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Paiement sécurisé : Cyber-Comm renaît… en simple société de promotion

Après un an d’atermoiements, Cyber-Comm a décidé de relancer la solution française de paiement sécurisé sur Internet. Déception : l’entreprise se définit désormais comme un simple organisme de lobbying.

Après plus d’une année d’incertitudes, Cyber-Comm tente aujourd’hui de se relancer. Réuni le 28 juin dernier, le conseil d’aministration de la société a finalement décidé de poursuivre l’activité de l’entreprise. Mais avec une importante restruration et de nouveaux objectifs, revus à la baisse par rapport à l’idée de départ.Créée en 1998, Cyber-Comm est l’opérateur d’une solution de paiement électronique associant le protocole SET ?” communément utilisé sur Internet ?” et la carte à puce. Ce procédé original étant censé assurer la fiabilité totale de la transaction dans la mesure où l’internaute doit indiquer son code confidentiel à l’aide d’un boîtier lecteur de cartes bancaires relié à son ordinateur.A la tête de l’organigramme hiérarchique de Cyber-Comm figure désormais Michel Renault, par ailleurs président du conseil de direction du Groupement des cartes bancaires CB.Sitôt arrivé à la tête de la société, le 31 janvier 2001, Michel Renault s’est penché sur le dossier de la commercialisation de la solution, et notamment la mise à la disposition du grand public des boîtiers lecteurs de cartes. Les actionnaires, et en particulier les neuf banques françaises (actionnaires à 51 % de Cyber-Comm), ont en effet refusé de distribuer la solution en agence au motif que l’investissement est beaucoup trop coûteux. ” Faire vendre des lecteurs par le biais des banques était une fausse bonne idée “, estime Michel Renault.

Privés d’équipe technique

Ce repli stratégique a eu pour conséquence de modifier en profondeur le modèle économique de Cyber-Comm, qui reposait à l’origine sur un volet technologique et une activité marchande.” Cette redistribution des rôles nous amène en premier lieu à regrouper en ce moment le personnel technique [chargé de définir les spécifications de la puce, NDLR] au sein du Groupement des cartes bancaires. “Côté commercial, Cyber-Comm se présente désormais comme une société chargée de la promotion de sa solution de paiement sécurisé. ” L’essentiel n’est pas de vendre des boîtiers, mais de jouer le rôle de prestataire de services auprès des industriels et des revendeurs en tant qu’opérateur de convergence “, proclame Michel Renault.

Les e-commerçants, nerfs de la guerre

En ce qui concerne le public, Cyber-Comm renonce à une commercialisation à large échelle de son dispositif. ” L’internaute s’équipera d’un boîtier de lecture de cartes bancaires s’il en ressent le besoin “, affirme Michel Renault. Cyber-Comm ne se développera pas non plus au niveau européen, d’autant que des initiatives similaires (Allemagne et Pays-Bas) ont été récemment lancées.Pour forcer le destin, Cyber-Comm a néanmoins pris contact avec les vingt principaux cybermarchands du marché français afin que ceux-ci commercialisent la solution.Aussi trois canaux de distribution sont-ils censés assurer l’équipement des quelques centaines de milliers d’internautes utilisateurs de la solution Cyber-Comm espérés pour la fin 2002. Il s’agit tout d’abord des distributeurs traditionnels?” notamment les chaînes de magasins proposant des produits électroniques ?”, ensuite des industriels, et, enfin, des établissements de home banking dans le cadre de la sécurisation de leur activité.

Plus de 120 millions de francs d’investissement

Quid de la viabilité économique de Cyber-Comm ? “L’équilibre financier sera trouvé grâce à des participations aux frais que les actionnaires s’engagent à verser chaque année “, explique dorénavant Michel Renault.Dans le même temps, la société a réduit ses frais de fonctionnement. Selon le quotidien Les Echos, les investissements dans Cyber-Comm depuis sa création s’élèvent à plus de 120 millions de francs.La prochaine étape dans la restructuration de Cyber-Comm se fera au niveau du capital. Le conseil d’administration compte aujourd’hui 22 membres, un chiffre que Michel Renault juge trop important dans le cadre du repositionnement stratégique de l’entreprise.*Cyber-Comm est détenue à 51 % par les établissements financiers français (Banque populaire, Groupe BNP Paribas, Caisse dEpargne, CCF, Crédit agricole, Crédit Lyonnais, Crédit mutuel, La Poste, Groupe Société générale), à 24 %, par les systèmes français et internationaux de cartes et de titres (Groupement des Cartes bancaires CB, Carte Bleue, Europay France, Visa, Paris-Bourse), et enfin à 25 % par des partenaires techniques (Alcatel, Bull, Cap Gemini, France Télécom, Gemplus, Oberthur Card Systems).

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Gérald Bouchez