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Services web : quelle réalité aujourd’hui ?

Malgré le relatif scepticisme qui les entoure, les services web entrent en production dans les entreprises. Certains intégrent des applications internes, d’autres interagissent avec les systèmes d’information de tous leurs partenaires de confiance. Les premiers témoignages.

Lancés avec fracas par IBM et Microsoft et largement promus par les discours marketing de l’ensemble des éditeurs, les services web ne rencontrent pas encore un succès foudroyant. Les cabinets d’analystes américains font d’ailleurs état d’un certain scepticisme à leur égard, tant du point de vue technologique que métier. En effet, pour beaucoup d’entreprises, les services web ne constituent pas actuellement un critère primordial dans le choix de leur plate-forme informatique. Elles attendent de ces technologies plus de maturité en termes de sécurité, de fiabilité et d’administration des échanges. Elles souhaitent surtout comprendre les réels avantages que peuvent apporter l’intégration de services web à leur système d’information.Certaines tentent déjà d’y répondre en lançant des projets pilotes, mais on reste encore loin de leur usage intensif en production. “Lors de la création de notre plate-forme technologique, nous avions retenu les technologies de services web pour l’interfacer avec les portails de nos clients, affirme Vincent Gaudin, responsable du développement de Digiplug, société spécialisée dans la compression de contenus pour les téléphones mobiles. À l’usage, nous avons rapidement déchanté, car nos clients nous ont imposé leurs interfaces prédéfinies. Dans le monde du web, les formulaires HTML et les autres appels par URL sont beaucoup moins contraignants à l’usage que les services web, car ils n’imposent pas des conversions vers, puis depuis un format intermédiaire de données.”

Résoudre les ruptures technologiques

Faut-il pour autant abandonner ces technologies ? “Non, bien sûr, rétorque Vincent Gaudin. Elles rendent de grands services pour mettre en place de nouvelles applications, lorsque l’on est notamment confronté à des ruptures technologiques entre les plates-formes utilisées pour les bâtir.”Plusieurs entreprises européennes jouent ainsi les pionnières, soit pour ouvrir des applications internes à l’entreprise au web, soit pour interfacer leur système d’information avec des partenaires de confiance. Ainsi, TPS (la Télévision Par Satellite) a utilisé des services web pour relier son extranet à son application de gestion de ses abonnés. Redéveloppée à partir de la plate-forme.Net de Microsoft, cette solution a été conçue pour offrir un meilleur service à ses distributeurs. Ces derniers reçoivent ainsi en temps réel la confirmation des nouveaux abonnements souscrits. La sécurisation des échanges par services web est réalisée en configurant les coupe-feux pour laisser passer uniquement les invocations de services web provenant de l’hébergeur en charge du fonctionnement de l’extranet de TPS.Un autre exemple d’utilisation de ces technologies concerne le choix d’un grand groupe industriel français décidé à standardiser grâce aux services web le raccordement de ses applications d’entreprises à son portail intranet. Cette normalisation assure un développement rapide des extensions du portail, les développeurs n’ayant plus besoin de connaître les différentes plates-formes technologiques utilisées pour bâtir les applications métier. En revanche, cela implique l’adaptation des applications d’entreprises pour les découper en services, ou au minimum les encapsuler par des services.Un troisième exemple d’emploi des services web pour ouvrir les applications métier au monde du web concerne le groupe Rhodia. Ce dernier raccorde ses logiciels web à ses applications métiers au travers de la plate-forme d’intégration de WebMethods. Celle-ci est connectée aux premiers par l’intermédiaire des services web et aux secondes via un connecteur JDBC accédant à la base de données des applications centrales.

