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Orange bannit les termes GPRS et UMTS de sa communication

Tirant les leçons d’un WAP déjà moribond, Orange recentre sa stratégie sur les nouveaux services multimédias mobiles… GPRS. Les premières stations de base UMTS sont en passe d’être livrées chez l’opérateur. Pas de services concrets avant 2003… au mieux !

En 2000, nous avons trop promis ; en 2001, tout le monde a été trop critique. Et si, en 2002, nous faisions tous preuve d’optimisme et de réalisme ?”, s’est demandé Didier Quillot, directeur général d’Orange France, à l’occasion d’un déplacement à Helsinki chez son principal fournisseur, le finlandais Nokia. Décryptage. Première étape : le WAP. Sur ce sujet, Didier Quillot reconnaît qu’il n’aurait jamais dû parler “d’Internet dans la poche”, mais insiste aussi sur le rôle qu’a joué la presse dans la descente en flammes de cette technologie.

Vers une facturation au poids

D’ailleurs, dans son prêche pour les nouveaux services de multimédia mobile, l’opérateur a bien l’intention de se montrer plus didactique que technique. “Nous ne lancerons pas le GPRS en grande pompe, et surtout nous n’évoquerons plus ce sigle. Dorénavant, nous parlerons de nouveaux services multimédias mobiles”, explique Guy Lafarge, directeur marketing. “Nous avons déjà lancé ces services auprès de deux mille utilisateurs essentiellement en entreprises”, renchérit Didier Quillot. Selon les premiers retours de cette expérimentation grandeur nature, les utilisateurs s’en servent principalement pour des connexions au réseau local de l’entreprise et pour la messagerie électronique. Orange profite de l’occasion pour affiner la facturation, une amélioration qui devrait être connue en même temps que son annonce auprès des professionnels, “avant la fin de l’année”. Vraisemblablement, la facturation se fera au volume transféré. Ainsi, les utilisateurs devraient se voir proposer des forfaits au volume. Par exemple, si l’utilisateur choisit un forfait de 2 Mbit/s, il sera informé de ce que ce volume représente tant en messages qu’en photos, ce qui lui permettra de bénéficier d’une connaissance de sa facture en aval. Le lancement pour le grand public est prévu pour le début de l’année prochaine, explique l’opérateur sans plus de précision. Parmi les services, Guy Lafarge explique que l’e-mail sera le premier utilisé, suivi de près par la géolocalisation, déjà disponible grâce à une plate-forme Nokia, qui permet à l’utilisateur qui le désire de recevoir des informations en fonction de sa position géographique.

Les terminaux ne sauraient tarder

Pour fournir la géolocalisation, Orange devrait avoir couvert les cinquante premières villes de l’Hexagone d’ici à la fin de l’année. Et si l’on parle de retard dans le lancement de services, c’est que les terminaux se font attendre. “Cela n’a aucun sens de se lancer avec les terminaux d’un seul constructeur”, justifie Guy Lafarge. En l’occurrence, c’est Motorola qui a passé le premier tous les stades de compatibilité. C’est une analyse partagée par l’opérateur suédois Europolitan Vodafone. “Même si Motorola est prêt, nous ne pouvons nous lancer dans les nouveaux services multimédias mobiles sans des terminaux Ericsson ou Nokia”, explique Mickael Kluge, en charge de la division Internet Mobile chez cet opérateur. De plus, Guy Lafarge et Didier Quillot estiment qu’il faut absolument que les équipementiers livrent des terminaux couleur, autre condition au décollage des nouveaux services.Pour la nouvelle génération, 2003 devrait être l’année de l’UMTS. “Je suis agréablement surpris de l’état d’avancement de Nokia dans le processus de fabrication des premiers équipements UMTS”, a reconnu Didier Quillot lors de la visite du site Nokia, à Oulu, en Finlande. Avant d’ajouter, non sans humour : “Je suis aussi étonné par la transparence quant aux destinataires de ces stations”.

Les premières stations de base sortent à peine des chaînes de construction

En effet, en bout de chaîne de fabrication, des stations de base (ou BTS) emballées étaient prêtes à être livrées à… Telia ou T-Mobil !Plus sérieusement, en ce qui concerne la troisième génération, Didier Quillot reconnaît que la licence si chèrement acquise servira en tout premier lieu à écouler le trafic du réseau GSM au bord de la saturation. Pour le directeur général, SFR et Orange n’avaient pas le choix, et si Bouygues Telecom ne s’est pas présenté c’est que le troisième opérateur français n’a pas les mêmes urgences que ses deux concurrents.“Je ne crois pas une minute que Bouygues Telecom vise réellement le déploiement d’un réseau à la norme Edge [cette nouvelle norme s’appuie sur les infrastructures GSM actuelles, NDLR]”, explique-t-on dans la société au carré orange. Pourtant, les BTS de Nokia sont d’ores et déjà parées pour recevoir l’Edge. “Nous voyons que l’Edge peut décoller si les États-Unis se tournent vers cette technologie” , explique le constructeur finlandais. Et d’ajouter : “À partir de là, nous pourrons développer des terminaux pour les opérateurs qui n’ont pas de licences UMTS.”En effet, aucun constructeur ne se lancerait dans la fabrication de terminaux, uniquement pour Bouygues Telecom. Petite déception : le premier constructeur d’équipements pour réseaux mobiles n’a pas été en mesure d’organiser une démonstration des futurs services multimédias de troisième génération. Mais y a-t-il pour autant péril en la demeure ? Les premières stations de base sortent des chaînes de construction, mais il reste encore à les déployer.Ensuite, il va falloir développer les terminaux et les rendre compatibles avec les différents équipements composant le réseau.Arrivé là, en 2003 ou 2004, il restera encore une question, et non des moindres : les utilisateurs seront-ils au rendez-vous et consommeront-ils suffisamment pour rentabiliser l’énorme investissement ? Orange en est convaincu. Heureusement, l’espoir fait vivre…

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Jérôme Desvouges