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Piratage : le serpent qui se mord la queue

Depuis que Napster est sous les feux de l’actualité, jamais les internautes n’ont été aussi nombreux à s’y connecter. Or, la plupart n’en avaient jamais entendu…

Depuis que Napster est sous les feux de l’actualité, jamais les internautes n’ont été aussi nombreux à s’y connecter. Or, la plupart n’en avaient jamais entendu parler. Et quand l’avenir du site s’est obscurci, ce sont tous les systèmes concurrents qui en ont immédiatement profité : les Gnutella, Imesh et autres Rapigator ont vite grimpé en tête des hits du web. En fait, plus la lutte contre le piratage audio et vidéo s’intensifie – du moins, dans les intentions -, plus les nouveautés technologiques pleuvent sur le marché. Et leurs bienfaits éventuels dépendront de leur usage. C’est le serpent qui se mord la queue. Dernier exemple en date, un logiciel gratuit, le fameux DivX, compresse des fichiers vidéo dans le nouveau format Mpeg4, qui divise par cinq la taille des fichiers Mpeg2 classiques. En gros, cela vous permettrait de copier un DVD vidéo sur un simple CD-R. Avec une bonne définition et une taille d’image raisonnable. C’est un peu comme la lutte anti-dopage : les méchants créent de nouvelles molécules interdites bien plus vite que les gentils ne mettent au point les tests de dépistage ! Le seul mérite de cette guéguerre est peut-être qu’elle fait avancer la technologie. Car, finalement, quel est le résultat ? Selon une étude à paraître dans le prochain numéro de 01 Informatique, seuls 9% des 211 millions de CD-R vendus en France l’an dernier sont utilisés pour du piratage audio destiné au commerce souterrain. Par ailleurs, télécharger de gros fichiers requiert du temps et du haut débit. Si les entreprises contrôlaient un peu mieux l’utilisation de leur bande passante par leurs collaborateurs pendant les heures de bureau, on éviterait déjà bien des excès! S’il faut taxer les CD vierges comme on a taxé les cassettes, pourquoi pas ? Mais, par pitié, qu’on arrête de dépenser de l’énergie et des millions là où cela ne sert à rien! Ou alors, qu’on assimile les dépenses contre le piratage à des investissements en R&D, susceptibles de faire progresser les outils technologiques des entreprises !

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Luc Fayard