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Test : Panasonic Lumix S1R, un hybride superpixel taillé pour la photo d’aventure

Face au Sony A7R4 et autre Nikon Z7, Panasonic propose avec son S1R un boîtier lui aussi très généreux en pixels (47 Mpix !), mais bien plus résistant et bardé de fonctionnalités. Seul bémol : un prix élevé dans un marché sans pitié.

L'avis de 01net.com

Panasonic Lumix S1R

Les plus

  • + Qualité photo et vidéo
  • + Boîtier ultra renforcé
  • + Viseur électronique 5,7 Mpix
  • + Fonctionnalités riches

Les moins

  • - Boîtier encombrant et lourd
  • - Autofocus en basses lumières
  • - Prix élevé

Qualité photo

4 / 5

Qualité vidéo

4.5 / 5

Réactivité

4 / 5

Ergonomie et finition

4.5 / 5

Appréciation générale

4.5 / 5

Autres critères et mesures

4.5 / 5

Note de la rédaction

Note publiée le 02/09/2019

Voir le verdict

Fiche technique

Panasonic Lumix S1R

Monture (baïonnette) L-Mount
Format de capteur Plein format 24 x 36
Définition du capteur 47.3 Mpx
Type de capteur CMOS
Sensibilité ISO min 100
Voir la fiche complète

Plus de dix ans après avoir été le pionnier des hybrides, Panasonic rejoint cette fois un peu plus tardivement Sony, Nikon et Canon dans la bataille des boîtiers hybrides à capteur plein format. Le S1R est l’appareil de tous les superlatifs : taillé à la serpe, ce gros boîtier est le plus solide du genre, ultra riche en pixels (47 Mpix !), à la pointe techniquement, hyper équipé (SD + XQD, double stab, etc.). La question était donc de savoir quelles sont ses limites et si Panasonic a de quoi se faire une place sur un marché où les acteurs se font une concurrence de plus en plus acharnée pour un volume des ventes de boîtier en chute libre. Alors, parfait ce S1R ?

L’incroyable Hulk

Adrian Branco / 01net.com

Si ce boîtier était un super héros, il serait sans aucun doute « Hulk », moins vert, mais tout aussi résistant. Large et anguleux, il est le plus lourd, le plus large et le plus blindé des hybrides à capteur plein format. Si vous êtes un photographe d’expérience, on peut le comparer à un reflex plein format en termes de prise en main, type Nikon D850.

A.B. / 01net.com

Un format qui tranche avec l’approche générale des hybrides qui ont joué, dès leurs débuts en 2008, sur leur plus faible poids et sur leur plus grande compacité par rapport aux reflex. Panasonic a commencé à rompre avec la doctrine de la compacité avec son excellent Lumix G9, un boîtier à capteur Micro 4/3 massif qui préfigure du S1R. La raison de ce « retour » à un format plus reflex tient au meilleur équilibre avec les optiques les plus lourdes et à la plus grande résistance du format.

A.B. / 01net.com

Poussant plus loin que le G9 la recherche de solidité, le S1R donne confiance aux photographes baroudeurs dès le premier contact avec le grip, massif. Tout en angles, le tank de Panasonic a fait l’objet de toutes les attentions de la part des ingénieurs pour venir titiller les reflex de Canon et Nikon. Si notre test de quelques semaines ne peut nous permettre d’affirmer que le pari est rempli – il faut des mois de test pour être catégorique -, nous sommes cependant confiants. Dans le clip ci-dessous réalisé par Panasonic France, un S1R se fait bien maltraiter. Nous avons manipulé l’appareil quelques jours après le tournage et mis à part quelques traces d’usure et un bout de molette qui montrait les marques du feu, l’appareil fonctionnait toujours comme une horloge.

https://www.youtube.com/watch?v=QfyjUBmgTI0

C’est non seulement une performance pour un outsider, mais c’est aussi une leçon donnée à Canon et Nikon car Panasonic semble ici livrer le même niveau de résistance (voire un peu plus) que les reflex pros des deux géants, mais avec un écran orientable sur charnières. Si vous êtes maladroit et que vous avez peur de la fragilité des hybrides (on pense notamment aux deux premières générations d’Alpha A7), le S1R et son frère le S1 devraient vous mettre en confiance !

