

Capteur géant

A. Branco / 01net.com

« Ô, le grand capteur ! », s’extasie le badaud, béat devant tant de surface. Mesurant 43,8 x 32,9 mm, le CMOS 51,4 Mpix profite d’une surface utile 1441 mm², 66% plus grande qu’un capteur plein format 24×36 mm. Ce qui laisse loin, très loin votre capteur de smartphone !

A. Branco / 01net.com – A côté du capteur moyen format de 43,8 x 32,9 mm du Fujifilm GFX 50s, le capteur 24×36 du Sony ALpha A7R Mark II paraît bien petit !

Conçu par Sony – le « roi des capteurs » – ce monstre de l’image marque un retour à la matrice de Bayer pour Fujifilm. Depuis le X-Pro 1, la firme nipponne utilisait en effet un capteur APS-C dit « X-Trans » à la répartition des photosites très différente. Une astuce qui a permis à Fujifilm de se passer très tôt de filtre passe-bas mais qui forçait les ingénieurs de Fujifilm à développer de nouveaux algorithmes de traitement d’image ce qui fut un frein aux performances, notamment en vidéo.

En revenant au traditionnel capteur à matrice de Bayer, Fujifilm propose aux éditeurs de logiciels une solution facile à dématricer (l’interprétation des fichiers RAW) et donc une assurance, pour les photographes, que leurs précieuses images seront bien et efficacement prises en charge.

Si son capteur moyen-format surclasse en taille les appareils grand public – et même les reflex professionnels –  le GFX 50s ne dispose pourtant pas du modèle le plus grand du marché : les XF de Phase One, une entreprise spécialisée dans la photo professionnelle, sont équipés de capteurs plus grands. Les équipes de Fujifilm ont opté pour un format un peu plus petit qui, d’un côté, marque bien sa différence par rapport aux modèles 24×36 tout en évitant de pousser trop loin le bouchon côté optiques bazooka – plus un capteur est grand, plus les optiques sont lourdes et encombrantes.

Certains pros dans certaines niches photographiques trouveront peut-être quelque chose à y redire, mais de notre point de vue, Fujifilm a fait un bon choix puisque cette monture s’avère compatible, par le biais d’une bague d’adaptation, avec le parc optique Hasselblad. Et surtout la qualité d’image est réellement un cran au-dessus de ce que peuvent produire les appareils 24×36 mm – et, in fine, ses propres hybrides à capteur APS-C.

Déluge de pixels

Que dire des images qui sortent de ce boîtier ? Que la réalité est à la hauteur de la promesse. Le GFX 50s produit parmi les plus belles images que nous ayons jamais vues, tout simplement. Une performance doublée d’une sensibilité pour la belle image, car aucun des clichés ne présente des pixels taillés au couteau. Les images sont douces, naturelles.

Marque d’expérience, Fujifilm a réussi avec le GFX 50s à trouver le bon équilibre entre richesse des détails et subtilité du plan de netteté.

Par rapport à un reflex à capteur plein format, les sujets dans la plage de netteté offrent un degré supplémentaire de présence. Cela est autant dû aux optiques qu’à la taille des photosites, les fameux pixels. Plus grands que sur un Canon EOS 5Ds, reflex équipé lui aussi d’un capteur de 50 Mpix mais de plus petites dimensions, on sent que les « gros » photosites du GFX 50s profitent de plus de lumière et sont ainsi plus précis.

Les détails tels que les feuilles, poils et cheveux sont parfaitement dessinés, ciselés même. La définition généreuse de plus de 50 Mpix produit des fichiers où l’œil se perd une fois ceux-ci affichés à 100% sur un écran 1440p, noyé par le déluge de détails et de subtilités des images – surfaces, renfoncements, peinture qui s’écaille, etc.

Un tel déluge de pixels et de détails implique logiquement des usages adaptés, où le matériau sera correctement mis en valeur (avec de grands tirages, notamment). Car postée sur Facebook ou Instagram, l’image issue d’un tel boîtier n’a de sens que si on joue à fond la carte de la finesse de la profondeur de champ.

