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Retour à la niche pour Alidoo

Fondés ou excessifs, la nouvelle méfiance des investisseurs et le cynisme du milieu ont été fatals à Alidoo, site d’information et de commerce pour les amis des bêtes.

Un silence de mort règne au rez-de-chaussée de cette cour d’immeuble du Silicon Sentier. Au siège de la jeune pousse Alidoo, les ordinateurs sont éteints et le rideau de fer est baissé.La raison de cette désertion est expliquée sur leur site Web. Y apparaît le message suivant : “Notre deuxième tour de table prévu en juin ne s’est pas réalisé. (…) Or, sans financement, il est difficile de poursuivre notre aventure, voilà pourquoi nous avons décidé d’arrêter momentanément notre activité.”Lancé à la mi-avril, Alidoo bénéficiait pourtant du fameux avantage au premier entrant. Mais cela n’aura pas suffi. Si Jean-Sébastien Cruz, 26 ans, PDG d’Alidoo, reste injoignable depuis la fermeture du site, Fabrice Grinda, PDG d’Aucland, ami et associé dans l’affaire, a bien voulu nous livrer ses commentaires.” Transposer un métier du monde réel sur Internet n’est plus à la mode. La valeur ajoutée n’est pas aussi forte que pour les modèles purement Internet “, explique Fabrice Grinda, qui invoque des marges brutes très réduites.Impression partagée par Thierry Picard, directeur marketing d’Aniwa, un autre site pour animaux dont Royal Canin est actionnaire à plus de 70 %. “Des boutiques aussi spécifiques ne sont pas viables. La marge sur la nourriture pour animaux, comme sur tous les produits de grande distribution, est très faible. Avec les frais de livraison à domicile, les profits sont réduits à néant”, explique-t-il avant d’ajouter que Royal Canin n’a pas la volonté de vendre sur Internet. Les revenus d’Aniwa doivent provenir de l’affiliation, du commerce collaboratif et de la publicité.

“Je suis un mauvais business angel “

” Dans ce secteur particulier, il y a une place de marché à prendre. Ce sera le premier qui réussira à se faire financer qui gagnera. Ou alors il faudrait s’allier avec un acteur du monde réel, comme Ooshop par exemple, pour pouvoir bénéficier d’économies d’échelle et ne pas avoir à gagner de clients “, continue Fabrice Grinda.Il se reconnaît une part de responsabilité dans l’échec d’Alidoo. “En vérité, je suis un mauvais business angel car je manque de temps et d’argent. Par contre, je leur ai conseillé de voir grand. Ils ont surdimensionné leur infrastructure pour pouvoir faire face à des commandes générées par d’éventuelles pub télé”, explique-t-il malgré sa réputation d’homme riche à millions.Seulement, les commandes ne sont pas venues. Après les premiers 5 millions investis, Alidoo avait encore besoin de 30 à 40 millions de francs avant d’atteindre la rentabilité. Les acteurs industriels et les capital-risqueurs contactés pour la deuxième levée de fonds n’ont pas voulu suivre.” Les gens d’Alidoo ont appris quelque chose et ils n’auront aucun mal à monnayer leur expérience “, conclut Fabrice Grinda sans état d’âme.Espérons que les voisins de palier dAlidoo, le site Citationsdumonde.com, auront plus de chance. A part une adresse commune, le site de ” divertissement culturel et littéraire ” a deux autres points communs avec Alidoo : ils ont été incubés par B2L et ont aussi un parrain célèbre (Jacques Attali, très actif dans Internet). Citationsdumonde.com cherche à lever 3 à 5 millions de francs avant la rentrée…

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Isabelle Boucq