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Valeurs high-tech dans les starting-blocks

Le Marché libre abrite nombre de sociétés de la net économie en attente de passage sur un marché réglementé. L’apaisement de la place de Paris devrait favoriser la reprise des transferts.

La tempête qui a ravagé les étages supérieurs n’a produit que des dégâts légers en sous-sol. Pendant que le CAC 40 et les indices technologiques des marchés réglementés déprimaient à l’unisson des Bourses internationales, les valeurs du Marché libre (ML) progressaient en moyenne de près de 40 % en 2000. La faiblesse des transactions, son travers récurrent, a certes joué son rôle.Mais ce n’est pas le seul facteur d’appréciation de l’indice Cote Bleue du Marché libre, qui a plus que doublé depuis sa première référence, fin 1996. Truffé de valeurs high-tech, scotchées sur ce marché par les turbulences, l’ex-Hors Cote présente aujourd’hui un attrait qu’il a sans doute rarement offert. Cette arrière-cour boursière disparate abrite, aux dires des spécialistes, de nombreuses bonnes affaires, alliant de bonnes perspectives de croissance à des bilans sains.Pour la plupart, le développement passe par une inscription sur un marché offrant une meilleure notoriété et un potentiel supérieur en cas d’appel de fonds. Des valeurs dans les starting-blocks, attendant que les conditions d’un transfert sur le Nouveau Marché soient finalement réunies.À quel horizon ? ” C’est une question de quelques mois, estime Gérard Bernadet, président de Phenix Energy, une SSII qui connaît son sixième exercice bénéficiaire consécutif. Notre capitalisation ne nous permettait pas d’intégrer le Nouveau Marché. Nous sommes allés sur le Marché libre pour financer de la croissance externe, mais les valorisations exorbitantes de l’an dernier ne nous l’ont pas permis. Avec 78 millions d’euros de chiffre d’affaires prévisionnel pour 2001 et un flottant élargi à 23 %, Phenix Energy peut désormais envisager un transfert. On me le conseille, mais les intermédiaires ont leurs propres intérêts. J’attends un vent favorable des marchés “, conclut-il.Pour Paris Nord Électronique (PNE), l’un des principaux indépendants français des composants, c’est l’international qui justifie le déménagement boursier, également souhaité dans le courant de l’exercice. Avec une croissance de 131 % pour l’année 2000, et un résultat net supérieur de 63 % aux objectifs, ce distributeur et designer de puces pour l’automobile, la monétique, les télécoms, notamment, présente un profil flatteur.Le titre a doublé depuis son introduction. “Nous allons demander notre transfert sur le Nouveau Marché, voire le Second Marché. Notre accord commercial tout neuf avec Fujitsu rend nécessaire cette nouvelle dimension “, confie Christian Berquier, PDG et principal actionnaire de PNE.La croissance, ou sa variante, le développement international, constituent le premier motif de transfert. Mais Telemedia, opérateur Audiotel qui vient de prouver que l’on peut lever des sommes conséquentes sur le Marché libre (avec plus de 100 millions de francs recueillis, un record), est pourtant aussi en stand-by. La notoriété et la possibilité pour les fondateurs de débloquer une partie de leur actif constituent d’autres motivations traditionnelles.Introduit en décembre dernier sur le Marché libre, le portail informatique B to B Ebizcuss.com envisage un passage dans les 12 à 18 mois sur le Nouveau Marché. “Nous doublons notre chiffre d’affaires cette année, cela demande des fonds, et les investisseurs s’intéresseront plus et mieux à nous “, explique François Prudent, son PDG, qui n’attend qu’un feu vert de son introducteur, KBC Securities, pour enclencher la procédure.Le Nouveau Marché, malgré ses revers, est considéré par beaucoup comme le Nasdaq français : le lieu où une jeune valeur de la nouvelle économie se doit de figurer. Le secteur de l’informatique, pilier du Nouveau Marché, est d’ailleurs sur-représenté parmi ces impétrants du Marché libre. La SSII Neyrial, le groupe Cyber ?” autre société de services ?” la web agency Kahiloa, le distributeur LDLC.com, en font partie, avec des degrés d’urgence divers.D’autres métiers, tout de même, sont concernés, et l’on peut inclure dans ce club Intecom, société présente dans l’Audiotel et dans l’information en ligne, BD Multimédia, spécialiste de la CRM (customer relationship management, gestion de la relation client), la société de conseils Quaternove…

Après l’e-krach, l’e-pause

Au total, un vaste réservoir d’entreprises high-tech, au sens large. “Une trentaine de sociétés, sur les 240 que compte le Marché libre, ont le profil pour intégrer rapidement un marché réglementé, et 25 parmi ces 30 appartiennent au monde des TMT, confirme Eric Levasseur, président d’OTC Securities, un introducteur de marché qui ambitionne de créer un label qualité sur le Marché libre. De plus en plus de sociétés high-tech, après le deuxième tour de table, n’ont plus aucun accès aux capitaux. Certaines présentent des perspectives remarquables. Nous voulons les accueillir sur le Marché libre et les faire accéder au Nouveau Marché en 12 à 18 mois “, explique-t-il.OTC, qui a démarré ses activités voici quatre mois, a édicté une ” charte de qualité “, parrainée par le cabinet KPMG Consulting, un de ses actionnaires (avec Chausson Finances, notamment). Une trentaine de valeurs de croissance ont donc été ciblées, et OTC, qui vise quatre à cinq IPO par an, a déjà en poche deux mandats d’introduction sur le Marché libre, et deux projets de transfert.La place de Paris devrait donc renouer avec les transferts et introductions. Un signe que les affaires reprennent ? ” Je suis les valeurs de croissance depuis quinze ans. Mon impression est qu’après l’e-krach, nous sommes entrés dans une période de calme, de “e-pause” pour quelques mois “, estime Eric Levasseur.

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Jean-Michel Cedro