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Start-up Forum : les jeunes pousses inquiètes de leur avenir

Durant trois jours, 180 jeunes pousses ont rendez-vous à Monaco. Nommée Start-up Forum, cette rencontre permet à de jeunes entrepreneurs de s’immerger dans le bain de la nouvelle économie française. Les premiers débats montrent la crainte qui gagne les start-up.

Ici, les investisseurs se font rares. Organisé pour la deuxième fois, le Start-up Forum a plus pour ambition de mettre en relation prestataires et start-up que de présenter des business plans aux capital-risqueurs. Cependant, même si un espace agora permet aux prestataires de présenter leurs services, les quelques stands ne suffisent pas à justifier cette ambition. Ainsi, Start-up Forum est plus un lieu de rencontre de nature informelle qu’un rendez-vous professionnel classique. L’idée étant de se hasarder au jeu des rencontres au cours de buffets ou de cocktails.La session plénière, ouvrant officiellement Start-up Forum, a donné lieu à un vaste débat sur la dynamique de création d’entreprises dans le secteur des NTIC. Point de départ de cette discussion, une enquête IDC, menée pour l’occasion auprès de 200 entreprises, indique que 63 % des start-up interrogées ne sont pas (encore ?) rentables.Si elles affichent des prétentions de croissance qui laissent rêveur, plus de la moitié tablent sur la vente en ligne pour atteindre leurs objectifs. Ce rêve confine pourtant à l’utopie si, comme l’affirme le très optimiste Eric Ochs, directeur général d’IDC France, le secteur de la vente en ligne est celui qui pâtit le plus du gel des investissements. Alors 63 % des start-up devraient-elles craindre pour leur avenir ?Sur ce sujet, Christophe Talon, de CDC Innovation (Groupe Caisse des dépôts) montre plus de réserves qu’Eric Ochs, qui juge le contexte prometteur. ” On parle de bulle Internet, mais rarement de la bulle des capital-risqueurs, déclare-t-il. Deux tiers des investissements dans les fonds américains ne seront pas reconduits. Il y aura forcément un coup de ciseaux dans un ou deux ans. Et là, il faudra trouver de nouvelles solutions de financement. Je préfère le dire clairement : un projet qui affiche des prévisions de croissance inférieures à 30 % ne nous intéresse pas. Le capital-risque est peut-être là, par définition, pour prendre des risques, mais sur des marchés à fort potentiel, où il y a des possibilités de sortir du capital en quatre ou cinq ans. “

Un marché de plus en plus exigeant

Ainsi, pour Joël Palix, ancien PDG de Clust, mieux vaut se préparer à revendre sa start-up. “Si vous n’avez que six mois pour trouver des fonds, et que vous doutez de pouvoir le faire, mieux vaut commencer à chercher un acquéreur tout de suite”, conseille-t-il au parterre de dirigeants de start-up. “Je le dis d’expérience”, ajoute-t-il.Sans capital-risque, sans chiffre d’affaires de taille, et sans perspective de croissance extrêmement rapide, la création d’entreprise risque de se raréfier dans la nouvelle économie. Si cette vision n’est, pour Pierre Chappaz, PDG de Kelkoo, qu’une vison fausse et sinistre de l’avenir, mieux vaut tout de même s’y préparer ! Car au-delà des projets exceptionnels, à l’égal d’un Yahoo! ou d’un Amazon, dont rêvent tout investisseur, l’avenir des PME Internet, qui représentent 95 % des entreprises des NTIC, est primordial pour la fondation d’un équilibre économique dans le secteur.”  Multimania, Kazibao, et AuFéminin ne pourraient plus rentrer sur le Nouveau Marché aujourd’hui. Pour la simple raison qu’ils ne trouveraient aucun intermédiaire pour garantir leur introduction “, affirme Pierre-Yves Jousselin, responsable Nouveau Marché Euronext. Le marché libre, qui demande encore à être plus réglementé, pourrait donc servir de palier pour les entreprises visant à terme une cotation au NM.Pouvoir lever plus de 400 millions de francs auprès des investisseurs en une année, comme vient de le faire Kelkoo, semble, aujourd’hui, relever de l’impossible. Mais la multiplication des FCPI et l’évolution du marché libre pourraient pallier le désintérêt des capital-risqueurs pour Internet. Florence Ribes, associée chez Léonardo Finance, souhaite seulement que ce désintérêt ne soit pas aussi brutal que maladroit. ” J’espère que les capital-risqueurs attendront des taux de retour sur investissement (TRI) plus bas que ceux de ces dernières années. Espérer un TRI de 30 % est déjà suffisamment intéressant, au vu des 15 % attendus dans l’économie traditionnelle. “

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Frantz Grenier, envoyé spécial à Monaco