Passer au contenu

Coup de froid sur les canards Net-éco

Pagination réduite de moitié pour les Echos.net, arrêt du magazine Le Nouvel Hebdo… les titres de presse consacrés à la Net-économie ne se remettent pas de l’éclatement de la bulle Internet.

Après la disparition des magazines ” Transfert “ puis ” Newbiz “, au premier semestre 2002, c’est au tour du Nouvel Hebdo d’être sur la sellette : le conseil d’administration du Groupe Tests ?” également éditeur de 01net. ?” devrait, sauf surprise, entériner lundi prochain l’arrêt de la revue.De son côté, le supplément hebdomadaire les Echos.net réintègre les pages intérieures du quotidien Les Echos et voit sa pagination réduite de moitié.Touchés par une forte baisse de leurs recettes publicitaires et une érosion de leur lectorat, les titres de presse consacrés à la Net-économie sont sur le fil du rasoir.” Nous sommes dans une période de cassure de la dynamique économique, explique Jean-Marie Charon, chercheur sociologue au CNRS et spécialiste de la presse en France. La presse est prise dans un étau : de nombreux titres consacrés à Internet se sont créés car il y avait potentiellement une manne publicitaire importante sur ce secteur. Mais le retournement économique a provoqué une baisse des recettes publicitaires qui étrangle ces revues. “

Crise des investissements publicitaires…

Déjà en forte baisse par rapport à l’année 2000, les investissements publicitaires des entreprises dans la presse quotidienne nationale et la presse professionnelle spécialisée ont continué à chuter en 2002, selon la Secodip (Société d’études de la consommation, distribution et publicité). Sur les neuf premiers mois de l’année, ces investissements ont atteint environ 880 millions d’euros ?” hors autopromotion et abonnement ?” contre 959,1 millions d’euros sur les neuf premiers mois de 2001, soit une baisse de 8,2 %.La presse professionnelle spécialisée est la plus touchée par ce ralentissement publicitaire. Ses titres, ayant l’économie et l’emploi pour centre d’intérêt, ont enregistré une baisse de 24,1 % de leurs revenus publicitaires sur les neuf premiers mois de 2002, par rapport à la même période, l’année précédente.A l’inverse, la presse quotidienne nationale consacrée au secteur des ” affaires-économie-emploi ” connaîtrait une légère embellie, toujours selon la Secodip. Les investissements publicitaires y ont augmenté de 1,4 % sur les neuf premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2001.Le directeur de publication du quotidien Les Echos, David Guiraud, estime cependant que : ” l’ensemble de la presse rencontre une crise publicitaire forte qui se poursuivra au-delà du quatrième trimestre 2002. Les secteurs économiques de la high-tech, des télécoms et de la banque-assurance souffrent beaucoup, par exemple. Et comme la santé de la presse économique est liée à l’investissement des entreprises, nous sommes plus touchés que les autres. “L’avenir du Nouvel Hebdo, consacré à la Net-économie, semble définitivement compromis. Appartenant à Aprovia, nouveau nom du pôle de presse professionnelle vendu par Vivendi Universal Publishing à plusieurs fonds d’investissement (Cinven, Carlyle Group et Apax Partners) en juin dernier, le Groupe Tests a initié un plan social prévoyant la fermeture de deux magazines dont Le Nouvel Hebdo, lancé en mars 2001.” Avec Le Nouvel Hebdo, nous visions les transformeurs : les gens chargés des projets de e-business à l’intérieur des entreprises. Toutes les personnes travaillant dans les start-up faisaient naturellement partie de notre lectorat, explique Jean Weiss, le PDG de Groupe Tests. Malheureusement, avec le retournement économique, beaucoup de start-up ont disparu et les fonctions e-business ont été reprises en main par les directeurs informatiques et les directeurs des achats dans de nombreuses entreprises. Nous avons perdu une partie de notre lectorat et subi de plein fouet la baisse du marché publicitaire. “

… et érosion du lectorat

Les chiffres des NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne) confirment la baisse de diffusion de la presse magazine consacrée aux domaines ” économie et affaires “. Selon les NMPP, cette famille de titres a enregistré une baisse de 14,8 % du nombre d’exemplaires vendus au numéro dans l’Hexagone sur la période mobile de juillet 2001 à juin 2002.” Je crois que l’on assiste à un désenchantement vis-à-vis des nouvelles technologies, estime Jean-Marie Charon. Les nouvelles technologies nous offrent un paysage moins fascinant que par le passé. Nous avons réévalué leur impact à la baisse, les pratiques et les usages d’Internet se sont révélés plus ordinaires qu’on ne le pensait. “Un avis que partage David Guiraud : ” Les nouvelles technologies nous ont amenés un nouveau lectorat, en partie fasciné par le dynamisme qu’a connu ce secteur : création d’entreprises, découverte de nouveaux marchés, euphorie boursière, etc.
Lors du lancement de Echos.net en octobre 2000, nos ventes au numéro du lundi ont augmenté de 15 % en région parisienne. Nous continuons à enregistrer de bonnes ventes, signe que nous sommes parvenus à fidéliser des lecteurs occasionnels venant de l’industrie et intéressés par les nouvelles technologies “, ajoute-t-il.Pour garder ce même lectorat, le Groupe Tests compte s’appuyer sur ses magazines informatiques professionnels tels 01 Informatique, 01 Réseaux et Décision Micro & Réseaux.” Nous allons adopter une couverture plus large de la problématique Internet dans ces revues, affirme Jean Weiss. Je crois que la quasi-totalité des titres voués à Internet vont perdre leur autonomie ou bien disparaître. Il suffit de regarder ce qui se passe hors de nos frontières. The Industry Standard ?” magazine phare des années fastes d’Internet ?” a disparu alors qu’il était le plus investi en publicité dans les années 1999-2000 aux Etats-Unis, tous types de presse confondus ! La crise de la presse consacrée à la Net-économie est un phénomène général auquel le marché français ne peut échapper “, conclut-il.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Antonin Billet