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Séance d’auto-flagellation collective à San Jose

La Game Developers Conference de San Jose, en Californie, à peine terminée, deux constats se sont enfin imposés aux participants. D’une part, les jeux ne sont pas assez divertissants. Et, d’autre part, ils sont trop violents. Depuis le temps qu’on le dit !

Pour sa seizième édition, la GDC, qui réunit chaque année la crème des producteurs, designers, programmeurs et autres artistes du jeu vidéo, aura donc fait très, très fort. En gros, nos chères têtes pensantes viennent de décider qu’il serait temps que l’industrie prenne un peu conscience de ses responsabilités. Sans blague ?Parmi les thèmes abordés, donc, la dépendance quasi-pathologique des joueurs ?” la game addiction, comme on dit là-bas. Un vrai problème qu’il fallait bien finir par soulever un jour ou l’autre. De nombreux joueurs, principalement des enfants et des adolescents, sont effectivement tellement ” accrocs ” à leurs jeux, qu’ils ne décollent plus de devant leur console ou leur PC.Comment y remédier ? Personne ne le sait, et les participants à la GDC se gardent bien d’y répondre… Tout juste se contentent-ils de noter qu’il serait bien d’arrêter de créer des jeux qui exploitent cette dépendance, par l’intensité allant crescendo du scénario et de l’action. Heu… ! Vous, je ne sais pas, mais moi, sans même parler de la légèreté du raisonnement, un jeu qui commencerait fort pour faiblir sur la fin, je trouverais ça moyen, moyen…Bien sûr, et comme l’a fort justement fait remarquer le designer Steve Meretzky, on ne peut pas demander aux jeux de s’arrêter d’eux-mêmes après un certain laps de temps, avec un petit message du genre ” désolé, c’est pour votre bien, vous jouez depuis trop longtemps “. En revanche, une meilleure information aux parents sur ce qu’il est possible de faire en cas d’addiction sévère (sevrage, consultation d’un psychologue, que sais-je encore ?) ne serait-elle pas préférable ?Second thème abordé, la violence dans les jeux. Encore un débat stérile, qui fait rage depuis des années (et que j’ai d’ailleurs déjà abordé ici-même). Sans surprise, cette conférence aura été la plus véhémente de toutes. Systèmes de notation du degré de violence, d’autorisation en fonction de l’âge, de codes parentaux d’activation des scènes les plus violentes… toutes les options ont été évaluées, après que nos réunis aient constaté, hagards, que la violence dans les jeux est souvent gratuite… quand elle n’est pas un moyen de dissimuler un manque flagrant de créativité (ouch ! la phrase fait mal, mais, au moins, elle a le mérite d’être claire).Je l’ai toujours dit, et je le répète : les éditeurs produisent ce qui plaît aux joueurs, ni plus, ni moins. Le problème est donc de distinguer les attentes des adultes de celles des plus jeunes, et de faire en sorte qu’un jeu trop violent ne puisse tomber entre les mains d’un enfant innocent. C’est donc, encore une fois, aux parents de veiller au grain. Plus facile à dire qu’à faire, certes, mais possible.Bref, à part mon idole David Braben qui, justement, a soulevé le problème du manque de créativité des productions actuelles, cette Game Developers Conference 2002 n’aura été qu’une vaste séance d’enfoncement de portes ouvertes. Moi qui pensais qu’ils en profiteraient pour avancer sérieusement, même un tout petit peu… Mais il est vrai qu’avec un chiffre d’affaires de 9 milliards de dollars, et en hausse constante, l’industrie du jeu vidéo a certainement du temps et de largent à perdre.* Chef de la rubrique Jeux à Micro Hebdo.Prochaine chronique mercredi 10 avril

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Stephan Schreiber*