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The Learning Company, fin…

Après un démantèlement épique, les filiales du géant du CD-Rom ont acheté leur indépendance. Et tentent l’aventure du logiciel éducatif. Épilogue.

C’est terminé. The Learning Company (TLC Edusoft, Broderbund, SSII, etc.) n’existe plus. Repris il y a un an par Gores Technologie, l’éditeur nord-américain de logiciels de loisir (Lapin Malin, Myst, etc.) a été complètement désossé par son nouveau propriétaire. Après la vente d’un premier bloc constitué des activités jeu vidéo, et d’un second bloc composé du catalogue ludo-éducatif, une dernière opération sur les filiales internationales, le 10 octobre dernier, a mis un terme définitif à la vente par appartements d’un grand nom du CD-Rom de loisirs dans les années 1990.

Convoité, endetté, dépecé

Rivalisant avec les leaders du secteur, à l’instar de Cendant Software (racheté par Havas Interactive fin 1997), la société a rapidement suscité les convoitises de grands groupes cherchant une diversification ” interactive “. En 1998, Mattel, acteur dominant mondial du jouet, emporte TLC pour 3,5 milliards de dollars (3,92 milliards d’euros). Un très bon prix pour un groupe qui pesait alors 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires mais accumulait les pertes. Deux ans plus tard, au printemps 2000, coup de théâtre : incapable de redresser TLC (avec une perte de 320 millions de dollars en 1999), Mattel confie un mandat de vente à la banque Crédit Suisse First Boston. Furieux, le conseil d’administration de Mattel débarque Jill Barad, la patronne du géant du jouet, après 18 années de bons et loyaux services. Le 20 octobre 2000, la société d’investissement Gores Technology, spécialisée dans les restructurations d’entreprises en difficulté, soulage le père de la poupée Barbie du groupe d’édition pour le dollar symbolique ! 3,5 milliards de dollars partis en fumée, sans compter les pertes… S’ensuit une sérieuse cure d’amincissement. Le tiers des effectifs, soit 600 personnes, est remercié. En janvier dernier, Jean-Pierre Nordman, optimiste, pense pourtant relancer TLC et l’aider “à retrouver ses lettres de noblesse”. Patron de TLC International, il mise sur “le succès inéluctable” de Myst III : Exile, de Prince of Persia, de Riven pour le jeu, et sur Lapin Malin ou Graines de Génie pour le ludo-éducatif.Seulement voilà, Gores Technology a d’autres projets pour TLC : une cession par appartements. En mars, Ubi Soft fait main basse sur sa division jeu vidéo, le Game Studio, empochant au passage les titres qui ont fait la fierté du groupe. En interne on comprend alors que la grande lessive n’est pas terminée. Le 20 septembre 2001, c’est au tour de l’Irlandais Riverdeep, éditeur de contenu éducatif et d’e-learning, de s’emparer du catalogue ludo-éducatif pour environ 67,5 millions d’euros. Ne reste plus alors pour Gores Technology qu’à trouver un repreneur pour les filiales d’édition, de réédition et de distribution européennes, asiatiques et australiennes, regroupées sous la marque The Learning Company International (TLCI). La solution viendra du management : à la mi-octobre , Jean-Pierre Nordman, vice-président de TLCI, achète son indépendance, en récupérant toutes les structures d’édition. Il les coordonnera à la tête du holding irlandais Mindscape International. “Nous repartons pour une nouvelle aventure avec une situation financière saine, sans crédits bancaires, et avec des accords de licence sur le long terme, notamment avec Riverdeep”, précise Jean-Pierre Nordman. Car, si Riverdeep est propriétaire du catalogue ludo-éducatif de feu TLC, Mindscape en détient les droits d’exploitation exclusifs pour une période de 5 ans. Des sources de revenus qui s’ajoutent aux autres licences obtenues par la société, notamment l’Ours Paddington. Car le marché du logiciel éducatif est au c?”ur des préoccupations du nouveau groupe.

Coude à coude avec Vivendi

Sur le seul marché français, et sur les quatre premiers mois de l’année, il a représenté 20 % des volumes de vente tous segments confondus ?” derrière le jeu (54 %) ?” générant un chiffre d’affaires de 21,8 millions d’euros (143 millions de francs). “Avec notre ligne de produits, nous nous plaçons systématiquement dans les deux premières places des classements éditeurs, au coude à coude avec Vivendi Universal Publishing Interactive [le leader du secteur avec Adi et le plus vieil ennemi de TLC, ndlr]”, assure le patron de Mindscape. Avec un objectif de chiffre d’affaires de 40 millions d’euros sur 2001, et une prévision de croissance des recettes de 10 à 15 % l’an prochain, Jean-Pierre Nordman veut renouer avec la grande époque, quand TLC jouait les milliardaires, il y a seulement quatre ans.

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Amaury Mestre de Laroque