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Un laboratoire analyse l’impact des technologies sur le quotidien

Au sein d’une structure unique en France, des chercheurs en sciences exactes et en sciences humaines réfléchissent à l’utilisation des technologies de demain. Une coopération intelligente pour voir plus loin.

S’il ne représente qu’1 % du budget de recherche et développement (R&D) de France Telecom, le Studio Créatif n’en est pas moins une pièce maîtresse de sa stratégie. Guy Carrère, directeur scientifique de l’opérateur historique, place le Studio au centre du processus de R&D de son groupe. Organisation transversale ?”en liaison avec des centres de R & D répartis dans le monde?”, le Studio travaille en amont du développement de nouvelles technologies.Sa mission : dénicher quels usages, donc quels produits et quels services, seront proposés par France Telecom dans les prochaines années. Guy Carrère résume la vocation de cette structure par la formule “illustrer le futur en forçant la couleur “. Une démarche qui passe par le développement de prototypes d’usage. “Notre objectif est de construire des illustrations de l’utilisation des technologies en devenir “, explique Laurent Ponthou, responsable du Studio Créatif. Cette mise en situation peut prendre la forme d’un clip vidéo, d’une maquette ou d’un prototype fonctionnel. Il s’agit, note Laurent Ponthou, “de mettre en forme les idées pour que tous puissent se confronter au projet : chercheurs, clients, utilisateurs “.

Le prototypage popularisé

France Telecom s’est inspiré des méthodes de travail du Media Lab du MIT (Massachusetts Institute of Technology) de Boston. “Cet institut a popularisé le “prototypage” afin de recueillir au plus tôt l’avis des clients, des utilisateurs “, reconnaît Laurent Ponthou. La mise en situation des utilisateurs ?”face aux technologies et services?” n’est toutefois pas sans poser problème. Cela suppose de tenir compte de l’ambivalence de leur appréciation. “Il existe un imaginaire du futur très fort chez la plupart des individus, indépendant et structuré. Soit positif, soit négatif “, ajoute Laurent Ponthou.Selon l’éloignement du service (ou de la technologie) vis-à-vis de son univers, l’individu en qualifiera l’usage de progressiste ou, au contraire, d’aliénant ou d’effrayant. Les sociologues ont déterminé une dizaine de types de réaction face à une nouvelle technologie. Exemple classique : l’usage du téléphone mobile, qui représente soit un outil de convivialité, qui permet de se rapprocher à l’envi des personnes éloignées physiquement, soit un facteur de vide social, qui désolidarise l’individu de son environnement immédiat.L’équipe du Studio, une trentaine de personnes, composée de sociologues, ergonomes, chercheurs en sciences humaines, travaille en collaboration non seulement avec le monde de l’entreprise, mais également avec des artistes, créateurs, écrivains. Respectant ainsi la règle selon laquelle “il ne faut pas réfléchir uniquement sur l’environnement technique “.Les principes de base de la créativité sont mis en ?”uvre : les associations (refaire du neuf avec du vieux, comme par exemple le passage du Bebop au téléphone mobile), l’hybridation (les mélanges de technologies), le changement de repères (modifier l’utilisation première d’un objet, comme l’écharpe communicante qui intègre un téléphone portable). Ces diverses pistes de recherche ont in fine l’ambition de pressentir les ruptures d’usage : imaginer limpact innovant des technologies dans le quotidien de la société.

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Christophe Dupont