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Test : Assassin’s Creed : Unity, la Révolution d’Ubisoft n’a pas que du bon…

Assassin’s Creed : Unity est le roi des titres AAA du catalogue d’Ubisoft pour la fin d’année. Disponible sur PS4, Xbox One et PC, il affole autant par ses qualités… que par ses bugs vraiment gênants.

Cinquième grand épisode de la série, Assassin’s Creed : Unity vous plonge au cœur d’une des époques charnières de la France, la Révolution de 1789. Et plus exactement, la fin de celle-ci et la mise en place de la Terreur de ce cher Robespierre.
Le studio Ubisoft Montréal, qui a développé cet opus, et la maison mère Ubisoft avaient bien préparé leur coup. Et surtout, ils ont pris leur temps pour créer et peaufiner ce titre très attendu. Trois ans de travail, plein de vidéos plus impressionnantes les unes que les autres et tout cela, afin de faire fonctionner les glandes salivaires des joueurs –dont les nôtres. Avec la quantité de promesses faites au fur et à mesure du développement, il y a avait de quoi construire des barricades. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu au lancement. Les bugs, les instabilités, les ralentissements : les joueurs en ont rempli des cahiers de doléances et même menacé de démonter la Bastille. La Bastille, car nous somme à Paris qui, avec Arno Dorian, le héros, tient l’un des rôles principaux de ce jeu. C’est d’ailleurs notre bonne capitale qui va ouvrir le bal de notre test en 10 points.

1 : la modélisation réussie de Paris, la ville sombre au siècle des Lumières

Le jeu commence à Versailles mais Arno (vous) est rapidement catapulté à Paris. Les Etats Généraux vont avoir lieu, la Noblesse et le Clergé vont renoncer à leurs privilèges et le Tiers Etat, se constituer en Assemblée et se rebiffer contre le roi Louis XVI qui a bien du mal à gouverner clairement et à rassembler les foules. Ambiance festive donc dans les rues de Paris !

Et qu’elle est sale notre chère capitale française ! Comme elle n’est pas encore passée entre les mains du Baron Haussmann, les ruelles y sont légion et les grands axes, presque complétement absents. Les vieilles bâtisses pullulent, avec leur toit en zinc et leurs cheminés. La crasse, la boue et les pavés se mélangent au sol. Il ne manque plus que l’odeur (qui devait être abominable) pour que la reconstitution soit parfaite. Il y a bien quelques libertés prises par les développeurs mais, honnêtement, il faut avoir des connaissances en urbanisme historique pour s’en rendre compte. On retrouve même des noms de rues existantes encore aujourd’hui et l’échelle de la ville est assez bonne. En tout cas, on s’y croirait et c’est l’essentiel. Un monde très ouvert où les missions principales et secondaires, les chasses au trésor et collectes d’objets divers ne manquent pas, voilà de quoi passer des heures à arpenter les rues.

Nous nous sommes bien sûr adonnés à des séances de grimpettes sur les façades d’un grand nombre de façades et avons pris le temps de visiter les lieux dès que nous trouvions une fenêtre ouverte où nous engouffrer. C’est l’une des grandes nouveautés de Unity, vous pouvez passer de l’intérieur à l’extérieur et vice-versa sans le moindre temps de chargement. Le mobilier y est varié, les décorations plus ou moins chargées suivant le type de demeures visitées pour y commetre des larcins ou des meurtres. Il y a là aussi de vraies réussites. Les textures lisses et parfois très laides d’Assassin’s Creed III ou de Black Flag nous semblent -heureusement- bien loin.

2 : les cabrioles et cascades d’Arno plus réalistes et souples

Entre le premier Assassin’s Creed et Black Flag, les mouvements d’escalade et la démarche des protagonistes à capuche sont presque les mêmes. Unity en introduit de nouveaux, plus réalistes, mais surtout votre tueur n’est plus aussi rigide lorsqu’il s’adonne à ses ascensions périlleuses. Roulades, petits entrechats tout en souplesse, sauts vertigineux avec rattrapage à la dernière minute pour éviter de se transformer en crêpe Suzette sur les pavés, Arno est un félin. Prompt à bondir sur sa proie et rapide à s’échapper.
Côté escalade, il y a du mieux aussi. Vous pestiez lorsque vos précédents Assassins avaient tendance à s’accrocher partout, sans raison, ou à ne pas descendre le long d’une façade autrement qu’en sautant…au risque de vous retrouver avec les genoux au niveau du menton. Rassurez-vous, Ubi vous a entendus grogner.
Il existe maintenant deux types de courses « Course haut » et « Course bas ». Suivant le bouton que vous conservez appuyer et la direction que vous imprimez sur le stick, Arno descend ou monte. Autant vous dire que les courses poursuites dans Paris sont un vrai bonheur car vous vous mouvez avec une aisance rarement atteinte sur un titre de la série. Et s’échapper ne sera pas une option dans bien des circonstances car le temps où vous pouviez dessouder des ennemis à tour de bras sans suer une goutte est révolu.

