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” Red Hat s’attaque aux nouvelles générations de postes clients “

Red Hat subordonne son offre de services à la commercialisation de distributions spécifiques. Il poursuit son implantation européenne et vise le marché de l’embarqué.


Décision Micro & Réseaux : Quelle est la place de Red Hat en Europe ?

Colin Tenwick : Nous souhaitons avoir une reconnaissance en Europe, à la fois comme marque et comme entreprise. Par conséquent, faire beaucoup plus que simplement développer les ventes et le marketing. Par exemple, nous avons passé des accords avec les deux grands constructeurs européens, Bull et Siemens. Nous avons également de multiples accords avec des partenaires locaux, SSII et VAR en particulier, ce qui est cohérent avec notre politique américaine. En France, nous aurons très prochainement deux centres : l’un à Paris pour les ventes et l’autre dans le sud du pays pour la formation et l’assistance technique.
Contrairement à d’autres éditeurs de distributions Linux, Red Hat ne focalise pas son développement sur les services. Est-ce une volonté délibérée ?

Nous construisons nos services en connexion avec nos distributions, qui restent notre principal axe stratégique. Le portage de SAP sur Linux nous a incités à créer les services afférents. L’annonce de nouvelles applications sur la plate-forme Red Hat doit toujours s’accompagner de l’offre de services nécessaires. Et nous allons continuer à fonctionner ainsi. Nous souhaitons devenir une marque globale. Il nous faut étendre notre activité, mais notre vocation reste, avant tout, de vendre des distributions. Le rachat de l’éditeur Hell’s Kitchen, spécialisé dans la transaction électronique sécurisée se place dans cette logique. Nous avons travaillé le code pour adapter ses applications aux normes européennes. Cela nous permet de créer de la valeur ajoutée dans notre distribution de commerce électronique. Non seulement Hell’s Kitchen enrichit notre distribution, mais encore nous en profitons pour mettre en place des services autour du e-commerce et de distributions spécifiques.
Depuis quelque temps, on vous voit très engagé dans l’embarqué. Qu’en est-il exactement ?

Nous proposons une version de notre distribution pour l’embarqué, Embedded Linux (EL/IX). Cette nouveauté est une conséquence du rachat de Cygnus. C’est pour nous la première annonce autour d’une plate-forme post-PC. Nous y voyons l’une des plus grandes sources de développement pour les années à venir. Ce produit est totalement libre, contrairement à Lineo (lire DM&R nö 410). La question était de savoir comment réduire la taille du système d’exploitation, mais aussi de fournir un environnement de développement d’applications pour ce type de plates-formes. Nous sommes en discussion actuellement avec de nombreux constructeurs de puces pour l’implémentation de ce produit.
Ce type de système d’exploitation est-il uniquement destiné au marché de l’embarqué ou peut-il fonctionner sur d’autres plates-formes ?

Historiquement, nous nous sommes focalisés sur des distributions pour serveurs. Aujourd’hui, chacun peut se rendre compte que, pour un serveur, Linux est suffisant, mais ce n’est pas encore forcément le cas pour un poste de travail. Bien entendu, nous savons que le marché des postes clients ne peut qu’exploser au fur et à mesure du portage d’applications bureautiques. Dans un premier temps, nous allons voir des consommateurs formés, passer en environnement strictement Linux. Mais, pour nous, le véritable enjeu, ce sont les machines post-PC, avec lesquelles Microsoft a raté le coche. Aujourd’hui, nous affectons environ 20 % de notre budget au poste client. Nous voulons nous concentrer essentiellement sur les nouvelles générations de postes de travail, où les versions embarquées de Linux devraient percer.
Entrez-vous en lutte avec les Unix commerciaux ?

Ce n’est pas une bonne question. Unix fait une superbe percée dans les entreprises, surtout grâce à Internet. Les Unix se portent bien. Donc, les entreprises voient dans Linux une véritable alternative à leurs systèmes existants, quels qu’ils aient été. D’autant plus qu’elles commencent à comprendre à quel point il est facile de passer à Linux. Linux bénéficie de quelques autres facteurs qui dynamisent son extension. La gratuité et la masse des applications libres permettent de diminuer les coûts de fonctionnement. La migration d’applications majeures crée de nouveaux marchés et de nombreux domaines verticaux bénéficient désormais d’applications Linux. De plus, pour une nouvelle génération de gestionnaires, le coût de migration vers Windows 2000 s’annonce si élevé qu’ils sont prêts à passer à Linux.
Et à propos de Sun ?

Solaris est en compétition avec Linux, d’autant plus que Sun recherche des alternatives à son modèle propriétaire d’origine. Cependant, le Community Sourcing n’est qu’une demi-mesure puisque, dans les faits, l’éditeur conserve tous les droits sur le code. Cependant, j’applaudis le fait qu’il ait compris que le strict modèle propriétaire n’était plus viable.
Red Hat s’est fait très rapidement une renommée auprès des éditeurs traditionnels, que peu de ses concurrents Linux peuvent revendiquer. L’expansion européenne de l’entreprise mais aussi sa tentative pour prendre pied sur le marché prometteur des post-PC et de l’embarqué sont les signes d’une stratégie bien orchestrée.Il faut maintenant que Red Hat réussisse à égaler les éditeurs traditionnels, sans perdre ses spécificités de tenant du logiciel libre.

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Propos recueillis par RENAUD BONNET