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Vie privée : Apple multiplie les protections et défie Facebook et Google

La WWDC 2019 a été l’occasion pour Apple de fourbir ses armes pour la défense de nos vies privées et aussi d’attaquer plus ou moins frontalement ses rivaux de la Silicon Valley. 

La « vie privée n’est pas un produit de luxe ». En mai dernier, Sundar Pichai, patron de Google, se payait Apple dans une tribune publiée par le New York Times. Son propos : le respect de la vie privée ne peut être réservé à ceux qui peuvent se payer un produit coûteux, comme c’est le cas pour les iPhone. Google était fort de ses nouvelles annonces dans le domaine de l’IA on-device, même si on voyait clairement entre les lignes que ce respect nouveau pour la vie privée était un moyen d’obtenir plus d’informations sur nous. Quelque temps plus tôt, Facebook tenait à peu près le même langage, comme le chat d’une fable moderne de Jean de la Fontaine qui encouragerait une souris à se mettre en sécurité… dans sa gueule.

Apple a pris à son tour la parole lors de sa keynote d’ouverture de la WWDC. Pas pour la première fois : notre vie privée s’est invitée régulièrement ces dernières années au cours de la conférence des équipes de Tim Cook. Après avoir été un des premiers porte-étendards de la confidentialité différentielle, la firme porte depuis un ou deux ans le combat de l’intelligence artificielle locale, exécutée et entraînée sur l’appareil, pour assurer qu’au-delà du contrôle de l’utilisateur sur ses données, celles-ci ne servent pas à d’autres usages indésirés. Les exemples n’ont pas manqué. Les voici.

  • watchOS 6 enregistre le volume sonore de votre environnement pour savoir si vous êtes exposé à trop de bruit, mais les données restent sur la montre, même chose pour celles générées par vos activités physiques ou vos cycles naturels (menstruels, du sommeil, etc.), qui demeurent sur l’iPhone et lui permettent de mettre en avant les points importants sous forme de résumés. Quand bien même les données sont stockées sur iCloud, elles sont chiffrées de sorte qu’Apple ne puisse rien en faire.
     
  • Contrôler le partage de sa position. Alors que Google introduisait en mai dernier l’option de partage de la position d’un utilisateur seulement quand l’application est active, Apple, qui la propose depuis bien longtemps, vient d’offrir un nouveau choix. Partager sa position avec une appli, une seule fois. Un moyen de bénéficier d’un service rendu à un moment donné, sans avoir à se soucier de désactiver le suivi ultérieurement.
    Mieux encore, pour les applications qui peuvent accéder à votre position en permanence, iOS vous avertira de temps à autres quand votre emplacement géographique est partagé afin que vous gardiez en tête que vos données sont précieuses et doivent être contrôlées.
    Enfin, Apple a déclaré la guerre aux applications qui contournent ces limitations et estiment votre position grâce à la triangulation Wi-Fi et Bluetooth. La partie est terminée, cette méthode est bloquée.
     
  • Find my. Par ailleurs, Apple a, comme attendu, annoncé Find My, la fusion de ses deux applications Find My Friends et Find My Phone. Ce programme, qui sera disponible pour iOS et macOS, permettra de localiser les appareils même quand ils sont hors ligne. Comment ? En utilisant un système de balises Bluetooth. On peut dès lors légitimement s’inquiéter de pouvoir être pisté partout tout le temps… mais Apple explique que sa technologie utilise un réseau maillé et chiffré de bout en bout constitué par les appareils Apple qui nous entourent. Seul le propriétaire de l’appareil pourrait le localiser.

  • HomeKit. Le combat pour la défense de nos données personnelles et de notre vie privée dépasse le cadre de nos smartphones et tablettes. Avec la démocratisation de l’IoT et notamment des caméras de surveillance réseau, Apple propose de protéger les vidéos filmées par ces appareils. L’analyse des flux enregistrés est effectuée localement sur les terminaux Apple connectés, puis les données sont transmises chiffrées à iCloud.
    Pour protéger votre réseau local, Apple va aussi s’associer à des fabricants de routeurs. Pour l’instant, les trois acteurs connus sont Linksys, Eero et Spectrum, absents du marché français pour les deux derniers.

L’ultime estocade

Si toutes ces fonctionnalités et services pourraient évidemment être proposés un jour par Google ou Facebook, cela irait tout de même à l’encontre du modèle économique de ces entreprises qui veulent tout savoir de vous, que ce soit à titre individuel ou dans un ensemble plus large. En revanche, il paraît plus compliqué pour Google de s’aligner sur la dernière proposition des équipes de Tim Cook.

Il faut dire qu’avec Sign in with Apple la société de Cupertino frappe fort, d’autant plus que les développeurs devront l’intégrer à leur application dès lors qu’elle propose une connexion avec un service tiers comme Facebook, Twitter ou Google. Ces deux moyens de s’identifier sur une application ou dans un service sans avoir besoin de recréer un compte utilisateur sont extrêmement pratiques. Mais ils ont un prix, généralement celui de notre vie privée, puisqu’ils permettent de nous suivre à la trace pour ensuite revendre nos données à des publicitaires, par exemple.

Avec Sign in with Apple, la donne est différente. La firme de Cupertino propose de s’interposer entre nous et les espions potentiels. Il sera même possible de ne pas soumettre sa vraie adresse électronique et d’en générer une autre, aléatoire. Elle permettra de nous joindre mais protégera notre vrai e-mail des regards extérieurs. Elle pourra également être révoquée à tout moment à notre demande.

Ce n’est clairement pas la fin du spam. En revanche, c’est un bon moyen de compliquer la vie des spammeurs et de créer une distance entre eux et nous. C’est aussi un petit coup de poignard dans le dos de Google et Facebook qui pourraient voir les utilisateurs d’iOS cesser peu à peu de recourir à leurs services pour s’identifier sur des sites populaires. Pire encore, Craig Federighi a indiqué que la fonction Sign in with Apple sera disponible sur le Web… Preuve qu’Apple souhaite porter son combat pour la confidentialité des données au delà de son seul écosystème. 

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Par : Opera

Pierre Fontaine, envoyé spécial à San José