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Pourquoi Free veut devenir bien plus qu’un opérateur télécom

Avec la Freebox Delta, le FAI fait le pari de vendre à ses abonnés une box haut de gamme intégrant tout un package de services. Un changement de stratégie complet qui pourrait lui permettre de retrouver de la valeur.

Quand Orange table sur la diversification de ses activités avec Orange Bank, Free opte pour un positionnement bien différent : se présenter à la fois comme un fournisseur d’accès à internet, de matériel et de services. « Nous ne sommes plus un simple opérateur télécom », nous a lâché comme un cri du cœur le directeur général d’Iliad Alexis Bidinot à l’issue de la présentation de la Freebox Delta.

Free vend du matériel à ses abonnés

Le FAI inaugure plusieurs pratiques avec son nouveau boîtier haut de gamme. A commencer par proposer aux abonnés de devenir propriétaires de leur matériel. Ce sera le cas pour le disque dur du Freebox Server qui est amovible mais aussi du Freebox Player, vendu au prix de 480 euros au comptant ou à raison de 10 euros par mois durant quatre ans.

Et on saluera la prise de risque et l’investissement considérable que cela représente d’avoir conçu en interne avec une équipe resserrée d’une cinquantaine de  personnes ce produit qui présente, en plus, la particularité d’avoir été assemblé en France.

Free offre, en outre, dans son forfait à 49,99 euros par mois un pack sécurité comprenant une caméra de sécurité domestique, un détecteur d’ouverture et un détecteur de mouvements. « On va vous laisser accessibles plusieurs milliers d’euros d’équipements. Et ce n’est pas une image, à produire cela nous coûte 1000 euros voire beaucoup plus», a résumé hier Xavier Niel lors du 01live.

Des services offerts

La promesse de Free est claire : vous simplifier la vie en intégrant un maximum d’équipements disparates. Une centralisation qui représente aussi une économie pour l’utilisateur. « Si vous décidez de reconstituer tous les équipements que nous avons mis par vous-même, vous en ressortirez avec une facture de plus de 2400 euros pour des objets hétéroclites, éparpillés aux quatre coins de la maison et non intégrés les uns aux autres », a détaillé le directeur général d’Iliad Thomas Reynaud lors de la conférence de presse.

Free se distingue, en outre, de tous ses concurrents en incluant dans son forfait des services comme Netflix et TV by Canal qui sont proposés d’ordinaire en option payante. Et pas question de tabler sur une production maison de contenus comme SFR. Free reste sur un modèle de partenariats lui permettant d’englober encore l’offre presse LeKiosk, ou encore son hub domotique compatible avec les produits Somfy et Philips Hue.

Reprendre pied face aux GAFAM

Ce changement de cap est une bonne nouvelle pour Eric Denoyer, ancien patron de SFR et fondateur de la solution Smart Home Otodo. « C’est un positionnement qui n’est plus purement télécom. Free devient distributeur de services. Cela va lui permettre de sortir de la guerre des prix intestine que se livrent les opérateurs et de retrouver de la valeur », analyse-t-il. « C’est aussi le meilleur moyen de reprendre pied face aux GAFAM. Il était temps qu’un opérateur français propose un assistant vocal intégré », conclu-t-il.

La Freebox Delta ne devrait toucher qu’un public limité de technophiles ayant les moyens. Mais Free mise probablement sur cette box innovante pour servir de produit d’appel et attirer une plus vaste audience vers ses autres box plus abordables, à commencer par la Freebox One. De quoi renouer avec la croissance de son chiffre d’affaires et doper le nombre d’abonnés fixes en berne depuis le début de l’année 2018. Free va aussi continuer à enrichir son offre dans les mois et les années à venir, comme l’a laissé hier entendre Xavier Niel. Certains services n’auraient en effet pas été prêts à temps pour la présentation. C’est donc un pari ambitieux et à long terme que vient de lancer Free avec sa Freebox Delta.

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Amélie CHARNAY