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Test du Fujifilm X-T3, l’appareil photo hybride APS-C presque parfait

Beau, techniquement au top et produisant de superbes clichés même en Jpeg, le Fujifilm X-T3 est sans aucun doute le meilleur appareil hybride APS-C actuellement disponible sur le marché. Seule ombre au tableau : l’absence de stabilisation mécanique du capteur.

L'avis de 01net.com

Fujifilm X-T3

Les plus

  • + Qualité d'image
  • + Modes vidéo riches
  • + Couleurs des JPEG
  • + Gestion du bruit jusqu'à 6400 ISO

Les moins

  • - Pas de stabilisation du capteur

Note de la rédaction

Note publiée le 26/09/2019

Voir le verdict

Fiche technique

Fujifilm X-T3

Monture (baïonnette) Fujifilm X
Format de capteur APS-C
Définition du capteur 26 Mpx
Type de capteur X-Trans CMOS III
Sensibilité ISO min 160
Voir la fiche complète

Si la tendance actuelle de la photo est au capteur plein format 24×36 mm – en un an, Nikon, Panasonic, Canon et Sigma ont lancé ou annoncé des boîtiers – l’APS-C continue son chemin et le spécialiste du genre qu’est Fujifilm poursuit le développement du standard avec son fleuron le X-T3. Un boîtier qui se place théoriquement en dessous du X-H1 mais pourtant équipé d’une électronique plus moderne. Succédant au X-T2 qui fut lors de son lancement le champion des hybrides, le X-T3 apporte son lot de nouveautés – nouveau capteur, nouveau processeur, etc. – mais poursuit l’oeuvre de son aïeul. A savoir proposer des fonctions avancées (double emplacement pour cartes mémoire, AF rapide, rafale puissante, etc.) le tout dans un boîtier plus compact que la compétition plein format.

Électronique parfaitement maîtrisée

Adrian Branco / 01net.com

Électroniquement, le X-T3 correspond à la 4e génération d’hybrides chez Fujifilm. Depuis le début de l’aventure en 2012 avec le X-Pro 1, Fujifilm a abattu un travail de titan pour rattraper son retard en matière d’AF et de traitement d’image. Et pour cause : outre le fait que la marque avait jeté l’éponge dans les reflex, Fujifilm a fait le choix de développer une matrice différente de tout le monde (X-Trans au lieu d’une matrice de Bayer classique) ce qui a rendu le travail encore plus difficile. Il a fallu que les ingénieurs réinventent tous les algorithmes, tant pour le dématriçage photo que vidéo, ainsi que pour l’autofocus. L’art de faire simple…

A.B. / 01net.com

Sept ans plus tard, Fujifilm a multiplié par x10 la vitesse de lecture de son capteur et par x20 la quantité de données traitées par son processeur d’image. D’impressionnant progrès qui se traduisent de manière évidente dans l’utilisation de l’appareil : le X-T3 se hisse désormais parmi les appareils les plus rapides, les plus réactifs et offrant la meilleure rafale (et suivi AF) du marché. Sous son look de X-T2 se cache un appareil complètement nouveau.

Un boîtier nerveux

A.B. / 01net.com

Pour qui a connu le premier boîtier hybride de Fujifilm, le X-Pro 1, le X-T3 procure un choc. On passe d’un boîtier mollasson à l’AF hésitant à un appareil énervé. Outre le fait que les menus répondent au doigt à l’œil (encore heureux !), c’est surtout l’accroche de l’autofocus qui impressionne.

Le X-T3 est un boîtier qui donne une impression de « disponibilité » physique, le répondant de son autofocus se mariant parfaitement avec la prise en main rétro d’un appareil bardé de molettes. Il aurait pu être un peu plus gros à notre goût, mais les ingénieurs de Fujifilm ont insisté sur sa compacité, voulant laisser le côté « grosses paluches » au X-H1.

