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Universal Music demande aux plateformes de streaming de bloquer les IA génératives

Universal Music Group a demandé à Spotify et Apple Music de ne plus autoriser les développeurs d’IA à utiliser leurs morceaux de musique pour entraîner leurs modèles.

Ne laissez plus l’intelligence artificielle (IA) s’entraîner sur nos musiques pour cloner les artistes du moment : voilà le message envoyé par Universal Music Group (UMG) aux plateformes de streaming en mars dernier. UMG, qui contrôle environ un tiers du marché mondial de la musique, ne cesse de s’inquiéter de cette technologie qui utilise ses morceaux pour s’entraîner à produire de la musique « à la façon » d’artistes mondialement connus. Le groupe a donc demandé à Spotify, Apple Music et d’autres acteurs clefs du streaming musical de couper l’accès de leur catalogue aux développeurs qui l’utilisent pour former l’IA, rapporte le Financial Times, ce jeudi 13 avril.

Selon UGC, cette utilisation ne serait pas autorisée pour des œuvres protégées par le droit d’auteur. Le groupe « n’hésitera pas à prendre des mesures pour protéger nos droits et ceux de nos artistes », a-t-il écrit, noir sur blanc. En parallèle, l’entreprise a aussi demandé le retrait de chansons générées par l’IA, selon une source de nos confrères.  Ce message constitue un nouvel épisode dans le conflit qui oppose les ayant-droits d’oeuvres protégées par le droit d’auteur et les outils d’IA.
En octobre dernier, la RIAA (Recording Industry Association of America), l’organisation professionnelle du secteur, avait déjà fait part de ses inquiétudes. Cette dernière avait déclaré aux représentants américains du commerce que la technologie d’IA entraîne ses modèles « en utilisant la musique de nos membres. Cette utilisation n’est pas autorisée et porte atteinte aux droits de nos membres en réalisant des copies non autorisées de leurs œuvres ».

Des « imitations » ou « contrefaçons » bluffantes créées par l’IA

Contrairement aux générateurs de texte (comme ChatGPT ou Bard) ou d’images (comme Lidjourney et Stable Diffusion), les générateurs de musique sont moins accessibles au grand public. Mais ils peuvent créer des « contrefaçons » ou « imitations » bluffantes, à l’image de morceaux de Kanye West interprétant de nouvelles reprises pourtant jamais chantées dans la réalité, comme celle de Don’t Stop Me Now, de Queen. La Jukebox d’OpenAI a aussi généré des morceaux dans le style d’Elvis ou de Frank Sinatra. D’autres systèmes seraient capables de générer des sons uniquement à partir de prompts.

Or, tous ces outils sont entraînés sur des milliers de morceaux, souvent collectés sans le moindre consentement de leurs auteurs et ayant-droits. De leur côté, les développeurs d’IA se défendent en s’appuyant sur le « fair use » ou l’usage raisonnable, une exception au droit d’auteur prévue par le droit américain qui permet, sous certaines conditions, de diffuser et d’utiliser des œuvres protégées sans autorisation. Pour se prévaloir de cet usage raisonnable, il faut remplir plusieurs conditions. L’utilisation d’une œuvre protégée par le droit d’auteur doit par exemple être bénéfique pour le public. L’impact (financier) sur le détenteur du droit d’auteur ne doit pas non plus être significatif. Et le produit final doit être une œuvre transformée qui n’entre pas en concurrence avec l’originale.

À lire aussi : Les images et les textes créés par l’IA sont-ils protégés par le droit d’auteur ?

Les plateformes de streaming ont-elles accepté la demande d’UGC, et ont-elles bloqué les téléchargements des développeurs ? Le Financial Times ne répond pas à cette question. Cette demande n’est pas sans évoquer celle faite par les artistes d’œuvres graphiques, dont certains ont cessé de publier leurs tableaux sur les réseaux sociaux par peur de nourrir la bête… et de se faire copier. Pour l’instant, la question des œuvres utilisées pour entraîner l’IA reste dans une zone grise, le droit ne tranchant ni en faveur d’une interdiction, ni en faveur d’une autorisation. Mais des réponses devraient bientôt tomber, notamment aux États-Unis. En janvier dernier, trois dessinatrices attaquaient Stability AI, créateur de Stable Diffusion, Midjourney, mais aussi la plate-forme DeviantArt. L’objectif de leur action en justice : prouver que les IA génératives reposent sur un « piratage à grande échelle des droits d’auteur », ces outils fonctionnant grâce à des millions d’œuvres « piratées ».

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Source : Financial Times


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