3 : les combats plus durs et la personnalisation intégrale de votre héros

Si un Assassin œuvre majoritairement dans l’ombre et essaie de ne pas se faire repérer par ses ennemis, certaines missions ou situations l’obligent à croiser le fer avec des soldats, des révolutionnaires, des templiers et bien d’autres esprits belliqueux. Si votre arsenal est important et diversifié (épée, hache, pique, pistolet, mousquet, la fameuse lame fantôme), il faudra réapprendre à l’utiliser dans Unity. Les mouvements ne sont plus les mêmes, la logique des combats a également changé. Ces derniers sont plus durs, basés sur l’esquive et la riposte plutôt que sur la taille et l’estoc. Et dès que trois ennemis ou plus vous entourent, les choses vont se corser et vous pourrez rapidement y passer.
Fini le temps où l’intelligence artificielle mettait ses pions en rang d’oignon en attendant de prendre des coups. Les soldats sont fourbes, vous attaquent à plusieurs en même temps et essaieront même de vous prendre à revers la plupart du temps. N’hésitez pas à utiliser des fumigènes pour vous carapater et revenir plus tard ou, mieux, aborder la situation sous un autre angle car, dans AC:U, il y a toujours plusieurs chemins à emprunter pour une même destination. D’ailleurs, bon nombre de missions ont des objectifs secondaires à accomplir afin de varier les plaisirs et mettre vos talents à l’épreuve. C’est très intéressant.

C’est d’ailleurs pour cela que la personnalisation de votre Assassin est si poussée dans le jeu. Vous pouvez être un roi de la discrétion et de l’assassinat ou un bretteur confirmé qui n’hésite pas à se jeter dans la mêlée, tant qu’il a des alliés pour l’épauler. Chaque arme, chaque élément de votre costume vous apporte différents bonus tantôt sur votre endurance tantôt sur votre score de  discrétion, ou votre force. Votre arsenal se déverrouille au fur et à mesure de votre progression dans les missions principales, les missions secondaires mais aussi dans le mode Coop.

4 : le mode Coop est bien pensé

Dans les vastes dédales de ruelles de Paris, vous trouverez souvent des commanditaires qui vous donneront l’occasion de lancer des missions en multijoueurs. Introduites de fort belle manière et inscrites dans le déroulement de l’histoire, elles sont basées sur la coopération de deux à quatre joueurs. Tous unis dans Unity. Ces missions vous amènent à réaliser des objectifs aussi divers que variés. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous n’avons pas encore eu l’occasion de faire tout le tour des possibilités, tant elles sont variées. Et vous n’êtes pas obligé de vouloir réaliser une mission pour convier des amis (uniquement) à une partie. Vous pouvez le faire simplement depuis le menu du jeu et parcourir Paris afin de réaliser des « parkours » à plusieurs ou essayer de vous infiltrer dans les places fortes hyper bien gardées pour vous faire quelques pièces de monnaie ou simplement par amour des défis. Le multi compétitif a, quant lui, complètement disparu. Selon nous, cela colle plus à l’esprit Confrérie des Assassins de pouvoir jouer avec ses « frères » que de traquer des traîtres ou des Templiers.

5 : de la Marseillaise à Cadet Rousselle, immersion sonore garantie

Si les Historiens pointilleux pourront constater certains anachronismes dans Unity, il y en a un de taille mais qui passe plutôt bien : la Marseillaise est souvent chantée dans les rues du Paris d’AC:U. On y entend aussi la comptine sur Cadet Rousselle ou encore quelques chants et morceaux populaires de l’époque. Bien entendu, tous les badauds que vous croiserez (ou bousculerez) vous invectiveront et certaines conversations sont amusantes à écouter. L’immersion dans tous les Assassin’s Creed passent non seulement par les décors mais aussi par la musique et les bruitages. Et, encore une fois, c’est un carton pour cet opus.

6 : des dialogues fades, des doublages peu convaincants

Nous ne pouvons malheureusement pas en dire autant pour les dialogues et la façon dont ils sont doublés/joués en français. De même que pour le calage et la synchronisation des sous-titres, bien bâclée par moment. Vous l’aurez compris, l’heure des louanges est terminée, nous sommes dans les points qui fâchent.
Quel dommage qu’Ubisoft se contente du minimum sur ce point-ci. Il y avait un mieux avec Kenway, dans AC IV. Mais Unity n’en profite pas. On retrouve une qualité de doublage digne du temps d’Ezio ou Altaïr. Et si à l’époque, ils étaient presque convaincants en regard de ce que proposait la concurrence, aujourd’hui, ils font grise mine. Pourtant, la gestuelle et la communication corporelle bénéficient de la fluidité offerte par le moteur de Unity, il aurait donc “juste” suffi de rajouter un peu d’âme dans les dialogues pour qu’on obtienne quelque chose de très crédible et de presque cinématographique.