Ergonomie du XXe siècle, viseur du XXIe siècle

A.B. / 01net.com

Le charme des boîtiers hybrides Fujifilm vient notamment de l’équilibre que les ingénieurs ont réussi à trouver entre une ergonomie à l’ancienne, avec la sélection de l’ouverture sur les optiques, les molettes ISO et vitesses façon reflex des années 70 et des pièces technologiques de pointes. Le X-T3 a beau être un appareil photo numérique, sa conception fait la part belle à la mécanique, non seulement des molettes mais aussi de l’écran orientable avec son système de charnière tout métal. C’est un appareil qu’on aime à avoir en main, à manipuler – et c’est une première invitation à faire des images !

A.B. / 01net.com

Outre le couple processeur/capteur, une partie du soutien électronique provient du viseur. Sans être le plus défini ou le plus réactif de la compétition – il s’agit d’un boîtier à 1500 euros et non d’un hybride à 4500 euros façon Lumix S1R ! – il est très bien maîtrisé, autant en termes de vitesse de rafraîchissement de l’image qu’en termes de couleurs.

Capteur acéré pour optiques affûtées

A.B. / 01net.com

Du X-T2 au X-T3, le gain en définition est mineur voire négligeable : on passe de 24 à 26 Mpix. Mais ce capteur est entièrement revu. Outre sa structure dite « rétroéclairée » (BSI), les circuits du capteur sont conçus en alliage de cuivre ce qui permet à Fujifilm d’améliorer non seulement la sensibilité minimale (160 ISO au lieu de 200 ISO) mais aussi la qualité du bruit numérique (lire plus loin « Rendu organique et conservation des couleurs »).

Associé à de nouveaux algorithmes de traitement d’image et au nouveau processeur, ce capteur de 26 Mpix produit des images magnifiques. Et corrige, au passage, un des défauts des précédentes moutures X-Trans : la qualité du rendu des peaux humaines qui était un peu « cireuses » en basses lumières.

A.B. / 01net.com

Ces améliorations électroniques permettent au X-T3 de tirer pleinement partie des optiques de la gamme Fujinon, une gamme réputée pour ses rendus uniques – on pense à l’équilibre parfait entre le piqué et la douceur du superbe 56 mm f/1.2 (équivalent 85 mm). Attention cependant aux (rares) optiques médiocres comme celles que l’on trouve sur la série de boîtier « A ». Le capteur 26 Mpix est tellement bon qu’il est le premier à mettre un peu à mal le 18-55 mm f/2.4-4 !

Rendu organique et conservation des couleurs

Le X-T3 a deux atouts en termes de qualité d’image : un rendu que l’on pourrait presque qualifier d’organique, presque argentique et une excellente conservation des couleurs à (presque) toutes les plages ISO.

Examinés à la loupe – ce que seuls les testeurs font – les clichés qui sortent de ce boîtier n’ont pas le côté « hyper réaliste » vomissant de pixels qu’ont par exemple les boîtiers plein format de Panasonic et Sony. Si le piqué des images est bien présent (selon les optiques), le rendu général est plus doux, plus naturel que la concurrence. Un trait présent chez Fujifilm depuis le début de l’aventure hybride qui découle de choix techniques, faisant primer la recherche de l’image harmonieuse sur l’extraction brute de détails.

L’autre force du système d’imagerie embarquée est la constance de l’interprétation des couleurs lors de la montée en ISO. A 6400-12.800 on retrouve ainsi peu ou prou les mêmes informations de couleurs qu’à 200 ISO, quand bien même les détails se font plus confus, bruit numérique oblige. Les artéfacts colorés sont ainsi parfaitement gérés – éliminés plutôt – même à des valeurs extrêmes comme 25.600 ISO. Le bruit numérique est parfaitement contenu jusqu’à 1600-3200 ISO, toujours bien maitrisé à 6400 ISO même s’il commence à nuire au piqué.

Quant à 12.800 ISO, la valeur s’envisage parfaitement en termes de bruit, mais les clichés perdent de leur impact. La partition est cependant excellente – excellentissime quand on juge la « beauté » du bruit qui est assimilable à du grain quand on l’observe à la loupe.