Bokeh et netteté

A ouverture donnée, plus un capteur est grand, plus sa plage de netteté est étroite – plus il est petit, plus elle est large. Le capteur géant du GFX 50s permet donc de profiter d’une plage de netteté bien resserrée sur le sujet… et de flous d’une grande douceur. Trop souvent éclipsé sur l’autel de la recherche de la netteté, le flou est pourtant un élément important d’un portrait, d’un détail, puisque c’est sur sa matière et sa nature que s’appuie le sujet sur lequel la mise au point est faite.

Maître des optiques et des rendus naturels (lire plus loin notre appréciation du traitement des couleurs), Fujifilm est aussi un spécialiste de l’optique est c’est aussi grâce à cette maîtrise du verre que le GF 50s produit des transitions flou>net aussi douces et réalistes. Le plan net est tout en relief, précis et plein de vie, et le trajet vers la zone floue se fait d’une manière si progressive qu’on a l’impression que Fujifilm a parfaitement réussit à reproduire le comportement de l’œil.

Attention en revanche à la mise au point. Avec des plages si minces, notamment à f/2.8, il est facile de rater sa cible et produire une image avec moins de punch ou bien dont le point focal est différent de celui envisagé par le photographe.
Antithèse du smartphone où on shoote et tout est net, un moyen format demande de bien contrôler la mise au point. Ce d’autant plus que le GFX 50s n’est pas encore au niveau de son petit frère le X-T2 en ce qui concerne la nervosité, l’acquisition et le maintien du point sur un sujet (lire plus loin).

Superbes JPEG

Le retour à la matrice de Bayer n’a posé aucun problème à Fujifilm en ce qui concerne la reproduction des couleurs, l’une des grandes forces de la marque. Vous pouvez vous faire votre propre idée en téléchargeant les fichiers Jpeg originaux sur notre galerie Flickr. Vous arriverez sans aucun doute à la même conclusion que nous : saufs besoins de compositing (publicités, retouche de peaux, etc.) ou situations de prise de vue très difficiles (basses/hautes lumières, balances des blancs prises en défaut, etc.) les fichiers Jpeg sont tellement bons et les couleurs tellement justes que la plupart des photographes peuvent s’en contenter. Oui, pour des travaux professionnels aussi !

Le GFX 50s hérite des modes de simulation de film de ses petits frères les X-Pro2 et X-T2, à savoir les modes PROVIA (standard), VELVIA (éclatant), ASTIA (doux), Classic Chrome, PRO Neg Hi, Pro Neg Standard pour ce qui concerne les rendus couleur, et les différents modes noir & blanc dont l’excellent ACROS et ses variantes qui font le délice des photographes de mariage à la recherche de rendus doux et élégants.
A l’œil, nous n’avons observé aucune différence de nature de rendu entre les modes du GFX et ceux de ses frangins à petit capteur APS-C. En clair, c’est toujours aussi bon.

Cela ne signifie pas que le GFX gère toutes les lumières de la même façon et nous avons noté quelques difficultés à produire une bonne balance des blancs sous certains éclairages artificiels (néons) et dans les basses lumières des matins d’hivers couverts. Mais un petit réglage manuel a vite fait de rétablir la situation.

Côté ISO, le grand capteur est un monstre de précision des couleurs jusqu’à la valeur maximale de 12 800 ISO. Si les détails commencent alors à s’estomper (oui, jusqu’à 6400 ISO c’est toujours propre !) la nature des couleurs ne bouge pas d’un iota. Impressionnant !

A.B. – 12.800 ISO permettent de travailler à main levée même dans les endroits les plus sombres. Notez ici le maintien des textures de la couverture des livres et le bruit peu envahissant.

RAW magiques, bonne plage dynamique

Un appareil photo produit deux genres de fichiers : le RAW qui est le « négatif numérique », un format aux défauts non traités mais qui renferme énormément d’informations. Et le JPEG, un fichier interprété où les aberrations chromatiques et autres défauts optiques sont corrigés mais dont la compression fait perdre beaucoup de latitude de développement dans les hautes et basses lumières et dans la nature des couleurs.

