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Teradata fait de l’?”il au client pour sortir de l’entrepôt

Le spécialiste des bases de données s’est imposé aux côtés d’IBM et d’Oracle en à peine dix ans. Prochaine étape : réussir dans la gestion de la relation client.

Teradata ? Un quasi inconnu sur le vaste marché des bases de données, dominé par des firmes aussi illustres qu’IBM et Oracle. À eux deux, ces derniers drainent les deux tiers des parts de marché, avec des chiffres d’affaires respectifs de 3,1 milliards et 2,8 milliards de dollars (3,18 et 2,87 milliards d’euros). En bon troisième, Microsoft occupe 16,3 % du marché, avec 1,4 milliard de dollars. Que faire pour exister face à ses monstres ? Se spécialiser sur un segment, le data warehouse, en d’autres termes la base de données de très gros volume. Ainsi dans son dernier “Magic Quadrant” (typologie des acteurs d’un secteur en quatre catégories : leaders, challengers, visionnaires et acteurs de niche) sur le data warehouse, le cabinet d’études Gartner Group positionne l’entreprise américaine dans le carré des leaders, où l’on retrouve IBM et Oracle. Une place qui était loin d’être acquise il y a moins de dix ans.

Une nouvelle stratégie

Ce spécialiste de la grosse base de données existe depuis 1979, mais c’est son entrée dans le giron de NCR qui propulse Teradata dans le trio de tête du data warehouse. Lorsqu’elle en fait l’acquisition en 1989, la vénérable NCR (National Cash Register) ?” le fabricant de la première caisse enregistreuse mécanique créée en 1884 ?” vend encore des matériels et des logiciels à des entreprises telles que Wal-Mart et AT & T, laquelle avalera plus tard NCR.Fin 1996, NCR retrouve son indépendance. Cette année-là, en effet, l’opérateur national de télécommunications éclate en trois entités : NCR, Lucent et AT & T. Deux hommes vont alors jeter les bases de la réussite de Teradata. Le premier est Lars Nyberg. En 1996, il décide d’un virage stratégique déterminant pour endiguer les millions de dollars de pertes. Il sort de toutes les activités PC et serveurs hérités de l’époque AT & T, et se concentre sur le marché du décisionnel et du data warehouse, à l’heure de l’explosion des données en entreprises. Le deuxième homme, Mark Hurd, est présent dans la société depuis 1980. Il est participe à l’organisation de NCR en deux divisions. Toutes les solutions analytiques et de data warehousing sont placées dans le giron de Teradata. Les autres activités ?” distributeurs de billets, grande distribution (scanners de caisse), consommables pour ces machines et maintenance ?” forment l’autre division. Mark Hurd prend la tête de Teradata, qui, dès l’année suivante, voit son chiffre d’affaires progresser de 31 %. La stratégie : ne viser que les grands comptes et les persuader du bien fondé du choix d’un data warehouse au détriment des “data marts”, “magasins” de données de plus petite taille. Une option qui s’oppose à celle d’Oracle, grand spécialiste d’une organisation décisionnelle à base de plusieurs data marts.“Il n’y a que deux manières de faire du décisionnel : mettre en place plusieurs data marts pour aller vite sur des projets simples, ou choisir Teradata et consolider une fois pour toutes ses données”, s’amuse Michel Bruley, directeur marketing de Teradata. On peut néanmoins préciser qu’IBM connaît la réussite sur les deux technologies. Techniquement, l’avantage est à l’option Teradata, dont les data warehouse sont reconnus pour leur fiabilité. Cependant, Oracle séduit les entreprises, qui, en période de crise, préfèrent procéder par étapes et multiplier les data marts, quitte à disperser la consolidation des données. “Le retour sur investissement est toujours de notre côté”, se défend Michel Bruley. Il n’empêche, avec des produits moins onéreux, Oracle arrache de facto plus de parts de marché.

Une envergure à revoir

Malgré ces certitudes, Teradata n’a de toutes façons pas les moyens d’aller chasser sur les terres d’Oracle. L’entreprise ne dispose pas des canaux de distribution et d’une force de vente adaptable à des projets plus modestes. Pour tenir son rythme de croissance ?” 961 millions de dollars en 2000, puis 1,15 milliard l’année dernière ?”, Teradata doit donc élargir son horizon. Mark Hurd ambitionne désormais de devenir rapidement un éditeur de solutions de gestion de la relation client reconnu. Cette activité est dailleurs jugée complémentaire du décisionnel. Mais sur ce nouveau terrain, la concurrence ne sera sans doute pas moins rude que celle qui oppose traditionnellement Teradata à IBM et à Oracle.

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Christophe Dupont