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Premier contact : Tidal, le service de Jay Z qui veut enterrer Spotify… dans ses rêves

Si un nouveau service est toujours bienvenu, Tidal pourrait ne séduire que les audiophiles, prêts à dépenser beaucoup plus pour de la haute fidélité, et les fans des artistes qui soutiennent ce projet.

Vive la marée ! Plantés comme des piquets sur une scène d’opérette, une belle brochette de stars de la musique est venue signifier par sa présence son soutien, mieux, son appartenance à Tidal, la nouvelle plate-forme de streaming musical qui veut faire parler d’elle. Rachetée par Jay Z pour quelque 56 millions de dollars, Tidal revient donc sous la férule de gentils parrains et de gentilles marraines. Dans le rôle des bonnes fées, on retrouve ainsi Beyoncé, Daft Punk, DeadMau5, Rihanna, Madonna et bien d’autres, qui ont symboliquement signé une déclaration, une charte de l’An I.

Pour lire la vidéo, cliquez ici.

A mi-chemin entre grandiloquence déplacée, ridicule consommé et discours commercialo-artistique à hérisser le poil, ces acteurs se fixent en effet une mission qui va « au-delà du commerce, au-delà de la technologie ». Gagner encore plus d’argent ? Non ! Ils souhaitent créer « un meilleur service et une meilleure expérience » dans une sorte d’élan mystique assez incompréhensible. « Aujourd’hui est le jour où nous commençons ce voyage unis », clame ainsi Alicia Keys, qui joue le rôle de maître de cérémonie. Tous unis, dans un « lieu de rencontre entre les artistes et les fans, où les artistes vont fournir des expériences exclusives ».

Derrière la conférence, derrière la vidéo qui la clôt, on sent une volonté de ces artistes de reprendre en main leur destin, un peu comme Sissi. Ainsi, on voit une Madonna très remontée qui veut redonner le pouvoir aux artistes, qui veut remettre l’art au dessus de la technologie. Si vous pensez qu’Apple, YouTube et Spotify sont dans la ligne de mire, vous êtes sans doute assez proche de la réalité. « Nous devons écrire l’histoire pour nous-mêmes », avance un Jay Z que le monde de la musique à jusqu’ici floué, laissé sans le sou. Tidal est donc la plate-forme des damnés de la terre et des stars de la musique.

Visite guidée express

Pour profiter de Tidal, deux options. Le client Web sur PC et Mac. L’application sur iOS et Android. Dans les deux cas, l’interface – par ailleurs design et plus plaisante – ne vous déroutera pas. C’est un mélange de tout ce qui s’est fait jusqu’à présent, sur Spotify ou même sur Beats Music, avec lequel Tidal partage la curation de contenus.
A l’heure actuelle, ce sont surtout les contenus des artistes signataires lors de la conférence de lancement de Tidal qui sont mis en avant sur le site.

Le fait de ne pas avoir d’application sur PC et Mac contraint à utiliser une interface un peu restrictive et moins ergonomique. Ainsi il n’est pas toujours rapide d’ajouter un fichier à une playlist ou même d’en créer une nouvelle. Oubliez l’idée de faire des glisser-déposer. Certes, l’interface de Spotify dans un navigateur Web ne le permet pas non plus, mais s’avère tout de même plus pratique pour gérer des ajouts de morceaux à une liste, par exemple.

Si on ne se perd pas en utilisant l’interface Web ou même celle de l’application mobile, elle n’est pas toujours extrêmement ergonomique. Le simple ajout d’un morceau à une playlist requière trois manipulations… sachant qu’il n’est pas possible d’ajouter plusieurs morceaux en une seule manipulation, sauf à décider de prendre tout l’album.

D’une manière plus générale, l’interface mobile de Spotify met davantage en avant les contenus que l’utilisateur a sélectionné. Ainsi ses playlists s’affichent par défaut à l’ouverture de l’application, tandis que Tidal met en avant les nouveautés du service.
Une affaire d’habitude sans doute et de goût peut-être. Mais il reste encore un peu de chemin à Tidal pour détrôner le géant du secteur et pas seulement en terme de catalogue à étoffer…

Tidal : faut-il y passer ?

Sur le papier, Tidal a un atout majeur : le son Hi-Fi. Il offre en effet la possibilité d’écouter les morceaux au format Flac sans compression pour les audiophiles équipés du bon casque ou du bon système Hi-Fi.
Le problème est que pour en profiter, il faudra débourser 10 euros de plus par mois que ce que vous dépensiez peut-être jusqu’à présent pour Spotify. Autant dire que l’atout majeur à un revers de médaille certain, qui pourrait limiter son intérêt auprès de ceux qui veulent juste écouter de la musique.

D’autant que le catalogue musical ne rivalise pas encore tout à fait avec celui de Spotify, par exemple. Pour autant, Tidal pourrait avoir deux autres arguments. Le premier, le service propose des vidéos. Leur qualité n’est pas excellente sur un grand écran d’ordinateur mais tout à fait regardable sur un smartphone. Et leur nombre est pour l’instant très limité. Le deuxième argument tient au fait que les artistes partenaires se sont apparemment engagés à fournir des contenus exclusifs à Tidal. La question est désormais de savoir si ces contenus seront nombreux et s’ils seront exclusifs à Tidal, ce qui pourrait priver les utilisateurs qui ont déjà rejoint ces artistes sur d’autres plates-formes…

En l’état, on serait tenté de dire que, sauf à être un fan de Hi-Fi et à ne jurer que par les formats musicaux non compressés, Tidal n’est pas forcément la révolution que l’ego des stars présentes lors de son relancement espère.
En deux mots, pour reprendre la citation de Nietzsche qu’Alicia Keys a réussi à glisser dans son discours : « Sans musique, la vie serait une erreur » mais Tidal n’est sans doute pas l’endroit où vous irez la chercher…

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Pierre Fontaine