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Test du Ford Mustang Mach-e : du V8 à l’électrique, une transition réussie

Nous avons (enfin) pu conduire la première voiture 100% électrique de Ford. La plus atypique des Mustang devrait faire des ravages.

Ford ne s’est pas lancé le plus simple des paris. Démarrer une transition électrique avec une Mustang est un affront fait aux adorateurs de la voiture culte. Transformer la Bullit de Steve McQueen en SUV familial pourrait presque relever de l’insulte. Et pourtant, le constructeur américain veut croire que c’est bien là le sens de l’histoire et du progrès. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – Des courbes galbées pour un look sportif.

Le plus sexy des SUV ?

Ce n’est pas une Mustang traditionnelle mais elle a tout de même une sacrée allure. Le Mach-e peut se targuer d’être l’un des SUV les plus charmants qui soit. En témoigne le nombre de badauds qui nous ont interpellés au cours de nos deux jours d’essai. Aux feux rouges, à l’arrêt ou lors des prises de vue du véhicule, la dernière Mustang attire les regards et les commentaires. Des plus agnostiques attirés par ses courbes galbées aux fins connaisseurs qui souhaitaient voir de près l’évolution de la pony, car les réactions ont été nombreuses, et, dans leur grande majorité des cas, positives. Certes, conduire un Mach-e, c’est aussi risquer d’entendre quelques saillies venues du passé telles que ce « de toute façon je préfère ma 205 GTi », mais qu’importe si elle ne convainc pas tout le monde, le simple fait que la dernière des Mustang ne laisse personne insensible est déjà une réussite. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – Les feux arrière sont un clin d’oeil aux Mustang classiques.

Un code secret pour démarrer

Pour entrer à bord de ce Mach-e plusieurs options s’offrent à nous. Approcher la clé est la solution la plus classique mais aussi la moins amusante. Utiliser son smartphone, iOS ou Android, démontre déjà un peu plus de panache. Mais il est aussi possible de monter dans le véhicule et de le démarrer sans clé ni smartphone, simplement à l’aide d’un code. Une zone tactile sur la portière permet de la déverrouiller.
Dès lors, le système de la voiture peut être activé. Pour la démarrer un autre code est demandé, à entrer via l’écran tactile. De fait, dans son approche comme pour son utilisation quotidienne, la Mustang Mach-e repose beaucoup sur les nouvelles technologies, et particulièrement le smartphone via l’application FordPass. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – Le code d’accès est à taper sur le montant de la portière.

Superbe extérieurement, le Mach-e se veut tout aussi séduisant à l’intérieur. Ce qui saute aux yeux, c’est l’énorme écran vertical, façon Tesla Model 3, qui trône au centre de la planche de bord. Mais à l’inverse du constructeur californien, Ford intègre également un petit écran d’instrumentation numérique qui permet d’avoir les données essentielles (vitesse, direction, autonomie) sans détourner le regard de la route.
En revanche, l’énorme bouton de volume au centre de l’écran tactile relève autant de la curiosité que de la faute de goût. Pratique à l’usage, il jure avec le design assez soigné de l’habitacle. 

Ford Sync : un nouvel OS pour une voiture à part

Si l’énorme écran vertical de 15 pouces du Mach-e nous emballe tant, c’est en partie parce qu’il permet de profiter pleinement de la dernière version du système embarqué de Ford, Sync 4.

Sans être aussi novateur que l’OS de Tesla (pas la peine d’espérer jouer à Cuphead ni regarder Netflix dans le système du constructeur américain), ce dernier Sync s’avère bien pensé et agréable à utiliser. Bien évidemment, il est compatible CarPlay et Android Auto et nous devons même souligner l’excellente intégration des deux systèmes mobiles dans la partie Sync. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – L’énorme écran de 15 pouces…

Notre seul bémol concerne la partie navigation, qui manque cruellement de clarté et de pertinence. Les résultats de recherche sont assez approximatifs et la recherche de bornes de recharge se révèle moins efficace que sur les applications spécialisées.
C’est d’autant plus dommage que Ford met en avant la capacité du Mach-e, de proposer les meilleurs itinéraires en fonction des besoins de recharge. Sur ce point, la marge de progression est importante et la bonne nouvelle est qu’elle pourra bénéficier même aux premiers acheteurs de cette Mustang électrique.
En effet, comme chez Tesla, Sync peut être mis à jour à distance, la nuit, lorsque la voiture est à l’arrêt. Les évolutions futures du système embarqué de Ford ont donc la possibilité d’améliorer cette partie navigation tout en apportant de nouvelles fonctionnalités. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – … Et son non moins énorme bouton de volume.