Belle mécanique

A.B. / 01net.com
A.B. / 01net.com
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Ultra moderne avec son mode haute définition par déplacement du capteur, sa rafale 6K, etc. le S1R a pourtant un toucher bien mécanique. Panasonic a en effet mis l’accent sur les boutons, molettes et leviers pour leur donner ce toucher un peu brut. À contre-pied d’un boîtier « lifestyle » comme le Leica CL, le Panasonic Lumix S1R a ce côté « à l’ancienne » où tout peut se régler à l’aveugle (ou presque) sans écran, pourvu qu’on connaisse son boîtier.

A.B. / 01net.com
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Le revers de la médaille est que le S1R est un boîtier un peu plus « physique », car non seulement il est lourd, mais surtout il faut parfois faire un peu plus d’effort côté articulations pour changer un réglage. Heureusement pour les fainéants, L’appareil est aussi largement pilotable depuis l’écran tactile, un domaine dans lequel Panasonic est devenu maître grâce à ses modèles grand public de Lumix G. Les menus sont les plus clairs et les plus faciles à manipuler de manière tactile – coucou Sony !

De 47 à 187 Mpix, un monstre d’image

A.B. / 01net.com

Dépourvu de filtre passe-bas, le capteur 47 Mpix du S1R est un monstre de définition. Non seulement il offre la seconde meilleure définition d’image du monde des hybrides plein format après le Sony A7R Mark IV (61 Mpix), mais en plus il profite d’un mode très haute définition de 187 Mpix.

Comme nous vous en avions parlé lors de notre prise en main, cette fonction qui assemble plusieurs images après des micro-déplacements du capteur est limitée dans l’usage (trépied, pas de mouvements, sujet immobile, lumière constante). Mais elle offre aux photographes studio de type packshot ou nature morte la définition du moyen-format pour une fraction du prix.

La qualité d’image de ce capteur, nous l’avons déjà en partie découverte avec le Leica Q2 qui l’intègre. Si les moteurs de rendu des couleurs diffèrent un peu, les résultats sont peu ou prou les mêmes. Et ils sont très bons : les clichés sont très riches en détails, les couleurs justes même en basses lumières…tout ça en RAW. En effet, sans être mauvais, le moteur de rendu JPEG en mode “Normal” est parfois timoré, sans doute pour limiter les effets d’aliasing causés par l’absence du filtre passe-bas. Un traitement qui nuit un peu au punch que les fichiers RAW expriment pourtant de manière naturelle. Rien de grave et les JPEG sont parfaitement exploitables, mais sachez que le capteur en a sacrément sous la pédale quand on travaille en RAW.

La seule faiblesse du capteur tient, comme chez ses concurrents, dans le nombre de pixels ! Quoi que de très bonne facture, on sent qu’à pleine ouverture le 24-105 f/4 est vraiment, à 105 mm, à sa limite de pouvoir de résolution. Cela se sent quand on fait le parallèle avec les clichés qui sortent de l’excellent 50 mm f/1.4, seule optique de la gamme à pouvoir faire « cracher » tous ses pixels au capteur 47 Mpix. Il faut donc, comme dans la série « R » des Alpha A7, s’équiper d’optiques de qualité pour tirer pleinement parti des 47 Mpix. Ce qui se paye en argent et en poids/encombrement.

Viseur d’exception

A.B. / 01net.com

Une fois que l’on a passé quelques jours avec le viseur 5,7 Mpix du Lumix S1R, revenir à un autre viseur électronique est un peu difficile ! Il s’agit de l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur viseur que nous ayons jamais testé. Si celui de l’Alpha A9 a toujours l’avantage de la fluidité et du temps de réponse qui va de pair avec la furie de son capteur, le viseur du S1R est le plus défini, le plus précis du genre. Cette précision d’image a comme vertu de mieux apprécier la netteté d’un cliché avant la prise de vue. Moins onctueux et “organique” que le viseur du Nikon Z7, le viseur du S1R est donc moins poétique, mais plus pratique, plus “technique”. C’est une question de goût.

