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Rajiv Gupta (HP) : ” E-speak n’est utile que s’il est adopté par tous “

Le middleware dinterconnexion de services Web de HP paraît dans sa version officielle. Aux mécanismes de communication de bas niveau, elle ajoute désormais des services métier génériques, fondés sur XML et voués à la gestion des échanges commerciaux interentreprises. Il reste maintenant à passer à la concrétisation des premières applications opérationnelles.

01 Informatique : Quelles seront les principales sources de revenus générées par e-speak ?Rajiv Gupta, directeur général des opérations e-speak chez HP : Le code source d’e-speak étant libre, nous ne gagnerons pas d’argent directement avec le moteur. Nous tablerons plutôt sur les projets d’infrastructure, au travers desquels nous vendrons nos serveurs, nos PC, voire nos appareils électroniques, ainsi que nos services de conseil. Nous accompagnerons les sociétés qui souhaitent utiliser e-speak dans leur environnement informatique existant, ou bien dans le cadre d’une nouvelle activité commerciale sur le Web.Bien entendu, nous chercherons à diffuser largement ce nouveau type de services : ils seront pourvus aussi bien par HP que par ses partenaires. Ainsi, Ericsson et Telia ont développé une plate-forme de courtage de services mobiles. Elle sera d’abord destinée à la gestion d’équipes de support. Elle traitera les appels téléphoniques des clients et affectera les techniciens les mieux adaptés aux besoins en fonction de leur localisation, de leur disponibilité et de leurs compétences. C’est un bon exemple du potentiel de revenus issus des initiatives menées conjointement avec nos partenaires. Et ce même si HP n’a pas encore arrêté son modèle de rémunération, fondé sur la transaction, la souscription, etc.E-speak est-il enfin disponible dans sa version finale ?Le noyau est disponible dans sa version officielle 3. 0 depuis la mi-juin. L’apport majeur est ce que nous appelons SFS, Service Framework Specification. Il s’agit d’une convention, fondée sur XML, à la fois technologique et métier, et dédiée aux places de marché de services ouverts. SFS cherche à établir des mécanismes standards, facilitant l’interaction parmi une multitude d’e-services. Nous avons défini SFS avec près de soixante-quinze partenaires, dont BEA, Motorola, BMC, Nokia, ou SAP.L’avenir des e-services de HP dépend-il du succès d’e-speak ?Non. HP n’a pas attendu la disponibilité d’e-speak pour déployer des services sur le Web. Néanmoins, e-speak contribue à renforcer la vision, imaginée par HP, d’une infrastructure de ressources – matérielles et logicielles – accessibles par un canal électronique : Web, téléphone, etc. Cette vision devient réalité : NTT a ainsi présenté au récent salon JavaOne une plate-forme d’agents logiciels mobiles, fondée sur e-speak. Elle permet à un automobiliste en panne ou accidenté d’accéder, depuis son téléphone mobile, à une large variété de services : ambulance, garage, assurance, police locale, etc.Les applications pilotes conformes à e-speak seront-elles bientôt opérationnelles ?La plupart sont entrées en préproduction. D’ici à la fin de l’année, nombre de services seront disponibles à un niveau commercial. Ils se répandront à l’extérieur comme à l’intérieur de l’entreprise. HP a déployé e-speak en interne pour optimiser sa cha”ne logistique globale. Et ce en créant un espace communautaire collaboratif, auquel adhèrent ses partenaires. Prévu pour démarrer avant fin 2000, ce projet est très significatif. De fait, HP pilotant sa gestion administrative et financière avec SAP R/3, il a fallu traduire chaque API métier du PGI (Bapi – NDLR) pour que les processus d’entreprise puissent être considérés comme des services e-speak.Souhaiteriez-vous voir e-speak érigé au rang de standard ?Oui. Ce serait la garantie qu’aucune société ne détourne cette technologie à son compte. Plusieurs organismes de normalisation ont été approchés. Reste que je suis convaincu que l’open source contribuera à diffuser largement e-speak. Il suffit de constater le succès de Linux ou d’Apache. Sur le site Collab. net, nous comptons déjà plus de vingt mille téléchargements de notre moteur. Lors d’une récente conférence développeurs à Bangalore, vingt-cinq sociétés m’ont présenté les e-services qu’elles étaient en train de bâtir avec la version libre d’e-speak. Je n’étais pas au courant ! Même surprise à notre dernière conférence dédiée aux analystes à Chicago en mai dernier, où une entreprise finlandaise m’a appris qu’elle venait tout juste de commercialiser un service conforme à e-speak.Peut-on assimiler les services e-speak à des objets réutilisables, comme Corba, par exemple ?D’une certaine façon, oui. Mais, contrairement à Corba, e-speak est d’emblée une technologie Web. Corba fut conçu par des programmeurs pour des programmeurs. Le Web est un espace d’échange de documents, fondé sur XML, et non sur des interfaces de programmation. De telles API réduisent le nombre d’utilisateurs potentiels d’un facteur dix. L’un de nos partenaires britanniques a développé un outil visuel de haut niveau, destiné à des consultants métier et permettant de construire en une demi-heure des services e-speak à partir de composants existants.Faudra-t-il attendre longtemps avant que e-speak se propage ?Cinq ans me paraissent être un délai raisonnable. Sur ce point, il y a souvent méprise. Il faut bien comprendre qu’e-speak n’est utile que s’il est adopté par tout le monde. Et, à ce jour, ce n’est pas le cas. Néanmoins, vous pouvez déjà mesurer la valeur d’e-speak, même s’il n’est pas omniprésent. Le projet de supply chain de HP le montre.

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Propos recueillis par Stéphane Parpinelli