Si le système à bord s’avère complet et agréable à utiliser, le Mach-e incite également à le commander régulièrement via son smartphone et l’application FordPass. Que ce soit pour le pré-chauffage du véhicule (chaudement recommandé dès que les températures baissent), programmer les cycles de charge ou pour envoyer son itinéraire directement dans la voiture, les interactions entre SUV et téléphone sont nombreuses, et encouragées.

Thomas Remilleret – 01Net.com – L’écran d’instrumentation est un complément très utile.

Enfin, que ce soit pour l’environnement à bord ou pour la conduite, le choix laissé au conducteur en matière de réglages est pléthorique. Si l’on souhaite pousser le SUV dans ses retranchements, l’ensemble des aides à la conduite peut être désactivé à la volée.
Bien sûr, pour des raisons évidentes de sécurité, celles-ci sont réactivées à chaque redémarrage de la voiture. Dans la majorité des cas, le conducteur préférera profiter des capacités de calcul et d’ajustement de son véhicule, et nous ne pouvons pas lui donner tort tant Ford semble maîtriser son sujet sur ces aides à la conduite.
Que ce soit pour le maintien dans la voie, ou le régulateur adaptatif de vitesse, en passant par la reconnaissance des panneaux de signalisation, le Mach-e fait preuve non seulement d’une bonne capacité de détection mais aussi d’une interprétation convaincante. C’est parce qu’il analyse la circulation de manière pertinente et parce qu’il s’y adapte tout en douceur qu’on est enclin à lui « laisser le volant » davantage. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – Un grand nombre d’options de personnalisation.

Électrification : le choix du roi 

Il y a aura évidemment quelques réfractaires de principe, meurtris de voir la Mustang galoper vers l’électrique qui ne se feront jamais à cette évolution. Pour les autres, il convient de se pencher sur la façon dont Ford a électrifié son modèle. Nous passerons rapidement sur le bruit artificiel simulant un V8 qui suscite quelques moqueries. Cette option, comme tant d’autres, se désactive et peut tomber aux oubliettes. 

En revanche, la façon dont Ford a défini les modes de conduite et les options que le Mustang offre en matière de récupération méritent qu’on s’y attarde. Le Mach-e dispose de trois modes permettant de changer radicalement le comportement de la voiture.
Le mode « Whisper » correspond peu ou prou à un mode éco. Il est à privilégier en cas de baisse significative du niveau de batterie, ou pour la prolonger. La contrepartie est évidente : les performances moteur sont en baisse.
Le mode « Active », quant à lui, correspond à un réglage intermédiaire. C’est celui-ci que nous avons privilégié lors de notre essai et ses performances sont très satisfaisantes.
Enfin, le mode « Untamed » permet de libérer l’indomptable poney et de profiter de la puissance maximale du Mach-e. Chacun de ces modes peut être légèrement personnalisé, que ce soit en activant le son, les aides à la conduite ou encore le mode « One pedal » ou monopédale. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – Les trois modes de conduite du Mach-e.

C’est autour de ce mode monopédale que s’articule la partie récupération d’énergie du Mach-e. En effet, lorsqu’il est activé, il agit sur les phases de décélération et agit jusqu’à l’arrêt du véhicule pour reprendre une partie de l’énergie utilisée.
Très concrètement, en ville, il est tout à fait possible de conduire cette Mustang électrique sans jamais toucher au frein.
À l’opposé Ford permet donc de désactiver complètement cette option monopédale pour passer en mode roue libre, ce qui est plus adapté à la conduite sportive d’un mode « Untamed », par exemple.
Enfin, si on souhaite jouer davantage sur le frein moteur, sans pour autant passer en mode monopédale, le Mach-e dispose d’un mode intermédiaire qui s’active via le sélecteur de vitesse, c’est la fonction « Low Gear » que nous avons finalement très peu utilisée. 

Thomas Remilleret – 01Net.com – Le logo Mustang sur… un SUV !

