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Quand les montres se mettent au vert

Couplée à un téléphone et à un serveur, une montre d’un genre nouveau permet d’obtenir une cartographie sur la qualité de l’environnement urbain. Un projet qui laisse augurer bien d’autres applications…

La Fing, fondation qui œuvre pour la valorisation des usages numériques, procède depuis quelques mois à l’expérimentation d’un objet pour le moins atypique. Il s’agit en fait d’une montre écolo, à l’état de prototype, qui a été produite en une quinzaine d’exemplaires. Outre la fonction basique d’affichage de l’heure, cette montre se veut un dispositif de mesure environnementale que les citadins peuvent porter à leur poignet. Plus encombrante qu’une montre classique, elle est capable, en contrepartie, de collecter des données sur le niveau d’ozone et sur la pollution sonore puis de les transmettre à une plate-forme technique baptisée City Pulse. Celle-ci rend les données disponibles sous forme cartographique, depuis l’URL www.lamontreverte.org.Pour pouvoir procéder à de telles mesures, la montre dispose de deux capteurs, l’un pour l’ozone, l’autre pour le bruit. Les données sont collectées de façon automatique selon une fréquence programmée à l’avance et s’affichent de manière ultrasimplifiée, condition nécessaire pour pouvoir utiliser des capteurs légers ne posant pas de contraintes de maintenance. De ce fait, la qualité de l’air sera par exemple qualifiée de bonne, correcte ou mauvaise. À l’intérieur de la montre figurent également des puces GPS et Bluetooth. Les mesures sont acheminées via l’interface Bluetooth sur un téléphone mobile 3G dans lequel est installée une application Java, mise au point avec SFR, qui permet de visualiser directement les données captées. Elle assure également la transmission des données à intervalles réguliers vers le serveur de la plate-forme technique City Pulse. Les mesures émises arrivent horodatées et géolocalisées. Elles sont alors stockées et mises à disposition des internautes qui peuvent les consulter par le biais d’un système cartographique mis au point par le laboratoire universitaire CiTu. Les données affichées demeurent anonymes et libres d’accès. Et la plate-forme se veut ouverte afin de pouvoir récupérer d’autres données dans d’autres formats (pollution, covoiturage, CO2, etc.). L’exploitation de ces données peut être faite à des fins diverses : cartographies, repérage de zones sensibles, analyses, alertes…Plusieurs événements avec le grand public ont eu lieu depuis mai dernier à Paris dans le cadre de ces expérimentations : dans le secteur numérique du 2e arrondissement, dans le quartier de la Bastille ou encore à la Cité des sciences de la Villette… “ Nous nous sommes donné pour objectif de multiplier de façon significative le nombre de capteurs dans la ville et d’associer les citoyens à la mesure environnementale ” explique Thierry Marcou, responsable du programme Villes 2.0 pour la Fing. Le projet, qui s’inspire d’expériences analogues menées à New York et à San Francisco, cherche à prendre une dimension européenne. Des expériences ont ainsi été menées récemment à Londres et à Amsterdam.La montre, quant à elle, poursuit son évolution. D’autres capteurs peuvent être intégrés, pour le pollen par exemple. “ Nous envisageons également d’y intégrer une carte SIM afin de nous affranchir du téléphone et d’adapter l’écran pour la visualisation des données ” poursuit Thierry Marcou.La fondation affirme que la montre verte n’a pas vocation à remplacer les capteurs des stations-relais d’Air-parif, le réseau de surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France (voir l’Oi n° 216 p. 48), pas plus que ceux de Bruitparif, l’Observatoire du bruit en région parisienne. “ Elle se veut complémentaire en aidant à dresser une cartographie de la pollution détaillée et dynamique. L’objectif de ce projet est avant tout de démontrer que les citadins peuvent coproduire un service urbain ”, conclut Thierry Marcou. Le challenge est désormais d’inscrire cette démarche durablement dans les mœurs et de banaliser la montre verte…

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Rémi Langlet