La vidéo, discrète mais soignée

A.B. / 01net.com

Fujifilm a bien un ADN vidéo, mais qui lui vient de sa division optique Fujinon qui produit des optiques broadcast pour les studio TV et autres stades de sport depuis des décennies. Mais en matière d’encodage, la marque est, comme Nikon, souvent inaudible face à Sony et Panasonic. Elle a pourtant acquis beaucoup de savoir-faire dans le traitement d’image et a récemment gonflé ses muscles côté optique en sortant les bijoux que sont les MKX, des zooms de qualité cinéma à prix abordable… pour des optiques cinéma, hein !

La qualité des vidéos qui sortent du boîtier est excellente et ceux qui songent à utiliser leur boîtier photo en vidéo seront heureux d’apprendre que Fujifilm a mis le paquet côté encodage (Mpeg 4, H.264, H.265) mais aussi débits de trames (bitrate) : en 4K, le X-T3 peut ainsi aller jusqu’à 400 mbit/s, des débits rarement atteints dans l’industrie. L’appareil peut en outre shooter en 4K cinéma (4K DCI) qui produit des fichiers plus larges que la 4K UHD (4096 points de large contre 3840 points pour la 4K UHD).

Raffinement de gastronome, le boîtier est capable d’enregistrer des séquences en codant les couleurs en 4:2:2 10 bit aussi bien en H.264 et qu’en H.265 et ce, directement sur la carte mémoire. Dans le monde des boîtiers APS-C, les spécifications techniques vidéos avancées de Fujifilm dépassent largement celles de Sony, même en prenant en compte le tout dernier Alpha A6600.

Autre point fort, l’utilisation de tout le capteur qui permet de profiter pleinement des optiques grand-angle. En 4K 24p/25p/30p et dans les modes Full HD, on shoote ainsi en plein capteur façon « Super 35 mm ». Et quand bien même vous décideriez de shooter en 4K 50p/60p, le recadrage de x1,18 ne sabote pas les focales comme le crop x1,8 d’un Canon EOS R. Un équivalent 24 mm (16 mm en focale APS-C) est ainsi resserré en équivalent 28,3 mm. Alors que sur un EOS R, le 24 mm devient 43,2 mm bien plus gênant.  

Stabilisation mécanique : le grand manque

A.B. / 01net.com

C’est LE gros manque du X-T3 : l’absence de stabilisation mécanique du capteur. Présente uniquement dans le X-H1 dans la gamme APS-C (elle vient juste d’apparaître dans le moyen format avec le GFX 100), cette stabilisation est pourtant un soutien majeur pour Fujifilm, la marque étant particulièrement dotée en focales fixes de qualité… mais non stabilisées. Si on s’en sort très bien en plein jour, l’absence de stab du capteur produit plus de déchets en basses lumières à cause d’une gestion des vitesses d’exposition trop ambitieuse – j’ai toujours un peu de mal à être stable au 1/8e de seconde.  

Si le boîtier est résistant – des photographes ambassadeurs nous ont partagé leurs expériences de terrain – il n’a cependant pas les garanties du X-H1, à savoir un corps de boîtier renforcé et une horde de joints d’étanchéité. Fujifilm a conservé ces atouts sur le X-H1, ce qui est pour nous une erreur : même sans la stabilisation du capteur et sans tropicalisation, la nouvelle électronique du X-T3 le rend terriblement supérieur au X-H1.

Il éclipse le X-H1… qui reste pertinent pour les baroudeurs

A.B. / 01net.com

Plus costaud et stabilisé, le X-H1 est un excellent routard conçu pour les reporters à la recherche d’un boîtier qui va tenir dans le temps et qui propose une image nette et donc exploitable dans toutes les situations. Heureusement, car dans les autres domaines, le X-T3 lui dame dangereusement le pion. Que ce soit en réactivité, en vitesse d’autofocus ou même en qualité d’image pure, le X-T3 lui est supérieur, son électronique nouvelle génération faisant parfois nettement la différence. Si le manque de stabilisation du capteur est acceptable pour vous (si vous êtes équipés en grand-angles et en zooms stabilisés), et que le supplément de résistance n’a pas d’intérêt dans votre usage, il n’y a vraiment pas photo : plus compact et plus nerveux, le X-T3 est le meilleur choix. Pour les routards, baroudeurs ou amateurs de focales fixes, le X-H1 est recommandé.

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