Ce qui est impressionnant avec un appareil de la classe du GFX 50s c’est que non seulement les fichiers Jpeg sont magnifiques (lire ci-dessus), mais en plus les RAW sont riches, très riches. Observés sous Lightroom CC 2015.12 et son moteur de rendu Camera RAW en version 9.12, les RAW du GFX n’ont pas ce rendu mou et plat que l’on retrouve chez tous les appareils à capteurs plus petits et aux optiques plus approximatives.
Les fichiers permettent de récupérer un nombre conséquent d’informations dans les basses lumières, sans avoir besoin d’un coup de netteté pour avoir du punch. Sous Lightroom, on peut positionner les curseurs « hautes lumière » à -100% et « Ombres » à +100% afin de révéler tous les détails dans les nuages comme les coins obscurs et ce sans obtenir un fichier au look HDR exagéré.

Cette plage dynamique supérieure aux reflex plein format est une des autres grandes forces des moyen-formats et ce GFX 50s en profite à fond. Des fichiers mal exposés ou pris dans des conditions délicates qui aurait été difficilement récupérables, voire à jeter, ont ici suffisamment de matière pour être travaillés, surtout dans les basses lumières. Certains boîtiers moyen-format font mieux, mais ils sont plus chers que l’appareil de Fujifilm.

Ergonomie professionnelle

A. Branco / 01net.com
A. Branco / 01net.com
A. Branco / 01net.com

Massif sur les photos, le GFX 50s n’est en fait pas plus gros ni plus lourd qu’un reflex professionnel. Le vrai surplus de poids provient des optiques, logiquement plus imposantes que celles des reflex plein format (à focale et ouverture équivalente).
Cela étant, l’appareil professionnel de Fujifilm se manie très facilement et offre une prise en main adéquate, à la fois rassurante mais pas envahissante. Les mains trouvent aisément les commandes, le ressenti est très reflex, nonobstant l’écran arrière qui ressort de manière un peu exagérée, la faute à l’électronique et au compartiment de la batterie.

A. Branco / 01net.com
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Livré avec un viseur amovible, le GFX 50s peu maigrir encore un peu en mode studio en retirant ce dernier lorsqu’il est utilisé sur un trépied par exemple. Un bel exemple de modularité, essentielle pour ce genre d’appareil où l’ergonomie est un facteur déterminant.
Concernant cette dernière, Fujifilm livre une belle partition avec des molettes bien robustes, des boutons suffisamment larges et un accès rapide aux informations via l’écran supérieur.

A. Branco / 01net.com
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Outre la prise USB 3 qui aurait dû être au format USB-C, notre seul grief est imputable une fois encore à l’excroissance de 1 cm d’épaisseur qui porte l’écran LCD orientable. Au-delà de l’encombrement supérieur, ce plateau a forcé à les ingénieurs à déplacer les boutons de lecture et de suppression des clichés sur un rebord pas si facile à accéder avec le pouce droit.

A. Branco / 01net.com
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C’est un petit rien, mais comme nous l’avons soulevé, l’ergonomie est un facteur d’importance. Cet petit bémol mis à part, on apprécie la trappe à double cartes SD – pourquoi pas de QXD plus rapide et plus résistante ? – à la fois simple à ouvrir et très protectrice, de même que le petit joystick bien pratique – mais la prochaine fois un peu plus gros SVP !

Du studio au Colorado

A. Branco / 01net.com

Affiché à 8000 euros boîtier nu, le GFX 50s est certes un appareil coûteux, mais il n’est pas fragile. Entièrement tropicalisé, le boîtier est, à l’instar des 645D et 645Z de Pentax, réellement taillé pour les terrains difficiles. Un argument de poids pour les photographes de paysage, une population logiquement très sensible aux grands capteurs et aux super définitions d’image.
Il pourra donc encaisser les voyages et autres shootings sous la bruine et le vent sans (trop) faire stresser son propriétaire. Les commandes bien espacées et les boutons suffisamment larges permettent d’envisager un usage avec des gants.

