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On a testé Beats Music : un vent d’air frais sur le streaming musical

Spotify et Deezer ont-ils du souci à se faire ? Le service de streaming que vient de lancer la célèbre marque de Dr Dre a fait une entrée fracassante aux Etats-Unis. Et il pourrait bien se faire une place au soleil. Nos impressions.

Quelques heures seulement après son lancement, Beats Music a stoppé provisoirement les inscriptions à son service. La raison ? Des serveurs pris d’assaut par des internautes attirés par une semaine d’essai gratuit. Un démarrage en trombe pour un service qui arrive pourtant bien en retard, dans un paysage déjà encombré non seulement par Spotify, mais aussi Rdio ou Deezer.

Et pourtant, Beats Music parvient à insuffler un brin de fraicheur bienvenue avec son offre, destinée en priorité à être utilisée sur mobiles (Android, iOS et Windows Phone). D’abord parce que son interface tranche littéralement avec celle de ses concurrents, Spotify en tête. C’est fluide, bourré d’animations amusantes, de petites trouvailles ergonomiques. Lancer Beats Music, c’est un peu comme entamer une partie de jeux vidéo ! 

Premier exemple : juste après avoir configuré votre compte, Beats Music vous demande de choisir, via des bulles qui dégringolent et que vous pouvez poussez à loisir, vos trois styles musicaux favoris, puis vos trois groupes préférés issus de ces genres. Et c’est un vrai plaisir que de pouvoir en quelques pressions de doigts indiquer que vous adorez le métal mais haïssez le R&B (ou l’inverse…). Puis de sélectionner vos groupes préférés tout en évacuant ceux que vous détestez complètement ! 

Un gadget ? Pas du tout. Après avoir fait vos choix, l’appli mouline quelques secondes pour vous proposer « Just For You », une rubrique conçue en fonction de cette sélection initiale. Et nous avons été plutôt bluffés par la richesse et la pertinence de la chose : en vingt secondes, nous avons eu accès à des dizaines de playlists plutôt cool, des meilleurs albums rock de 2013 du magazine Rolling Stone à des albums cultes en passant par des listes de lecture « découverte » d’artistes célèbres.

On touche ici à ce qui fait la spécificité de ce service par rapport, par exemple, à Spotify : Beats vous propose de la musique sélectionnée « à la main » par des pros de la « curation » musicale. L’entreprise a recruté pour cela quelques pointures : plusieurs programmateurs radios célèbres, des bloggeurs, des anciens de l’industrie du disque… Ce beau petit monde est épaulé par de nombreux médias, comme Rolling Stone ou Pitchfork, qui proposent également des listes de lectures élaborées par leurs propres équipes. 

Beats, la victoire de l’humain contre les algorithmes ?

« Nous avons tenté de nous souvenir la dernière fois où un robot nous a fait découvrir un truc magique, mais ne sommes parvenus qu’à nous rappeler la dernière fois qu’un robot nous a fait marrer. Genre : « tu aimes Pantera ? Tu devrais aimer Black Sabbath ! » écrit Ian C. Rogers, le patron de Beats, sur son blog. Une pique directement destinée à Spotify : les recommandations y sont en effet automatiques, générées par un algorithme, et donnent parfois lieu à des associations bizarres. 

En privilégiant la sélection « humaine » Beats marque clairement des points sur la concurrence. Mais le service propose aussi, de façon amusante, de vous laisser guider par ses algorithmes. Avec la fonction The Sentence (la phrase), vous lancez une radio en fonction de votre humeur, en complétant une phrase un peu débile, mais rigolote (voir ci-contre). Vous pouvez aussi sélectionner des playlists en fonction de votre activité du moment (courir, flirter, boire…) ou accéder directement à vos curateurs préférés.

Des fonctions similaires à celles de Spotify

Pas de surprise quant au catalogue. Qui est, avec 20 millions de titres, peu ou prou similaire à celui d’un Spotify ou d’un Deezer, avec les mêmes qualités et les mêmes défauts. On peut donc déplorer l’absence de quelques artistes majeurs (comme les Beatles ou AC/DC) et de certains groupes voire labels qui refusent de toute façon de publier leur musique sur toutes les plates-formes de streaming.

Beats Music intègre aussi, comme ses concurrents, un réseau social interne –peu vivace pour le moment- qui permet de s’abonner aux playlists de ses amis et de suivre ses artistes préférés. Il n’y a en revanche pas de messagerie intégrée pour le moment, et la navigation dans les différentes rubriques de l’appli est destabilisante au départ.

En revanche, on adore la fonction « Bibliothèque », ultra-pratique pour les gros collectionneurs de morceaux. Une pièce, un album ou tous les morceaux d’un artiste vos intéressent ? Vous pouvez, d’un tapotement, les placer tous dans votre discothèque virtuelle, qui les trie automatiquement par artistes, albums et chansons. Le mode hors-connexion est également assez original, puisque Beats Music génère automatiquement des listes de lecture à partir des morceaux que vous avez téléchargés -même s’il est bien entendu possible aussi d’aller chercher les albums dans sa bibliothèque. 

Spotify et Deezer ont-ils pris un coup de vieux ?

Avec son interface très « hip » et son contenu de qualité, Beats Music joue la différence et c’est franchement réussi. Reste qu’il s’agit aussi d’un service « premium » à 10 dollars par mois, qui n’existe pas en version gratuite, contrairement aux ténors du secteur. Il lui faudra donc séduire vite et en masse afin de ne pas tomber dans les profondeurs de l’App Store et de Google Play… et d’être oublié. On ne sait encore quand ce service débarquera en France. En attendant, pas de miracle : pour en profiter, il vous faudra télécharger l’appli depuis un Store américain et utiliser un VPN ! 

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Par : Opera

Eric le Bourlout