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Vente de médicaments sur Internet : le gouvernement étudie la question

Le ministère de la Santé a commencé une réflexion sur la légalisation de la vente en ligne des médicaments qui ne font pas l’objet d’une prescription. Les professionnels estiment que c’est dangereux et inutile.

Le pharmacie pourrait prochainement ne plus être le passage obligé pour acheter un médicament contre la toux, le mal de tête ou les troubles digestifs. Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a entamé une réflexion portant sur la légalisation de la vente de médicaments sur Internet. Seuls ceux qui ne nécessitent pas de prescription médicale, soit 200 à 300 références, sont concernés.

L’objectif de la ministre est de se mettre en conformité avec une jurisprudence européenne de 2003, l’arrêt DocMorris. La Cour européenne de justice a reconnu à une officine établie aux Pays-Bas le droit de vendre des médicaments sur Internet, ouvrant la voie à la légalisation de ce marché dans toute l’Union européenne.

Une quinzaine de pays, dont la  Belgique, l’Espagne ou l’Allemagne, ont déjà mis en place leur propre cadre législatif. La France souhaite faire de même, en donnant l’autorisation de vente aux seules officines européennes.

La contrefaçon est pointée du doigt

Une première réunion de travail a eu lieu hier, mercredi 7 avril 2010, au cours de laquelle la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et diverses organisations professionnelles ont pu exprimer leur opinion.

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui a participé à cette consultation, est farouchement opposée à cette légalisation. Elle estime que vendre des médicaments en dehors des pharmacies représente un danger pour la santé publique, exposant les acheteurs aux produits contrefaits. 

« En se rendant à la pharmacie du coin, le consommateur ne prend aucun risque, il achète un médicament dans lequel il peut avoir confiance. Comment peut-il avoir la même certitude avec une officine implantée à l’étranger ? » s’interroge Philippe Besset, responsable économique de la FSPF. Une labellisation pourrait être une solution pour instaurer un climat de confiance, « mais sa mise en place et les efforts de communication pour la faire connaître auprès du grand public nécessiteraient quelques millions d’euros », explique Philippe Besset.

Des frais de ports prohibitifs

La FSPF avance un autre argument : la vente à distance ne convient pas à cette catégorie de produits. Les médicaments concernés par la légalisation sont destinés à soulager un mal ponctuel. « Qui attendrait pendant 48 ou 72 heures la livraison d’une boîte d’aspirine pour soulager son mal de tête ? » argumente le responsable économique. Quant à la possibilité pour les consommateurs d’anticiper leur achat, pour se constituer une réserve, il n’y croit pas. Fort de son expérience professionnelle, il affirme que ces médicaments ne s’achètent qu’en cas de besoin.

Autre frein à la vente à distance, les frais de port, prohibitifs pour des médicaments vendus entre 2 et 5 euros. Le coût d’une boîte peut ainsi être multiplié par trois ou quatre pour le consommateur. Malgré les réticences des professionnels du secteur, le ministère de la Santé va poursuivre l’étude du dossier. Selon l’AFP, un groupe de travail se réunira au mois de juin prochain.

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Coralie Cathelinais