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OpenOffice met les voiles

Tombée dans le giron d’Oracle lors du rachat de Sun, la suite bureautique libre traverse une vraie crise. En sortira-t-elle renforcée ?

Pas faciles les relations entre les grandes entreprises et le logiciel libre… Le dernier avatar en date de ces relations houleuses met en scène la suite bureautique libre la plus aboutie à ce jour : OpenOffice.org. Mais continuera-t-on d’ailleurs à parler d’OpenOffice ? Car désormais, c’est sous le nom LibreOffice, et sous la houlette d’une fondation open source, la Document Foundation, que seront certainement distribuées les futures évolutions de la suite.La raison de ce changement ? La défiance de la communauté internationale de développeurs ? qui a œuvré pendant plus de dix ans sur son bébé ? envers le géant de l’informatique Oracle.

La guerre du libre aura bien lieu

L’histoire d’OpenOffice remonte à dix ans, lorsque la société Sun, propriétaire du logiciel StarOffice 5.2, a décidé de rendre son code public, en juin 2000. Très vite naissait le projet OpenOffice, sponsorisé par Sun qui utilisait le code généré par la communauté comme base de sa version commerciale, StarOffice. La cassure intervient début 2010, lorsque Oracle rachète Sun Microsystems. Oracle, c’est le fief de Larry Elison, sixième fortune mondiale selon le magazine Forbes. Et la culture du libre, ce n’est pas vraiment le truc du nouveau patron. Les relations entre les communautés de développement open source et Oracle se dégradent rapidement après le rachat de Sun. Voire même avant : l’auteur principal du système de gestion de base de données MySQL, l’un des plus utilisés sur le Web et appartenant à Sun, lançait dès la fin de 2009 un signal d’alarme sous forme de pétition. Il y demandait instamment qu’Oracle ne soit pas autorisé à racheter MySQL. Ambiance. Puis la société de Larry Elison a lâché purement et simplement le projet OpenSolaris, un système d’exploitation libre que Sun avait initié… Globalement, pour Oracle, on met des moyens à disposition, on travaille sur des projets uniquement si on peut en escompter des revenus directs.C’est dans ces conditions que le 28 septembre, les principaux développeurs d’OpenOffice ont décidé de quitter le giron d’Oracle. Ils en ont donc profité pour créer la Document Foundation, une structure proche de la Mozilla Foundation, celle qui a créé Firefox. Et les partenaires sont nombreux dès le lancement : Google, la Free Software Foundation, Red Hat, Novell, Canonical… à l’exception notable d’IBM.

OpenOffice devient LibreOffice

Invitation a été envoyée immédiatement à Oracle pour rejoindre les rangs des partenaires, ainsi que pour céder le nom historique OpenOffice. Mais voilà, Oracle a immédiatement opposé une fin de non-recevoir aux deux requêtes… Pas d’autres solutions pour la Document Foundation que de garder un nom de produit qui ne devait être à l’origine qu’éphémère : LibreOffice. Et d’assumer que celui-ci ne sera qu’une déclinaison d’OpenOffice (on parle dans le monde du développement de “ fork ”).Espérons que la solution choisie par les fondateurs de la Document Foundation soit la bonne, qu’elle lui permette de pérenniser une suite logicielle robuste que nous aimons.Avoir ce que la Mozilla Foundation est parvenue à réaliser avec Firefox et Thunderbird sans pour autant être dans le giron d’une société cotée en bourse, on ne se fait finalement pas tant de soucis

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Stéphane Viossat