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SSII : les régionales ne font pas le poids

Dans le Sud-Ouest, l’industrie ?” surtout l’aéronautique ?” tire le marché des services. Les prestataires nationaux en profitent.

Le paysage des services dans le Sud-Ouest est avant tout marqué par une bipolarité entre Toulouse et Bordeaux. La région toulousaine, qui a su attirer vers elle la branche civile des industries aérospatiales, en recueille aujourd’hui les fruits. “Les projets liés à l’Airbus A380 maintiennent le marché de la sous-traitance informatique à un bon niveau”, affirme Claude Racois, délégué régional du Syntec et PDG de Sylogic. Face à sa voisine, Bordeaux marque le pas. La baisse des crédits de la défense a fortement touché les grands donneurs d’ordres, comme la Snecma/Sep, le CEA, Thalès (ex-Sextant) ou l’Aérospatiale, qui soutenaient le marché aquitain des services. Bordeaux et Toulouse concentrent respectivement 80 et 60 % des emplois de leur région (source Insee). Les deux autres pôles d’activité, Pau et Bayonne, se situent à un niveau bien inférieur. “Le développement du marché est faible, mais régulier dans le temps”, explique Jean-Marc Bayaut, PDG de la SSII Héliantis, justement implantée à Pau.Cette densité, ajoutée à un contexte économique difficile, augmente la pression sur les SSII régionales. D’abord, les clients ont, dans un souci de maîtrise des coûts, réorganisé leur sous-traitance. Résultat : les grandes SSII nationales implantées dans la région ?” seules capables de proposer une offre globale incluant le conseil ?” ont raflé des marchés, aux dépens des plus petites. Ensuite, les budgets affectés en priorité à la maintenance ou à l’évolution des applicatifs existants se sont réduits sur les nouveaux projets liés aux technologies de l’internet. “Les SSII recherchent des compétences en Cobol ou en PGI. Du coup, les ressources disponibles en nouvelles technologies sont plus nombreuses que l’offre”, constate Claude Racois. “Sur les projets NTIC, les entreprises réclament des retours sur investissements plus courts. Toutefois, même si les budgets sont différés et les projets plus morcelés, les NTIC demeurent pour nous un c?”ur de cible”, tempère Thierry Siouffy, PDG de Logica, SSII fortement implantée à Bordeaux avec cent vingt personnes.

Une situation de crise favorable à l’infogérance

e tableau mérite toutefois d’être nuancé selon les secteurs et le type de prestations. La persistance de niches très dynamiques dans l’aéronautique permet à quelques prestataires régionaux de garder, voire de conquérir quelques marchés. Ainsi la SSII toulousaine Eurogiciel, qui intervient essentiellement sur ce secteur ?” soit directement avec les grands donneurs d’ordres, soit avec leurs sous-traitants, comme Giat ou Latécoère ?”, prévoit-elle une croissance limitée mais sûre pour 2003. Outre l’industrie, les grands travaux comme le tramway à Bordeaux ou la déréglementation de l’énergie devraient, selon Pierre Audoin Conseil, maintenir un taux d’activité correct en 2003.Parallèlement, le recentrage des clients sur leur métier ouvre de nouvelles perspectives. Les grandes SSII s’emparent de contrats de tierce maintenance applicative et d’infogérance. Cap Gemini Ernst & Young vient ainsi de signer un contrat de 1,580 milliard d’euros sur dix ans avec le laboratoire pharmaceutique toulousain Pierre Fabre. En 2002, le chiffre d’affaires en infogérance de Transiciel a crû de 37 %, alors que celui de l’informatique scientifique, son premier métier, n’a augmenté que de 14 %. En dehors de ces secteurs porteurs, les SSII régionales doivent innover pour trouver leur place. L’assistance technique, où elles peuvent avec moins de frais de structure maintenir des prix plus attractifs, demeure un bon sillon. Aquitaine Valley, s’est, elle, spécialisée dans l’infogérance pour PME. “Cette année sera favorable à l’infogérance, prévoit son PDG, Jean-Jacques Roubière. Une activité qui correspond bien à la situation de crise.” Pour ces entreprises, la région demeure le principal vivier de clients. Mais certaines ont su s’en extraire. C’est le cas de Deal Informatique, qui, partant du domaine très concurrentiel du PGI pour PME, a su remporter des contrats avec Bouygues Offshore ou Latécoère.

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Sylvie Blanc