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Oreka, emblème de l’Internet gratuit, disparaît

Oreka est un petit acteur face aux géants de l’ADSL. Sa fermeture marque une étape de plus dans la concentration du secteur.

C’était en l’an 2000, en pleine bulle Internet. Oreka lançait un pavé dans la mare avec les premiers forfaits totalement gratuits, le ‘ gratuit-gratuit ‘. Cinq ans après, la société annonce qu’elle va totalement cesser ses activités de fournisseur d’accès, le 31 mai prochain. ‘ Nous avions cessé la commercialisation de notre offre depuis quelque temps? et même si aujourd’hui notre activité est rentable, cela ne pouvait pas continuer ‘, déplore Philippe Charaix, PDG d’Oreka. Le FAI invite donc ses 30 000 abonnés à migrer chez Club-Internet avec lequel il a négocié des conditions intéressantes (un mois d’abonnement gratuit…). ‘ Il y a aujourd’hui une forte bagarre sur les prix dans l’ADSL grand public, et comme nous ne sommes pas propriétaires de nos réseaux, nous ne pouvions pas suivre ‘, ajoute le PDG pour justifier sa décision.

C’est le troisième fournisseur d’accès qui abandonne la course en l’espace d’un an. En avril dernier, Tiscali était repris par Telecom Italia. Le mois précédent, La Poste arrêtait son activité de FAI. Et, en juillet 2004, le Crédit Agricole fermait Cario. Les deux sociétés avaient alors revendu leurs fichiers d’abonnés à neuf telecom. Trois mouvements significatifs du marché des fournisseurs d’accès.

‘ L’avenir du marché grand public est dans le dégroupage, analyse Christophe Carel, gérant de Nerim, fournisseur de services Internet aux entreprises. Or, cela demande des investissements de l’ordre de plusieurs millions d’euros dans la construction de réseau. Sans compter qu’aujourd’hui, il faut accepter de vendre à perte pour se constituer des parts de marché. ‘

Peu d’acteurs en France peuvent se permettre une telle stratégie. Hormis France Télécom, seuls Free, neuf telecom et Cegetel s’en donnent aujourd’hui les moyens. Deux autres opérateurs télécoms ont annoncé leur intention de rentrer dans ce jeu : Telecom Italia (Tiscali et Alice) et Deutsch Telekom, qui souhaite relancer Club-Internet.

La fin du gratuit

L’aventure Oreka avait pourtant démarré en force. Venus du monde des télécoms, quatre associés lançaient en mai 2000 Oreka, un fournisseur d’accès à Internet ne faisant payer ni l’abonnement ni le temps de connexion. Une révolution à l’époque où un abonné devait payer chèrement les deux. Avec Oreka, les internautes profitaient de dix-huit heures de connexion sans bourse délier, en échange de l’affichage de bandeaux publicitaires sur leur écran. ‘ Nous avons créé ensemble Oreka pour que tous les internautes puissent profiter librement et gratuitement d’un Internet de qualité ‘, déclarait alors son PDG David Bitton, aujourd’hui directeur général de Wengo.

900 000 Français se laissent convaincre. Las, neuf mois après et une crise boursière mondiale plus tard, les utopies de la publicité en ligne se dégonflent. Les investisseurs sont alors très frileux face aux entreprises de la nouvelle économie. Oreka ne réussit à collecter que la moitié des fonds nécessaires à sa survie. Il abandonne alors son modèle du tout gratuit. En février 2001, l’abonnement n’est toujours pas payant, mais la minute de connexion est facturée 14 centimes de franc. Seule compensation : pour trois minutes de surf, le FAI offre une minute gratuite.

Malgré ce revirement stratégique, Oreka ne parvient pas à maintenir le cap. Il fait appel au holding financier Firstream, qui le rachète en mars 2002. Oreka espère alors profiter du formidable réseau de distribution de l’Ofup (Office universitaire de presse), propriété de Firstream. De fait, quelques mois après, ce nouveau soutien permet à Oreka de rentrer dans la course aux abonnements ADSL. Il propose alors l’un des forfaits 512 Kbit/s les moins chers du marché. Un abonnement 1024 Kbit/s a suivi. Cela s’arrêtera là.

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Karine Solovieff