Les services web au c?”ur des échanges interentreprises

Les services web sont aussi employés en production dans le cadre d’échanges interentreprises avec des partenaires de confiance. Ainsi, Allo Resto, spécialisé notamment dans la réservation de tables dans les restaurants haut de gamme, a mis en ?”uvre le référentiel de services becubic de la société Soamaï, référentiel dont l’objectif est de faciliter la réutilisation de divers types de services (fournis par des composants, par des objets, par des SGBD, etc.). Pour interfacer le système Galiléo (réservation globale de voyages : avions, trains, hôtels, etc.), Allo Resto a créé plusieurs services web exposant les méthodes de composants EJB fonctionnant sous JBoss, un serveur d’application Open Source. Ces services web utilisent le proxy Soap de Soamaï pour exposer les composants EJB. Leur sécurité est assurée entre autre par l’emploi du protocole SSL entre Galileo et Allo Resto.Le deuxième exemple d’utilisation de services web dans le cadre d’échanges interentreprises concerne la société hollandaise OneTrail. Spécialiste dans la distribution de matériels et d’équipements informatiques, elle gère les processus d’échange entre les systèmes d’information des distributeurs et ceux de leurs fournisseurs. Pour cela, OneTrail a mis en ?”uvre la plate-forme d’intégration e*Gate de See Beyond, complétée par le serveur d’intégration B to B e*eXchange du même éditeur. Le logiciel e*express-Way de See Beyond est par ailleursdéployé chez les clients non dotés d’une solution d’intégration, afin de connecter la plate-forme OneTrail à leur ERP. Toutes les données échangées avec les ERP des distributeurs et des fournisseurs (passation de commandes, bons de livraison, etc.) sont converties au format Rosetta.Net dans la plate-forme de OneTrail. En plus de ces échanges, OneTrail met à disposition de ses clients distributeurs un service web, fournissant sur demande la disponibilité et le prix d’un produit vis-à-vis de différents fournisseurs. “Les technologies Soap et WSDL sont dorénavant assez matures pour être utilisées en production dans le cadre de plates-formes d’échange comme la nôtre, explique Cor Zijlstra, directeur technique de One Trail. La disponibilité du connecteur Soap eWay proposé par See Beyond permet de créer facilement des services web sécurisés mettant à disposition de nos clients distributeurs des informations enfouies dans les ERP de plusieurs fournisseurs.”

Pour améliorer le processus de vente

Un autre exemple concerne B2Boost, dont la plate-forme d’échange ciblant l’industrie des jeux vidéos utilise des services web pour communiquer avec des applications clientes assurant l’intégration par échange de fichiers avec les ERP de ses clients. “Nous avons créé une plate-forme d’échanges informatiques dont l’objectif est d’améliorer le processus de vente des jeux vidéos entre les fournisseurs et les nombreux distributeurs agissant sur ce marché”, explique Philippe Geleyn, directeur technique et cofondateur de B2Boost. Leur plate-forme gère, pour chaque fournisseur de consoles ou de jeux vidéos, tel Electronic Arts, un site web dédié sur lequel les distributeurs consultent des informations commerciales ou passent des commandes. Une fois celles-ci saisies, la plate-forme de B2Boost les envoie à l’ERP du distributeur concerné pour validation. Puis elle fait parvenir les commandes à l’ERP du fournisseur sélectionné. “L’avancement du traitement des commandes est ensuite récupéré périodiquement par notre plate-forme pour affichage sur le site web correspondant. Notre plate-forme joue donc un rôle similaire à celui des infrastructures traditionnelles d’EDI”, insiste Philippe Geleyn. Dans un marché très fragmenté comprenant plusieurs milliers de distributeurs (300 gros clients et 10 000 détaillants), l’EDI, en effet, ne pouvait pas s’imposer. Il restait trop cher à mettre en ?”uvre. “Nous utilisons les technologies web de BEA Systems pour rendre notre plate-forme accessible aux divers types de points de vente”, poursuit Philippe Geleyn. Pour réaliser les échanges informatiques avec les systèmes d’information des distributeurs et des fournisseurs, nous avons mis en ?”uvre différents services web basés sur les technologies SOAP et WSDL (voir schéma page précédente). Les échanges par services web utilisent le protocole SSL pour garantir la confidentialité des communications. De plus, B2Boost a mis en place sa propre autorité de certification pour authentifier les utilisateurs de sa plate-forme. Les services web mis en place sont appelés par la solution d’intégration BIP (B2Boost Integration Package) installée dans la zone DMZ des systèmes d’information des distributeurs et fournisseurs, et réalisant un interfaçage asynchrone par échange de fichiers XML. “Cela nous permet plus facilement de réaliser l’intégration des systèmes d’information des distributeurs et fournisseurs connectés à notre plate-forme, car la mise en ?”uvre réalisée est non intrusive et asynchrone. De plus, le format des fichiers XML échangés est propre à chaque système d’information interconnecté, la conversion dans un format standard étant réalisée par notre plate-forme”, conclut Philippe Geleyn.

Interconnexion des plates-formes hétérogènes

Autant d’exemples qui montrent des utilisations des technologies de service web en production, à l’intérieur de l’entreprise ou entre l’entreprise et des partenaires de confiance. Prudence cependant, il s’agit dans la plupart des cas de l’adaptation de fonctions déjà existantes sous forme de services web, de façon notamment à profiter de la facilité d’interconnexion de plates-formes hétérogènes que ces technologies apportent. Il ne s’agit pas encore de la mise en place d’une architecture de services redécoupant les applications existantes en services, architecture offrant une réactivité élevée.

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Jean-François Masler