7 et 8 : des bugs qui mettent à genoux même les plus gros PC gamers

Depuis sa sortie, Unity a bénéficié de trois gros correctifs et un quatrième est déjà sur les rails. Et si le CEO d’Ubisoft Montréal s’est confondu en excuses et a offert le premier opus du futur DLC ou un jeu gratuit aux joueurs ayant le Season Pass, cela ne parvient pas à combler les lacunes que nous avons constatées au lancement. A les atténuer tout au mieux. C’est l’une des raisons qui a causé le retard de la publication du test : nous avons voulu attendre que le jeu soit plus stable pour en profiter. Car, lors de la sortie, notre PC de guerre peinait à le faire tourner ! Chute d’images par seconde sur console et PC, mauvaises prises en charge de certains filtres visuels, plantages intempestifs, bugs de collision… La liste est longue.

Encore aujourd’hui, les problèmes et les freezes (gel d’écran) sont nombreux pendant nos parties. Lorsque nous ne sommes pas en mission, ce n’est pas gênant, mais dans le feu de l’action, beaucoup plus. Nous avons aussi constaté des blocages d’Arno sur un balcon, comme si c’était un mur infranchissable. Nous passerons sur la foule qui ne s’écarte pas correctement ou les passants lâchant ce qu’ils ont dans les mains alors que nous passions à 5 mètres d’eux en marchant… Plus les opus passent, plus ce genre de comportements causés par un mauvais script de jeu se retrouvent dans la populace. Inquiétant.

Autre reproche : les scènes d’exécution en combat ont perdu de leur superbe et certaines épées nous ayant éventrées nous passaient visuellement à côté. Côté réalisation, pour un jeu NextGen, il fait parfois moins bien que ses aînés soumis à des contraintes techniques plus rigides, c’est ennuyeux, non ? Enfin, en bon PCiste, nous ne pourrons que déplorer la qualité de portage du jeu. Nous avons préféré les sensations procurées par la PS4 à celles ressenties sur notre machine de prédilection.

9 : l’achat des points Hélix pour pirater du contenu

Parmi les possibilités offertes par le jeu, il y a le piratage de votre équipement. Oui, dit comme cela, ce n’est pas clair. Précisions. Dans AC:U, vous incarnez Arno mais êtes, en fait, un joueur d’un jeu vidéo, utilisant sa console Animus développée par Abstergo, une société détenue par les Templiers. Ces derniers, sous couvert de vous vendre du rêve en vous faisant revivre l’existence de vos ancêtres, cherchent à récupérer des artefacts ou du moins à les localiser.
Or, il se trouve que lors d’une partie, votre console est piratée par les Assassins. Vous explorez donc le passé pour leur compte puisqu’ils arrivent à rerouter toutes les données vers leur serveur et non ceux d’Abstergo. Mise en abîme quand tu nous tiens.
Les Assassins ayant hacké votre partie de jeu vous offre la possibilité de booster votre équipement par le biais de ressources baptisées points Hélix. Vous pouvez en récolter dans le jeu mais, surtout, en acheter à Ubisoft. Entre 5 et 100 euros selon la quantité désirée afin de pirater votre équipement et augmenter ses capacités. Ubisoft proposait déjà un système d’achat in game dans Black Flag mais cela ne concernait que des éléments cosmétiques. Il semble que le studio soit passé à la vitesse supérieure avec Assassin’s Creed : Unity. Sans doute que les revenus générés par les ventes du jeu (60 euros environ) et celles du Season Pass (30 euros) ne sont plus suffisantes…

10 : une Appli pas tout à fait utile…

Terminons par l’application Assassin’s Creed Unity à coupler avec votre compte Uplay pour avoir accès à du contenu en jeu. Par exemple, certains coffres ne s’ouvrent qu’à condition d’utiliser le micro programme sur smartphone ou tablette. Super… Ubisoft a trouvé un moyen de nous hameçonner même dans le métro ou lorsque nous ne pouvons pas jouer à la console/PC pour quand même assassiner, planifier et envoyer des confrères en mission. Très honnêtement, nous n’avons pas trouvé cette appli utile et cela nous rappelle un peu trop son homologue pensé pour Watch_Dogs. A l’époque déjà son intêret était assez limité.

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Aymeric Siméon