A. Branco / 01net.com

Si le boîtier n’est pas plus lourd qu’un reflex plein format type Nikon D8x0 ou Canon 5Dx, gardez cependant à l’esprit que les optiques sont plus lourdes, plus longues et plus massives que leurs consœurs du monde reflex. Et la grande taille du capteur devrait limiter le développement des super téléobjectifs – vous imaginez un équivalent 400 mm f/2.8 en version moyen-format vous ?

La vitesse, une question de référentiel

A. Branco / 01net.com

Boîtier hybride, c’est-à-dire sans le miroir de la visée reflex, le GFX 50s ne peut pour l’heure pas rivaliser avec les boîtiers les plus rapides du genre. Sans être vraiment lent, son grand capteur est une limite supplémentaire pour proposer un AF aussi véloce que sur les capteurs plus petits. Dans sa gamme des moyens-formats, le GFX 50s est l’un des boîtiers les plus rapides du genre, mais ne s’avère que moyen dans la compétition générale.

S’il s’en sort bien en général et notamment en basses lumières, il connaît quelques ratés notamment dans le maintien du point sur un sujet lorsque celui-ci bouge trop. Même plus rapide que les autres moyen-formats, le GFX 50s n’est pas un boîtier taillé pour l’action.
Attention aussi aux vitesses d’exposition. Ni le capteur ni les optiques ne sont stabilisées – Fujifilm ne maîtrise pas encore la stabilisation du capteur sur ses hybrides APS-C et l’utilise seulement avec parcimonie sur ses optiques pour ne pas détériorer la qualité d’image. Si la montée en ISO est vraiment bonne, il faudra faire attention de ne pas descendre trop en dessous du 1/30e, voire du 1/50e de seconde à main levée.

Vidéo : seulement du Full HD

La vidéo n’a jamais été le point fort de Fujifilm, même si la marque a sérieusement amélioré sa copie depuis le X-T2 qui filme en 4K à de très bons débits et sans recadrage. Si la marque va continuer ses efforts dans ce domaine – ce d’autant plus qu’elle produit aussi des optiques de cinéma en monture XF – Fuji n’a cependant pas tenté le diable avec le GFX 50s et n’a doté son boîtier géant que d’un simple mode Full HD.
Certes, un tel capteur était la promesse d’arrière-plans flous encore plus saisissants que sur les appareils plein format 24×36, mais il est difficile d’en vouloir à la marque pour cette première incursion dans le domaine de la photo grand format. Une mise à jour logicielle serait certes la bienvenue, mais vu le positionnement de l’appareil – la photo grand format – le manque n’est pour nous que mineur.

Parc optique : la garantie Fuji

Sans optique un système n’est rien et ça, Fujifilm l’a bien compris. En annonçant son boîtier, la marque a directement lancé trois optiques et en a annoncé trois autres. Six optiques la première année, plus le développement d’autres modèles dans les années à venir et une compatibilité avec les optiques Hasselblad (que Fujifilm construit pour la marque suédoise…). Dès le départ, le GFX 50s rassure les photographes qui souhaitent investir dans un système à la fois nouveau et coûteux. Dommage que Ricoh n’ait pas fait la même chose avec ses Pentax 645D et 645Z…

Les 6 optiques déjà développées – et a priori les suivantes aussi – sont tropicalisées pour assurer par tous les temps. Selon les ingénieurs de Fuji, elles sont toutes conçues pour tenir le coup « au moins » jusqu’à des capteurs de 100 Mpix, voire plus. De quoi assurer pour quelques générations de boîtiers !

Sérieux dans la bataille

L’incursion de Fujifilm dans le moyen format n’est pas une lubie passagère, le Japonais a déjà conçu de nombreux boîtier argentiques au XXe siècle, développe et construit toujours des optiques pour d’autres (Hasselblad) et son savoir-faire numérique récemment acquis lui permet de se lancer à 100% sous son nom dans l’arène.

En face de lui, aucun acteur n’est un industriel si puissant, Ricoh étant inaudible et les autres (Phase One, Hasselblad) sont des PME à côté de Fuji. Face à un Sony déjà tout puissant dans le plein format, Fuji a choisi la voie de “moins de volume, plus de qualité”. Et pour son premier coup, Fuji a mis dans le mille. Ce GFX 50s est une merveille.

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