A.B. / 01net.com

Comme tout hybride qui se respecte, le viseur électronique est suppléé par un écran, là encore excellent en ce qui concerne notre S1R. Non seulement la dalle est splendide, mais en plus l’ergonomie tactile est, comme nous l’avons dit plus haut, excellente. Et la charnière, ultra résistante, est plus pratique en photo que la rotule classique des boîtiers à la Lumix G9 – une rotule conservée pour le modèle vidéo récemment annoncée. Panasonic montre ici qu’il a appris de ses erreurs et qu’il sait adapter les équipements selon les besoins de la cible – les photographes (presque) purs dans le cas du S1R.

Autofocus, forces et limites du DFD

En pleine lumière, la qualité des algorithmes de sa technologie DFD permet à Panasonic de (presque) égaler les autofocus hybrides (phase + contraste) de la concurrence, le tout avec de la « simple » détection de contraste. Mais point de miracle, en basses lumières la technologie DFD est non seulement moins réactive, mais aussi moins précise qu’un autofocus hybride. Ce qui fait que l’appareil pompe plus qu’un Alpha 7 de 3e génération.

Même son de cloche dans le tracking: si la partition technique de Panasonic est impressionnante le S1R souffre cependant la comparaison dans le suivi du sujet par rapport à celui de Sony. Dans ce domaine, Sony a pris une telle avance qu’il atomise Canon, et fait mal à Nikon. Et Panasonic donc.

Du côté de la rafale, Le S1R ne déçoit pas compte tenu de sa définition : 9 images par seconde en AF-S et 6 i/s en AF-C avec suivi du sujet. Ce qui fait respectivement 423 Mpix et 282 Mpix avalés par seconde – ça en fait des pixels !

Vidéo : suffisamment pour les photographes

Le S1R profite du savoir-faire de Panasonic en termes de qualité d’encodage vidéo, mais certaines fonctions importantes pour les monteurs – fichiers proxy, fichiers LOG – ne sont pas de la partie. Si Panasonic n’a pas tout mis dans un seul boîtier c’est que l’entreprise a pris exemple sur Sony qui sépare en trois ses boîtiers plein format – normal, super résolution et vidéo/basses lumières. Laissant ainsi de la place pour son nouveau boîtier vidéo, le Lumix S1H tout juste annoncé et qui promet d’être une vraie bombe dans le domaine. 

Loin d’être manchot, le S1R délivre des séquences d’excellente qualité et profite de nombreuses options avancées notamment en termes de définition, de qualité d’encodage, de débits de trames, etc. sans même parler des zébras et tout l’attirail de série chez Panasonic. Largement de quoi faire pour les photographes qui ont des besoins vidéo. Mais les vidéastes professionnels n’auront d’yeux que pour le S1H.

Un problème : le prix

A.B. / 01net.com

À 3699 euros le boîtier nu et 4599 euros avec le 24-105 mm f/4, le Panasonic S1R est cher. Pas cher intrinsèquement, mais cher par rapport au Nikon Z7, vendu 400 euros de moins. Mais surtout très cher face au Sony A7R Mark III, désormais vendu à 2799 euros en prix officiel. Avec le parc optique (natif) le plus mature des hybrides plein format et une partition électronique sans faille – qualité vidéo excellente, eye AF fulgurant, etc. – l’A7R Mark III est bien plus séduisant technologiquement, mais aussi financièrement puisqu’il coûte 900 euros de moins que le S1R. Sony a d’ailleurs bien savonné la planche à Panasonic en faisant baisser le prix de son boîtier de pas moins de 500 euros à la suite du lancement du S1R, laissant Panasonic se battre avec son système naissant.

S’il est garni de fonctions intéressantes, le S1R doit selon nous être choisi pour une raison majeure : sa résistance exceptionnelle, Sony et Nikon ne proposant pas de boîtier aussi blindé. Résistance mise à part, il est pour l’heure difficile de donner l’avantage à Panasonic avec un tel écart de prix et un parc optique aussi léger – et lui aussi très cher.

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