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Une large place aux chaînes gratuites

Dans un rapport confidentiel commandé par le CSA, le cabinet Arthur D. Little recommande de privilégier les chaînes existantes et gratuites.

Le chemin qui doit conduire la TNT à l’équilibre sera long et périlleux, et le sort des éditeurs de chaînes dépendra beaucoup du niveau d’intervention du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). C’est, en substance, la synthèse du rapport confidentiel remis aux sages de l’audiovisuel, que Le Nouvel Hebdo s’est procuré.Ce travail, mené entre décembre et février, doit permettre au CSA de se positionner sur un dossier éminemment miné. Il s’agit pour lui de défendre un point de vue face au gouvernement, qui a demandé un rapport à la DGCCRF sur la distribution des programmes. Mais aussi de concilier les intérêts des chaînes généralistes traditionnelles, de ceux qui voient en la TNT une chance ultime de satisfaire leur ambition audiovisuelle et, enfin, de ceux de Canal Plus, leader national de la télé payante. Le défi économique lancé aux futurs acteurs est d’autant plus périlleux qu’il existe en France, selon Arthur D. Little, un marché du payant “confus et concurrentiel, où les opérateurs peinent à développer leur base d’abonnés”. Cela “permet d’anticiper un marché exigeant”.

Les expériences étrangères

En outre, “malgré un accueil favorable, les expériences étrangères (Grande-Bretagne, Espagne, Suède) ont connu des difficultés commerciales”. Le cabinet de conseil en déduit plusieurs positionnements possibles.Cibles privilégiées : celles “traditionnellement réticentes au multichaînes payant”. Arthur D. Little rejoint d’autres analyses en soulignant que la TNT sera en concurrence frontale avec le câble, “une confrontation limitée avec le satellite venant plus tardivement”. À la question de la stratégie d’offre de programmes payants, le cabinet affirme que la TNT s’appuiera majoritairement sur des chaînes existantes et que la contrainte du nombre de chaînes disponibles “oblige à arbitrer entre la part du premium, l’agressivité sur les prix et la largeur thématique”.Arthur D. Little s’avance aussi sur le coût de l’équipement nécessaire à la réception de ces programmes payants : “Dans 80 % des cas, la TNT pourrait être moins chère et moins contraignante en termes d’installation que ses concurrents [câble et satellite, ndlr]. Si l’on en croit les rédacteurs de ce rapport confidentiel, les programmes gratuits (15) constituent indéniablement le fer de lance de ce nouveau mode de distribution. “Une fois les foyers équipés, les opérateurs disposeront de leviers pour les attirer vers le payant.” Encore faut-il que France Télévisions, M6 et TF1, notamment, mènent “une action concertée”, ce qui “reste encore un v?”u pieux”.Les scénarios économiques sont élaborés en fonction du nombre de distributeurs retenus. Les différentes hypothèses ont toutes un point commun : la place que Canal Plus tiendra sur ce marché naissant. L’action directe du CSA sera également déterminante pour trouver un équilibre entre les programmes payants et gratuits, et le prix du bouquet de base, Arthur D. Little préconisant un abonnement à 12,20 euros. Le Conseil aura aussi “une influence indirecte” pour fixer la date d’extinction de mode analogique et évaluer le budget des nouvelles chaînes gratuites, une hypothèse moyenne de 15,24 millions d’euros étant retenue.

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Thierry Del Jésus