Pour une première incursion dans le 100% électrique, Ford affiche un bilan très positif. En permettant au conducteur de choisir parmi trois façons de conduire et trois modes de récupération d’énergie, le Mach-e s’adapte facilement au style de conduite de son propriétaire. 

Sur la route : dynamique pour un SUV

Lorsqu’on arbore aussi fièrement le logo du cheval au galop, mieux vaut garantir au conducteur quelques sensations au volant. La tâche est d’autant plus ardue qu’un SUV, même doté de 351 ch et de 580 Nm de couple reste… un SUV.
Et pourtant c’est sans doute sur cet aspect que le Mach-e nous a le plus surpris. L’accélération, aussi fulgurante soit-elle, était attendue. Le comportement, le toucher de route et plus globalement la dimension joueuse de cette Mustang l’était beaucoup moins.
En effet, le Mach-e surprend par son agilité, malgré ses dimensions relativement imposantes (4,71 m de long, 1,88 m de large et 1,62 m de haut) et un poids de 2,2 tonnes, il offre un comportement sportif presque inespéré.

Thomas Remilleret – 01Net.com – La conduite du Mustang Mach-e nous a agréablement surpris.

Autonomie : dans la moyenne haute

Doté d’une batterie de 99 kWh, dont 88 kWh de charge utile, le Mach-e prétend à une autonomie de 540 Km, dans la version Extended Range AWD que nous avons testé.
Comme très souvent, l’estimation théorique (WLTP) s’avère bien optimiste. Certes, plusieurs facteurs entrent en compte dans la consommation, à commencer par la température extérieure, la façon de conduire et le type de route. Pour autant, il nous semble bien complexe de descendre sous les 20 kW/100 km, afin de coller à l’autonomie promise par le constructeur. 

Lors de notre essai, lorsque la conduite s’est faite plus douce, principalement sur le réseau secondaire, nous avons atteint 23-24 kW/100 km, soit une consommation qui laisse espérer entre 400 et 450 km d’autonomie. Néanmoins, ces chiffres permettent au Mach-e de rester dans la bonne moyenne de la catégorie.

Thomas Remilleret – 01Net.com – Le design du Mach-e ne laisse pas insensible.

Côté recharge, l’offre de Ford est assez classique. La Mustang est fournie avec deux câbles, l’un classique et l’autre en DC pour la charge rapide jusqu’à 150 kW. Celle-ci permet de récupérer, au maximum 119 km d’autonomie en 10 mn de recharge.
Bien évidemment, l’alternative sur la prise demande plus de patience, environ 30h pour faire le plein. Dès lors l’installation d’une Wallbox paraît toute indiquée.
Quant à la charge rapide, Ford est partenaire du réseau Ionity. Les premiers acheteurs du Mach-e bénéficieront donc d’un an d’accès gratuit au réseau européen.

Le plus sérieux rival du Model Y ?

Le Mustang Mach-e est l’un des rares SUV 100% électriques à proposer une version accessible à moins de 50 000 euros. En effet, dans sa configuration de base, le véhicule est vendu 46 000 euros (une fois le bonus de 3 000 euros appliqué).
Notre version de test en quatre-roues motrices se situe à 65 000 euros, à 2 000 euros près, le prix de départ de la future Model Y. Dans l’approche, la conception mais aussi au niveau des performances, le Mach-e apparaît être un concurrent tout désigné au SUV compact de Tesla. 

Le duel promet d’être serré entre ces deux-là, mais la Mustang marque sans doute le premier point avec l’argument du prix. Le match est lancé !

Verdict de l’essai

Le premier véhicule 100% électrique de Ford est une franche réussite. Qu’importe le logo, une fois dépassé le fait que cette Mustang ne ressemble en rien aux autres, ce SUV doit être jugé sur les mêmes critères que ses rivaux.
Dès lors, force est de constater tant en termes de performance, d’autonomie que de plaisir de conduite, que le Mach-e est largement au niveau de la concurrence. Surtout, la Mustang s’offre le luxe d’être l’un des SUV les plus agréables à piloter tout en étant parmi les moins chers du marché.
Car s’il fallait un dernier argument pour lancer la bataille qui l’opposera au Model Y et au Mercedes EQA, c’est bien celui de son prix (48 990 euros, hors bonus).

Enfin, du côté de la connectivité à bord, le Mach-e marque définitivement les esprits avec son écran de 15 pouces et un système Sync en très nette progression. 

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Dimitri Charitsis