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Les objets en 3D deviennent réels

La société Total Immersion incruste en direct, dans des vidéos, des images en 3D.

Disposé dans le rayon jouets d’un grand magasin, l’écran LCD devient miroir magique. Montrez-lui une boîte Lego : l’écran reflète la vidéo de son emballage. Ce n’est pas tout : il affiche pardessus un objet en images de synthèse. Pas n’importe lequel ! Une belle vue en 3D du Lego assemblé (une fois le montage terminé). Ce jouet virtuel semble solidement collé à l’emballage. Tournez la boîte : la vue en 3D pivote en même temps que l’emballage sur la vidéo. Approchez-la de l’écran, l’emballage et le Lego virtuel grossissent proportionnellement. Retournez enfin la boîte : les pièces du modèle en 3D se décollent et s’écartent, produisant une spectaculaire vue éclatée.Le secret de ce miroir magique porte un nom : la ‘ réalité augmentée ‘. Sous l’écran est placée une caméra. Un ordinateur camouflé analyse la vidéo en temps réel. Lorsqu’il repère l’emballage dans le flux des images, il y incruste une vue en 3D du Lego. Mélangées, les deux images (celle de la vidéo et celle du Lego) sont diffusées sur l’écran LCD. La réalité ?” captée par la vidéo ?” est ainsi enrichie d’images virtuelles, ‘ augmentée ‘ d’informations. De la science-fiction ? Plus maintenant : cet écran magique est visible dans un magasin de jouets à Marne-la-Vallée, le Ludendo Village. La réalité augmentée commence à sortir des laboratoires pour conquérir le grand public.Quelles autres applications peut-on envisager ? Pour le savoir, nous nous sommes rendus dans les locaux de Total Immersion, jeune pousse française qui regorge de bonnes idées. Nous avons pu ainsi tester, avec un certain émerveillement, un circuit automobile bien réel sur lequel tournent des voitures virtuelles, des cartes à jouer sur lesquelles apparaissent des personnages en 3D (elles devraient être commercialisées cette année), et plusieurs autres trouvailles amusantes, dont quatre que nous avons sélectionnées.Un PC récent équipé d’une webcam suffit à faire fonctionner ces applications. ‘ En 2004, on utilisait deux bêtes de course, se souvient Valentin Lefèvre, cofondateur de Total Immersion. Un PC pour calculer les images 3D, un autre pour localiser l’emballage dans le flux vidéo. Aujourd’hui, un PC portable Dual Core avec une carte graphique à mémoire dédiée suffit ‘.

Une opération délicate

Toute la puissance de l’ordinateur est mobilisée pour localiser la ‘ cible ‘, la boîte Lego par exemple, dans un flux vidéo. L’opération est plus difficile qu’il n’y paraît. ‘ Au début de nos recherches, nous avons exploré des solutions lourdes et coûteuses. Exemple : équiper la cible d’un petit émetteur radio. Autre principe : utiliser des caméras motorisées dont les déplacements sont pilotés par ordinateur, avec une cible fixée à un emplacement précis. Mais ces solutions étaient trop contraignantes pour être adoptées par le grand public. La conclusion s’est imposée en 2004 : il fallait mémoriser la forme et la texture de l’objet cible, pour pouvoir repérer sa signature visuelle dans le flux vidéo ‘.

Un marché très prometteur

Cette mémorisation passe par quelques contraintes : l’objet cible ne doit être ni monochrome, ni luisant. ‘ Son contraste doit être suffisant pour identifier une quinzaine d’intersections appelées points de Harris, ces fameux points dont la position change peu les uns par rapport aux autres, même lorsqu’on modifie l’orientation de la caméra ‘. Pour calculer ces points, l’objet doit être reproduit numériquement sous toutes ses coutures. Il faut recréer son volume en trois dimensions, puis y plaquer des repères. Généralement, une image photoréaliste de l’objet convient : ‘ c’est plus joli que les grosses croix blanches qu’imposent certains concurrents ‘. Un travail de spécialiste que Total Immersion voudrait simplifier : ‘ nous espérons qu’il suffira bientôt de filmer consciencieusement l’objet sous tous les angles ‘.Le savoir-faire des cinquante employés de Total Immersion semble en avance sur la concurrence. La start-up française, rentable depuis 2005, a réalisé 4 millions de chiffre d’affaires en 2007, dont 3 millions en France. Son premier client était à l’origine l’industrie automobile. Le marché grand public semble bien plus prometteur : la jeune pousse, localisée à Suresnes, banlieue chic parisienne, tente aujourd’hui de conquérir les marchés internationaux avec quelques-unes de ses séduisantes applications

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Nicolas Six